Cicatrices Lunaires

Chapitre 1

J'ouvre la petite porte de mon casier et me dépêche de déposer les affaires dont je n'ai plus besoin. Sandra doit sûrement m'attendre désespérément. Je lui ai promis de me dépêcher mais mon professeur de sciences de la vie et de la Terre m'a retenue bien plus longtemps que ce que je pensais, je n'ai pas le niveau moyen de la classe. Je n'ai tout simplement pas la moyenne.

Je suis même la plus nulle. Enfin, si je reprends ses termes assez édulcorés je suis "en difficulté par rapport à l'ensemble de la classe, alors qu'on n'est seulement à la deuxième semaine de l'année".

Mais je ne porte pas les sciences dans mon cœur, c'est malheureux quand on a deux heures obligatoires par semaine, une de SVT et m'autre de sciences physiques. Mon cerveau rejette de lui-même les informations, surtout les quelques chiffres du peu de mathématiques qu'on rencontre. Je baille au moins une fois toutes les deux minutes, mes paupières se ferment toutes seules et je ne comprends plus un mot de ce qui est dit, ni par l'enseignant, ni de ceux écrit sur mes fiches de cours.

Toutes ces matières scientifiques me dépassent, je voudrais bien savoir à quel moment dans notre vie allons-nous utiliser ces milliers de choses au cours de notre vie ? Quand est-ce que j'utiliserai les molécules, l'existence des cyanobactéries ou je ne sais quoi d'autre ? Et puis notre classe est une classe avec uniquement des spécialités toutes tournées vers le secteur littéraire, on fait tous Humanité et Philosophie, Langues et Littératures étrangères, Langues et Cultures de l'Antiquité ou Histoire Géopolitique. En plus on a quelques gens qui ont Arts en spécialités, comme Sandra. Donc personne n'a besoin de suivre les cours d'enseignements scientifiques, cela ne va servir à personne, à aucun moment de notre vie.

Je presse légèrement le pas pour rejoindre mon amie dans la cafétéria. Quand j'arrive elle lève la tête et me sourit, je sais très bien qu'elle va me faire une remarque sur le fait que je ne suis pas rapide, mais cette fois ci ce n'est pas ma faute.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu arrives si tard ?

Je soupire et m'assieds sur la chaise en face d'elle.

- Le prof de SVT m'a retenue. Cela fait seulement deux semaines qu'on est rentrés et il m'a déjà demandé si j'avais du mal à apprendre mes leçons et m'organiser, si je rencontrais des difficultés dans l'apprentissage des leçons. Et tout ça à cause du moment où il m'a demandé de corriger l'activité.

- Le moment où tu as longtemps hésité ?, m'interroge-t-elle.

Je hoche la tête en soufflant. Il a vraiment dû me prendre pour soit quelqu'un qui a un sérieux retard mental ou soit qui n'en a rien à faire de son cours. Quoi que ce ne soit pas totalement faux, je n'en ai pas rien à faire mais ça ne m'intéresse pas. Mais tout de même par respect j'écoute et essaye de rester attentive à son cours. Déjà que personne ne veut vraiment être dans cette salle avec lui un lundi matin à écouter un sujet qui nous désintéresse tous. Et je suis sûre que c'est réciproque pour notre enseignant, il préférerait largement se trouver avec une classe de spécialité SVT qui a envie d'apprendre, ou du moins plus que nous.

Je me remémore le moment où le professeur m'a interrogé. Je n'en rougis rien que d'y repenser. Alors que le prof m'a demandé de corriger une question de l'activité qu'il nous avait donné à faire, j'ai ouvert la bouche comme un poisson mais aucun son n'en est sorti, je n'ai absolument rien compris à ce qu'il se passait dans ces documents et graphiques. Par conséquent je m'étais contenté de commencer des phrases sans donner les réponses.

Et il a été très gentil, il m'a demandé si j'avais compris et quand je lui ai répondu que non il a essayé de m'aider, en vain. Ça n'a rien changé et j'étais toujours incapable de donner une réponse juste et même de parler français.