Chapitre 53

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Ma respiration est saccadée mais je ne le montre pas et fais tout pour me contrôler. Je reste devant cette porte. De l'extérieur je dois paraître plus ou moins calme. Mais à l'intérieur de mon corps rien ne va. C'est une tempête d'émotions. Je sens mon ventre et mes poumons qui sont serrés. J'ai cette énorme boule dans la gorge. J'ai le cœur au bord des lèvres. Je suis juste perdue dans mon propre monde, la partie sombre, là où se trouvent tous mes démons.

— Thémis... je peux faire quelque chose ?

Je ferme les yeux et prends une grande inspiration. Je me retourne vers Alwin, il s'approche de moi et me prend dans ses bras. Je me laisse aller à son étreinte. Immédiatement je me sens un peu mieux. Je suis ravie qu'il ait bien voulu venir, sa présence me rassure. Je me sens un peu plus forte.

Heureusement que ma mère a accepté sa présence lors de ce moment. Je suis si déstabilisée. Je me demande comment ça aurait été s'il n'avait pas été là, mon état aurait sûrement été bien pire.

— Merci d'être ici avec moi.

— C'est normal.

La situation doit être vraiment bizarre pour lui, il est impliqué dans une affaire de famille loin d'être joyeuse. De plus George est également venu pour soutenir ma mère, étant également le professeur d'Alwin ce doit être très perturbant pour lui. Pourtant il a l'air de gérer comme un pro.

Des personnes en blouse blanche arrivent enfin. Je ne sais pas si cela ne fait qu'empirer mon stress ou si ça me soulage, j'en avais marre d'attendre devant cette porte derrière laquelle se trouve mon père. Je pose mon regard sur le nom. Dans peu de temps il ne sera plus là, ça y est, on est arrivé à ce jour. Je réprime les émotions qui se déchaînent dans mon corps. Je me rapproche de ma mère et écoute les docteurs.

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Je le revois encore et encore me tirer les cheveux pour me menacer. Je me rappelle de la douleur sur mon crâne. Il attrapait à pleine main ma chevelure puis faisait ce qu'il voulait de moi. Il pouvait me jeter à l'autre bout de la pièce ou juste me faire souffrir. Dans ces moments-là, je devenais sa marionnette, son défouloir. Je souffrais tellement que je ne pouvais pas me battre en retour. Je subissais sa violence.

Je sens une larme couler en voyant l'homme qui a fait de nos vies un enfer. Je reste à une distance raisonnable. L'équipe médicale s'occupe de toutes les machines qui entourent mon père. Je ne fais pas vraiment attention à ce qu'ils nous disent, ma mère leur parle, les écoute. Moi, je suis enfermée dans une bulle. Puis après quelques secondes j'entends un bip bruyant, les médecins appuient sur quelques boutons et le bruit s'arrête.

Mes sentiments sont tous mélangés. Je me sens affreusement perdue. Je suis affreusement en colère comme je suis triste. Je le hais de tout mon cœur mais quelque chose se brise en moi en voyant son corps, privé de toutes ces machines qui lui permettaient de vivre. Je sens ce nœud dans ma gorge, j'ai l'impression qu'à tout moment je vais cracher tout le contenu de mon estomac. J'essaye de contrôler les sensations qui traversent mon corps et s'emparent de mon esprit. Mais je n'y arrive pas. Je regarde mes mains qui tremblent et sens mes yeux se remplir de larmes. Mes yeux restent rivés sur mon géniteur. Ma mère me tire en arrière mais je ne bouge pas, je reste sur place et refuse de bouger.

Je ne sais pas si à ce moment je le déteste encore plus ou non. Je suis furieuse car il a encore ce pouvoir sur moi, sur mes émotions. Je me sens si soulagée qu'il parte enfin, que tout soit fini. Et d'un autre côté, sans que je sache pourquoi je sens cette douleur au creux de mon ventre, comme si j'étais triste, comme si je pleurais la mort de quelqu'un de bien qui ne méritait pas de partir et auquel je tenais. Comment c'est encore possible que je tienne encore à lui ? Ce n'est pas envisageable.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant