Chapitre 25

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J'ouvre le placard de ma chambre. J'en sors deux plaids que je range dans mon sac. Je prends également une paire de jumelles ainsi qu'une carte des étoiles. Tout ça précieusement rangé au fond de mon sac, je m'occupe de moi. J'enfile de grandes chaussettes bien chaudes, ainsi que le t-shirt, pull et pantalon qui me permettront le plus de ne pas avoir froid. Je prends également des gants et un bonnet. Il fait vraiment froid dehors et il faut bien que j'ai chaud, surtout si je reste quelque temps immobile.

Je pousse la porte de ma chambre, prête à sortir. J'arrive dans le salon et ma mère m'observe. Je m'en veux, c'est la première fois que je vais lui mentir pour quelque chose d'aussi important.

— Tu fais quoi avec ces affaires ?

— Je vais voir Sandra.

— Tu passes la nuit avec elle j'imagine.

— Bien sûr.

— Tu fais très attention, Thémis. Il est vingt-deux heures, c'est très tard pour sortir dehors seule.

Je la rassure alors qu'elle vient m'embrasser et me prendre dans ses bras avant de me laisser partir. Je sais qu'elle me laisse partir uniquement car Sandra est ma seule amie - officiellement - et que c'est la personne dont je suis la plus proche, c'est elle qui a toujours été là à mes côtés quand ça n'allait pas. C'est pour cela qu'elle me laisse y aller, peu importe l'heure, peu importe les conditions.

Je suis donc en train de marcher dans la rue direction chez Alwin. Je récupère mon portable et appelle Sandra. Maintenant je dois faire en sorte qu'elle assure mes arrières. Je déteste ça, mentir à tout le monde autour de moi. J'espère que je ne vais pas la déranger. Je sais que ce soir elle sort avec ce garçon qu'elle a rencontré grâce à son stage. Apparemment ils ont l'air de très bien s'entendre.

Je passe cet appel à mon amie et une fois terminé je me retrouve non loin de chez Alwin. Sandra commence à voir qu'il y a quelque chose qui change de mon côté. Je ne pensais pas que ça se voyait autant. Je n'ai pas l'impression qu'elle m'ait crue lorsque je lui ai raconté mon histoire montée de toute pièce. Je suis enfin devant l'immeuble de mon ami. Je rentre dans le bâtiment qui était ouvert. Rapidement, je monte les escaliers et me retrouve sur le palier d'Alwin.

Je toque à la porte. Il va vraiment me prendre pour une dérangée. Ça sera définitif. J'avais pourtant cette envie irrépressible d'aller voir ce ciel dégagé avec lui. Sûrement que le firmament ne sera pas aussi visible qu'il l'est cette nuit avant quelques mois, le temps que les beaux jours reviennent. C'est l'avantage de l'hiver. Quand le ciel est dégagé c'est un magnifique spectacle. Mais la plupart du temps des nuages nous bloquent la vue sur l'espace.

J'entends le bruit du loquet puis Alwin m'apparaît. Je vois immédiatement sur son visage qu'il était en train de s'assoupir ou qu'il l'était déjà. Je lui souris doucement.

— Salut Griffon.

— Themis, qu'est-ce que tu fais là à cette heure ?

— Il n'y a pas de nuages cette nuit, j'annonce.

Il fronce les sourcils en essayant de comprendre ce que je veux lui dire.

— Ok, vas-y rentre et explique moi la suite.

Il se décale sur le côté et je pénètre dans son appartement. Il referme la porte et baille.

— Désolée. Je t'ai réveillé.

Il hausse les épaules, signe que ça lui importe peu et jette un coup de menton vers la télévision qui est encore allumée qu'il éteint. Il devait sûrement regarder quelque chose et était fatigué.

— Dis moi.

Je tends timidement mon sac sous son nez.

— J'ai pris de quoi aller observer les étoiles. Si tu veux venir avec moi.

Il me dévisage.

— Comment ça ?

— Ce soir le ciel est dégagé. J'ai l'habitude d'aller observer les étoiles avec ma mère. Enfin surtout en été, quand on était à la mer, on allait sur la plage ou dans des petits endroits éloignés de la lumière. Alors j'avais envie d'y aller ce soir. Je ne voulais pas faire ça toute seule.

Il m'observe pendant de longues secondes avant de me répondre, comme s'il se demandait si j'étais sérieuse.

— On doit aller où ?

— Normalement quand je vais voir les étoiles, on sort d'au moins une demie heure de la ville pour éviter la pollution lumineuse. Mais la si on se balade juste dans la rue et qu'on va jusqu'au petit parc ça suffira, le ciel est assez clair.

Il me sourit alors que je termine ma phrase en chuchotant. Je me sens ridicule, il doit sûrement n'en avoir rien à faire. Je viens le réveiller en plein milieu de la nuit pour aller observer les étoiles.

— Tu sais que personne ne vient sonner chez quelqu'un à cette heure-ci pour sortir observer les étoiles ?

— Je sais.

— Ok, je te suis, je viens avec toi.

Je reste bouche bée. Je suis venue lui proposer ceci mais sans vraiment penser au débouché de cette proposition et encore moins au fait qu'il dise oui. À l'intérieur de mon corps c'est une vraie tornade de joie.

— Mais autant sortir de la ville, ajoute-t-il.

— Comment ?

— On va prendre ma voiture.

J'écarquille les yeux. Je ne sais pas s'il est riche mais je suis de plus en plus étonnée.

— Quoi ? Ça te va ? C'est quoi cette tête, Pégase ?

— Oui, c'est parfait. C'est juste... rien.

Il me dévisage puis se retourne et part vers sa chambre.

— Laisse-moi juste m'habiller correctement. Fais comme chez toi.

Je m'assieds dans le canapé en attendant. Après deux petites minutes il ressort habillé dans des habits épais. Il fouille dans un placard de la cuisine et en ressort un paquet de gâteaux. Il me le tend pour que je le range dans le sac. Je ne peux pas empêcher ce sourire qui reste sur mon visage. Je suis vraiment heureuse qu'il ait accepté ma proposition. Je suis restée chez moi aujourd'hui avec un bon livre sous ma couette alors sortir avec lui cette nuit me procure de la joie. Après quelques instants, quand Alwin a terminé de se préparer, nous partons.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant