Chapitre 30

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— La lune est belle ce soir, elle est proche de nous et lumineuse.

Je souris en observant ce beau paysage. Il fait de plus en plus beau et chaud. Je crois bien que nous allons faire ce genre de sorties assez souvent. Du moins ça a l'air bien parti.

— C'est une des raisons pour lesquelles tu m'as proposé de sortir ?

Il rit et hausse les épaules. Je tourne ma tête vers lui et le détaille du regard. Une drôle de sensation me prend aux tripes. Ce n'est pas quelque chose de désagréable, au contraire ça me rend encore plus heureuse.

— À vrai dire je n'en étais pas sûr. C'est juste que dans la journée on pouvait la voir et elle était déjà assez visible. Alors je me suis dit que ce soir allait être encore mieux.

J'ai reçu un message d'Alwin il y a quelques heures. Nous savons très bien qu'il y a une autre raison pour laquelle nous sommes ici, ensemble. Il m'a proposé de recommencer notre observation des toiles mais cette fois-ci en discutant. Il m'a plus ou moins fait comprendre dans ses messages qu'il voulait parler des raisons pour lesquelles il s'est retrouvé derrière les barreaux. Il a dû y penser pendant ces deux dernières semaines. Depuis qu'il était mal suite à quelque chose qui s'était passé au lycée. Il n'a pas encore abordé le sujet. Et je ne sais pas s'il est réellement prêt.

— Les cratères de la lune sont des cicatrices. Et celles-là tout le monde les trouve magnifiques. Personne ne les déteste, chacun les admire.

Je sens le regard de mon ami se poser sur moi.

— J'aime beaucoup cette métaphore. Les tienne de cicatrices tu en penses quoi ?

Je baisse le regard puis lui réponds ironiquement.

— Lesquelles ?

— Les physiques. Celles qui sont un peu réparties sur ta peau.

— Je crois que je les déteste, soufflé-je. J'aimerais les faire disparaître. Ce ne sont que des mauvais souvenirs.

— Tu ne devrais pas.

Je soupire et pose mon manteau.

— Tu veux en juger par toi-même ?

Il ne me donne aucune réponse mais je sais que son silence correspond à son attente. Je me tourne dos à lui. Je sens ses mains se poser sur moi et relever mon t-shirt et mon pull. Doucement il effleure les multiples petites traces blanches qui lacèrent ma peau. Puis il trace la forme d'une d'entre elles qui est bien plus importante. Je me rappelle de la douleur qui m'a transpercée quand je suis tombée sur ces bouts de verre. Un était bien plus conséquent et a laissé une trace de son passage sur ma peau.

— Tu sais ce que j'en pense, Pégase ?

— Dis moi, Griffon.

— Ces cicatrices sont belles. Elles sont aussi magnifiques que celles de la lune. Même encore plus. Ce sont des cicatrices lunaires. Tout comme celles qui sont morales. Elles te représentent mais ne te définissent pas, elles font ta beauté.

Je ferme les yeux et ne peux m'empêcher de sourire. Alwin est en train de devenir quelqu'un d'autre qu'un simple ami à mes yeux. Je n'ai jamais connu d'amourette ou quelque chose qui s'y rapporte plus ou moins. Pourtant j'ai cette forte sensation que c'est ça que je suis en train de vivre. Je crée des sentiments pour lui. Son simple toucher me fait tourner la tête.

— Et ne les retiens pas comme remplies de mauvais souvenirs. Je pense qu'elles sont la preuve de ta force, de ta survie.

Je lui jette un regard rempli de gratitude. Avec douceur il remet mes habits en place et m'aide à enfiler mon manteau.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant