Chapitre Huit - La grotte

40 9 18
                                    

Les trois amis décidèrent de faire une pause ici même, le temps d'étudier la situation. Ils tentèrent de se mettre à la place des apprentis en danger. S'il y a des années de cela, lors de leurs premières missions, ils s'étaient retrouvés en plein désert, à court d'eau, avec une carte qu'ils croyaient erronée... Comment auraient-ils réagi ?

- Nous ne nous serions surtout pas arrêté, affirma Zuri.

En effet, aussi fatigués auraient-ils été, ils n'auraient pas perdu une minute. Chaque instant supplémentaire, passé dans le désert à s'interroger, auraient menacé leurs vies un peu plus.

Certains auraient choisi de poursuivre le chemin prévu jusqu'au campement, mais c'était une opération risquée. Il restait bien une journée de voyage, et à cette étape de la mission, les jeunes devaient être épuisés et assoiffés. Ils auraient couru le risque de perdre connaissance en chemin ; et tous savaient ce que Suhra faisait des dormeurs des sables.

- La carte indique une grotte pas loin, suggéra Peyam. Peut-être ont-ils pris cette direction, à la recherche d'un peu d'ombre.

Les deux jeunes filles hochèrent la tête.

- Je ne crois pas que nous ayons d'autres pistes, approuva Jahia.

Avant de remonter sur leurs dromadaires, les trois Ewes s'autorisèrent quelques gorgées d'eau, en tâchant de rester économes. Cette mission s'annonçait pleines d'imprévus et il valait mieux rester prudent.

- Oh, j'ai failli oublier ! Remarqua Jahia, alors qu'elle rangeait sa gourde dans son sac à victuaille.

Elle tendit à ses amis un sac remplis de bonbons jaunes pâles. Peyam jubila et s'empressa d'en fourrer deux dans sa bouche. Zuri plongea à son tour sa main dans le sachet, et savoura la sucrerie acidulée en fermant les yeux. Après cette courte trêve, les trois Protecteurs remontèrent leurs dromadaires et partirent au trot vers l'ouest.

La grotte fit son apparition entre deux dunes au bout de trois heures. Des murs de terres granuleux de couleur ocre s'élevaient à une bonne dizaine de mètres au-dessus de la mer de sable ; et à leurs pieds, Jahia pouvait apercevoir son entrée. La jeune fille leva les yeux vers le soleil. Alsham était encore haut, mais il entamerait sa descente bientôt.

- S'ils sont en bonne santé, nous pourrions même être de retour au campement ce soir.

D'un coup de talon, elle fit accélérer Malàk. Tour à tour cachée par les dunes ou des nuages de sables épais déplacés par le vent, la grotte se rapprochait doucement. Les trois Ewes arrivaient au sommet de la dernière dune sur leur passage, lorsque Zuri arrêta soudainement son dromadaire.

- Demi-tour !

Le ton sans appel de leur camarade interpella Peyam et Jahia. Ceux-ci tirèrent sur les rennes, entamant l'arrêt de leur monture. Mais pas assez vite. Tout à coup, Zuri se releva, s'accroupissant agilement sur le dos de son dromadaire, avant de littéralement sauter sur Peyam. Les deux amis tombèrent à la renverse sur le sable. Les trois amis avaient appris à se faire mutuellement confiance sans se questionner. Comprenant l'urgence de la situation, Jahia ne perdit donc pas une seconde pour se jeter à terre à son tour. Suivant Zuri, Jahia et Peyam se laissèrent glisser sur le côté de la dune opposée à la grotte. Jahia siffla entre ses doigts pour rappeler Malàk, qui la rejoignit d'un pas nonchalant, rapidement suivi par les deux autres dromadaires. Jahia prit une seconde pour reprendre son souffle, le cœur battant sous le coup de l'adrénaline.

- Zuri, je sais que tu rêves de moi la nuit, mais voyons ce n'est pas le moment, dit Peyam avec le sourire taquin qui ne le quittait jamais. Nous sommes des professionnels.

Zuri, alors étalée sur son camarade suite à leur chute, s'empressa de se relever en cachant son embarras.

- Qu'est-ce qu'il se passe, Zuri ? Interrogea Jahia en s'époussetant.

- J'ai vu quelqu'un.

Peyam ouvrit des yeux grands comme des soucoupes tandis que Jahia resta bouche bée.

- On les a trouvés ? S'enthousiasma le jeune homme, révélant le doute qui l'occupait auparavant.

Jahia, plus perplexe, attendait l'explication de sa camarade. Zuri secoua la tête.

- J'espère que non... J'ai vu un homme avec un turban. Il était armé. Ce n'était pas un de nos apprentis, j'en suis certaine.

- Des bandits ? Suggéra Peyam en fronçant les sourcils.

- Probablement, répondit Zuri.

- Il faut penser à un moyen de vérifier si les jeunes n'ont pas été capturés, réfléchit Jahia.

Les trois Ewes rampèrent dans le sable pour se hisser au sommet de la dune. Allongés, au ras du sable, ils purent observer la grotte en toute discrétion. Devant l'entrée de la grotte, l'homme qu'avait aperçu Zuri fut rejoint par deux autres. Enroulés dans de grandes robes de couleurs, ils portaient également à leurs ceintures des sabres typiques des bandits des Terres de Shoara. Ces sabres classiques étaient efficaces et courants, donc discrets et faciles à se procurer. Les trois hommes semblèrent discuter un instant puis retournèrent tous dans la grotte.

- C'est le moment, affirma Peyam tout à coup.

- Quoi ?

Peyam se retourna et prit à la va-vite deux sacs du dos de son dromadaire, les jeta sur son épaule, puis passa de l'autre côté de la dune en moins d'une minute.

- Peyam !



***************************************

Salut, toi ! Merci de m'avoir lue ! J'espère que ce chapitre t'a plu. Que cela soit le cas ou pas, n'hésite surtout pas à laisser un petit commentaire pour me dire ce que tu en as pensé ! ça m'aidera à m'améliorer :D

Coeur Nomade T1 : Le Mystère des Ruines de TeliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant