Chapitre Quarante-neuf - Les souterrains clandestins

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- Oh, ça oui. Mais il n'y a qu'un seul endroit où vous puissiez le faire discrètement.


D'après le jeune homme, la production d'armes était réglementée par la royauté, et contrôlée par les gardes en noirs qui foulaient chaque rue d'Ibo. Obtenir ce permis prenait parfois des mois ; et surtout, les autorités d'Ibo était mis au courant. Ce genre d'informations officielles s'échappaient facilement vers les tribus.

- Pas de panique, reprit-il. Je connais quelqu'un qui exerce en toute illégalité. Personne n'en saura rien !

- C'est rassurant, marmonna Zuri.

Jahia soupira.

- Est-ce qu'on a le choix ?

- Pas vraiment.

Riel leur offrit un sourire carnassier.

Le lendemain, il les guidait à nouveau au milieu des ruelles bondées d'Ibo. Les trois Protecteurs Ewes n'étaient pas dans leur élément et ne cessait de heurter les passants.

- Je n'ai jamais vu autant de monde dans un si petit espace, s'étonna Zuri.

Peyam hocha la tête.

- On est bien loin des étendues désertiques.

- Hé. Suivez-moi de près, ou vous allez vous perdre, grogna Riel en s'efforçant de ralentir le pas.

Ils avaient quitté le logement d'Undiman à l'heure de pointe. En milieu de matinée, quand les feignants sont enfin levés, et que le soleil ne fait pas tout à fait encore bouillir la ville.

- Par là.

Riel avait décrété que c'était le meilleur moment pour se fondre dans la foule et passer inaperçu aux yeux de tous, même ceux des gardes en noir. L'heure du déjeuner approchait, les estomacs gargouillaient et les fronts suaient. Les gardes à l'affut se relâchaient pour ne guetter plus qu'une chose : l'heure de la pause. Ils bifurquèrent sur la droite alors qu'une bonne cinquantaine de personnes étaient réunies autour d'un charmeur de serpent et une conteuse de bonne fortune. Ils s'engouffrèrent entre deux maisons, dans une ruelle si étroite qu'ils devaient avancer en crabe. Sur leur gauche, ils passèrent une porte en métal si petite qu'ils durent se baisser. Ils pénétrèrent une pièce minuscule qui ne servaient probablement qu'à desservir l'escalier de fer rouillé qui descendait dans les entrailles de la terre.

- C'est sous terre que se passe les activités clandestines, entre le premier et le deuxième étage, expliqua le jeune homme.

Les trois Ewes se regardèrent d'un air dubitatif.

L'endroit, sombre et lugubre, ne donnait pas envie de s'aventurer plus loin. Habitués aux horizons pastels et grandes espaces, les jeunes nomades n'étaient pas à l'aise dans les lieux confinés.

- Et... c'est sûr ? S'enquit Jahia.

Un sourire en coin, Riel posa un pied sur la première marche de l'escalier.

- Les souterrains clandestins d'Ibo ne sont jamais sûrs.

Il sortit un paquet d'allumettes de la poche de sa veste et en craqua une, éclairant très modestement la descente obscure.

- Mais vous êtes avec moi. Tous se passera bien.

Peyam haussa les épaules, un peu lassé de ces longueurs.

- Eh bien, qu'est-ce qu'on attend, alors ?

Jahia reconnut à la cassure aigue dans sa voix, que son enthousiasme était partiellement feint.

Coeur Nomade T1 : Le Mystère des Ruines de TeliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant