Chapitre 16

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Je trace mon chemin dans les couloirs du lycée. Je viens de terminer ma dernière heure de cours avec M. Leroux. Quand on y réfléchit, je le vois très souvent avec mes six heures de spécialités et trois heures d'option, on arrive tout de même à un total de neuf heures. C'est la même chose pour la philosophie après tout, j'ai HLP et philosophie avec la même prof que je vois donc dix heures par semaine. Pourtant je ne suis pas aussi proche d'elle. Elle est loin d'être désagréable mais elle est bien moins chaleureuse et sympathique que mon professeur de grec.

Les couloirs sont vides, il est maintenant un peu plus de dix-neuf heures et les seules personnes qui sont toujours présentes dans l'établissement sont ceux qui, comme moi, ont eu des options. Et encore, sachant que j'ai discuté avec mon prof, l'intégralité des salles doivent maintenant être vides, tous se sont pressés de rentrer chez eux.

En passant devant la salle d'étude, je remarque une personne encore à l'intérieur. Je m'arrête alors, croyant reconnaître qui s'y trouve. Cette silhouette masculine que je commence à bien connaître se retourne vers moi.

- Salut, dis-je doucement en faisant un léger signe de main.

Alwin me répond en reproduisant mon geste. Je m'approche doucement de lui alors qu'il cherche quelque chose parmi un petit paquet de feuilles.

- T'es encore ici à cette heure-ci ? Tout seul ?

- Oui, de toute façon ce n'est pas comme si on m'attendait chez moi. Au moins ici j'ai de la place pour travailler.

Je hoche la tête et m'appuie sur une table à côté de la sienne.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu fais toujours au lycée ? Ta mère et ton père ne t'attendent pas chez toi ?

Je me raidis en l'entendant mentionner mon géniteur. Non, il ne m'attend pas chez moi et mieux vaut pour ma mère et moi.

- J'avais une heure d'option grec.

Il hausse les épaules et lève la tête vers moi.

- Tu fais spécialité LCA et en plus l'option ?

- Oui, je fais déjà l'option depuis le début du collège alors je n'allais pas arrêter même avec la spé.

- T'es vraiment passionnée alors.

J'acquiesce en hochant délicatement la tête en jouant avec mes mains, timidement. Au-delà de mon intérêt tout particulier que je porte à la mythologie, tout ce qui touche à la culture, littérature et civilisation grecque antique. Je me rappelle que nous avions déjà eu cette conversation il y a quelque temps.

- Ma mère adorait ça, elle m'a transmis sa passion en me racontant des histoires. Et après je m'y suis encore plus intéressée. J'en suis devenue passionnée. Et puis j'ai ça dans mon identité, ce serait dommage de détester tout ça alors que je porte moi-même le prénom d'une déesse.

Les images du passé me reviennent en tête. Je me revois sur ses genoux, la respiration saccadée qui sautait à cause de la peur. J'avais peur de mon père, trop peur. Je tremblais dans ses bras et pour me réconforter elle me caressait les cheveux tout en me contant des mythes. Rapidement, je chasse tous ces souvenirs de mon esprit.

- Thémis, déesse de la justice, de la loi et de l'équité, récite-t-il.

- Tu connais son mythe !

- Non, mais j'ai quand même de la culture. C'est vrai que l'on fait que de la mythologie mais je connais quand même quelques dieux, déesses ainsi que leur signification et ce qu'ils représentent. Leur histoire, ça, c'est autre chose, je ne dois en connaître que certaines, des vieux souvenirs de première.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant