Coeur Nomade T1 : Le Mystère des Ruines de Teli

Chapitre Quarante et un - Rencontre

Quelques minutes plus tard, les trois Protecteurs chevauchaient vers le nord de l'oasis. Peyam encore ébouriffé de sommeil tentait de se donner un air crédible. En descendant la vallée, les Protecteurs bénéficiaient d'une vue plongeante sur le campement qui longeait la rive droite du lac. Jahia remarqua le nombre particulièrement faible de tentes piquées entre les palmiers. Elle pouvait presque les compter toutes.

- C'est moi, ou ils sont vraiment peu ?

- Peut-être n'est-ce qu'une partie de la tribu, suggéra Zuri.

- Ce serait étrange d'abandonner la moitié des siens dans le désert pour se revigorer à un oasis en petit comité, commenta Peyam, dubitatif.

Ils arrivèrent rapidement à destination et descendirent de leur montures à quelques mètres des premières tentes pour finir en marchant. Une quiétude bienheureuse régnait sur le campement Yoruba. De grands enfants jouaient dans l'eau ou avec les animaux, tandis que les autres membres de la tribu vaquaient tranquillement à leurs occupations : cueillette, cuisine, tonte des moutons, dressage de chevaux...Dans une tente à demie ouverte, une femme d'âge mûr semblait instruire un groupe d'enfants. Presque tous les Yorubas étaient couverts de tatouages à l'encore bleue. D'étonnants symboles géométriques couraient sur leurs peaux sombres, de leurs visages jusqu'au bout des orteils.

- Eh, vous deux !

- Peyam !

Un attroupement d'enfants se dispersa sous les cris intimidants du jeune homme. Effrayés, ils coururent pour la plupart rejoindre leurs géniteurs.

- Celle-là, indiqua Peyam en se dirigeant vers une petite fille cachée derrière le pagne de sa mère.

Jahia s'empressa de le devancer. Elle effectua un salut nomade à l'intention de la femme qui la dévisageait avec curiosité.

- Mes excuses... Nous sommes des voyageurs la tribu Ewe. Je crois que...

- Votre gosse a piqué des ... du matériel ! Accusa la voix tonitruante de Peyam.

Il s'accroupit à la hauteur de l'enfant.

- Allez rend-les moi, c'est pas des trucs pour les enfants, dit-il en adoucissant sa voix.

Un petit garçon rejoint le groupe de personne en courant. Il dérapa dans l'herbe pour venir se tenir aux côtés de son amie.

- Ah, voilà le second chenapan !

- Assa, Genet, avez-vous volé ces braves gens ? Se fâcha la mère. Par la bonté de Sama, vous ne faites que des bêtises !

Elle s'adressa ensuite au trois Ewes.

- Je suis désolée, nous n'avons pas souvent de visite des autres tribus. Ces fripons sont curieux, ils ont dû être interpellés par les fumées qui s'élevaient de la colline hier soir. Veuillez les excuser d'avoir troublé votre repos.

Bien sûr, comprit Jahia. Leur feu de la veille les avait fait repérer.

- Montrez-moi ce que vous avez trouvé, dit la mère Yoruba en poussant ses enfants à aller chercher les objets de convoitise.

Quand les petits revinrent avec sept dynamites agglutinées, la mère écarquilla les yeux. Peyam s'empressa de les récupérer.

- Regardez-bien à quoi ça ressemble, les enfants... et si vous en voyez à l'avenir : courez juste dans le sens opposé.

- Pourquoi ? S'enquit la petite fille avec de grands yeux curieux.

- Peyam..., prévint Jahia qui désapprouvait les méthodes pédagogiques de son camarade.