Cicatrices Lunaires

Chapitre 43

La main d'Alwin se pose délicatement sur le bas de mon dos. Automatiquement je souris. Nous observons les nénuphars éclairés par ces lumières tamisées. Je repère enfin les petits poissons oranges et rouges qui sont toujours ici. Les croassements des grenouilles résonnent comme une douce mélodie. Il fait froid cette nuit. Malgré cela, la magie de cet endroit est conservée. Doucement je laisse tomber ma tête contre l'épaule d'Alwin. Je me sens bien ici avec lui. Je ferme les yeux et respire cet air frais.

— Tu veux rentrer ?

— Non. À moins que tu le veuilles.

Je sens qu'il fait non de sa tête et je rouvre les yeux pour l'observer. J'adore ce cadre. Encore plus avec ce garçon qui est mon copain. Je pourrais passer des journées entières ici. Je me sens en paix. Alwin et moi nous trouvons maintenant face à face. Il attrape ma nuque entre ses mains alors que je pose les miennes sur sa taille. Je me mets sur la pointe des pieds et effleure ses lèvres avant de les capturer.

— Thémis ?

Je sursaute en reconnaissant cette voix et m'éloigne d'Alwin. Je me retourne pour voir Sandra avec un garçon. Je devine immédiatement que c'est Paul.

— Sandra...

Alwin aussi s'est retourné. Je ferme les yeux. C'est un cauchemar. Ce n'est pas possible. Le paradis dans lequel je me trouvais vient de se briser en l'espace de deux secondes. C'était le calme avant la tempête. Ce ne sera pas une simple tempête, ce sera un tsunami. Je le sens.

— T'es avec... lui ? dit-elle avec dégoût. C'est ça que tu me cachais depuis tout ce temps ? T'étais avec ce gars ?

— Je... Sandra...

Elle ne me laisse pas le temps de lui parler. Je me fais couper avant.

— Non ! Je ne veux même pas entendre ce que t'as à me dire. T'as même rien à me dire. Tu vas encore me construire un mensonge ?

— Ce n'est pas...

Je ne termine pas ma phrase. Je suis de nouveau coupée par mon amie qui s'énerve d'autant plus. C'est le début des problèmes. Je sais déjà que ça ne va pas bien se terminer. Sandra est déjà furieuse, je ne vais pas réussir à lui parler.

— Ce n'est pas ce que je crois ? Vous deux êtes en train de vous embrasser et ce n'est pas ce que je crois ? Vous n'êtes pas ensemble et tu ne le connais pas tu vas me dire ?

Je hoche la tête.

— On est ensemble mais laisse moi...

— Ne te moque pas de moi. J'ai été patiente, je t'ai laissé de nombreuses fois l'occasion de t'expliquer par rapport à ton comportement qui changeait, au fait que tu passais bien moins de temps avec moi ! Tu ne m'as jamais donné une explication valable.

— Je sais.

— Tu le sais ? Pourtant pas une seule fois tu n'as essayé de me le dire. Pas une seule fois tu as essayé d'aborder le sujet !

Je ferme les yeux et essaye de ravaler mes larmes.

— Je sais mais je peux tout t'expliquer.

— J'ai pas envie d'entendre tes explications. Qu'est-ce qui me dit que ce ne seront pas des mensonges ?

— Je te dirai tout, je répondrai à toutes tes questions.

— J'en ai plus envie. T'as essayé de me faire croire que ça n'allait pas alors que ce n'était pas le cas. Tu as voulu me faire penser que t'étais si mal que tu voyais ta psy ! C'est impensable d'utiliser ça pour mentir !