Chapitre 9

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Je me réveille en pleine forme. Nous sommes mardi et j'ai le sourire, pour la première fois depuis trois semaines je me lève à la bonne heure. Je suis en plus de bonne humeur, pour commencer cette journée j'ai mon cours de spécialité grec et puis hier j'ai réussi à avoir un vrai échange avec Alwin, ce qui est un exploit. J'en suis vraiment contente.

Je me demande vraiment ce qui cloche chez moi. Je suis obsédée par le fait d'aider quelqu'un qui ne veut pas de moi et je ne pense pas que ce soit tout à fait normal. J'ai toujours eu l'habitude d'éviter tout le monde et je ne porte pas tant d'intérêt que cela aux personnes que je côtoie tous les jours. C'est comme s'il était un aimant qui ne faisait que m'attirer, comme s'il avait un pouvoir, un sort qui altérait ma capacité à être moi-même.

Assise sur mon lit je masse mon poignet. J'ai dormi dans une mauvaise position, surement avec ma main tordue sous mon corps. Il m'est douloureux, de plus ce n'est pas le bon côté. Il est déjà passé par une double fracture alors il est devenu assez sensible depuis cette blessure.

J'ouvre mes volets et me lève, je sors de ma chambre après avoir fait mon lit. Lorsque j'arrive dans le salon ma mère est déjà levée en train de déjeuner.

- Salut, chuchoté-je joyeusement de ma voix légèrement cassée.

En guise de réponse elle m'adresse un énorme sourire.

- T'as le sourire ce matin ? Quelque chose s'est passé ?

Je hausse les épaules.

- Pas particulièrement, mens-je. J'ai grec ce matin, mais les mardis sont les meilleures journées de la semaine. Ça doit aider. Je commence par grec ! En plus cette fois-ci ce sera la première fois que j'arriverai à l'heure.

J'entends le léger rire de Maman et m'assois en face d'elle pour commencer à manger. Je me dépêche de me préparer pour aller en cours. Comme je viens de le faire remarquer ce serait super que j'arrive enfin à l'heure un mardi. Il ne me faut pas plus de quelques minutes pour être prête à partir. Après avoir dit au revoir je quitte l'appartement.

Dehors, le ciel n'est pas complétement dégagé et le jour pas encore arrivé. Ça ne m'empêche pas d'être bien. Je m'élance dans la rue jusqu'au lycée. Je n'ai aucune idée de l'heure à laquelle j'arrive mais je sais qu'il n'est pas trop tard. Je monte les étages jusqu'à ma salle de cours.

Quand j'y pénètre je vois qu'elle est déserte à l'exception du professeur qui est assis au bureau. Je le salut poliment et vais m'asseoir à une table au deuxième rang, ma place préférée. Je pose mon sac et en sors le livre que monsieur Leroux m'avait prêté. Je l'ai terminé hier soir - peut-être y ai-je passé une petite partie de ma nuit - et j'ai adoré. Il était magique. Je n'ai pas pu m'empêcher de regarder pendant quelques temps la couverture, le cœur serré d'émotions de l'avoir terminé, cette habituelle mélancolie post-lecture lorsque je lis d'excellent livre. Je ne le répéterais jamais assez mais elle est magnifique, les dorures, la texture, les dessins, la calligraphie, tout, sans exception la rend extraordinaire. Cette couverture rend d'ailleurs l'ouvrage d'autant plus enchanteur.

Je me dirige jusqu'au bureau où se trouve mon professeur et lui tends le livre avec le sourire aux lèvres.

- Merci beaucoup de me l'avoir prêté. J'ai terminé ma lecture. Il était génial, je crois que c'est mon livre préféré.

Monsieur Le roux lève la tête des copies qu'il corrigeait en me souriant.

- Je suis ravi qu'il t'a plu alors. La plume de l'auteur est un peu particulière mais ça fait son charme.

- Oui ! C'est ça que j'ai beaucoup aimé, c'est différent de d'habitude mais ça augmente cette dimension magique.

- J'aime beaucoup celui-là mais je pense que l'Odyssée d'Homère restera toujours un de mes préférés.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant