Chapitre 49

41 8 0
                                    

[A Sandra : Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé. S'il te plait je veux tout t'expliquer.]

[De Sandra : Y'a personne chez moi jusqu'à ce soir.]

Une fois arrivée chez Sandra, elle referme la porte derrière moi et me laisse rentrer jusqu'à son salon. Son expression est neutre, pas un sourire, une pointe de joie de me voir.

— Ça va ?

J'ai tenté une approche délicate, pour détendre l'atmosphère mais je n'obtiens pas de résultat satisfaisant.

— Oui.

Sa réponse est sèche, sans émotion. Finalement elle soupire avant de rajouter.

— Explique-moi ce que tu voulais m'expliquer. T'es là pour ça après tout.

Elle n'a pas tort. Et je doute que les choses s'arrangeront entre nous tant que nous n'aurons pas eu cette conversation.

— Je suis désolée. Je ne voulais pas que tu l'apprennes comme ça. Je te promets que j'allais te le dire.

Sandra hoche doucement la tête et détourne le regard. Je crois que l'espace d'une milliseconde, je peux apercevoir de la peine dans ses yeux.

— Pourquoi tu me l'as caché ? Tu aurais pu me le dire plus tôt. Ca ne faisait pas que deux semaines que vous sortiez ensemble, ça faisait bien plus.

— Parce que je savais déjà que tu allais mal réagir. Je ne savais pas comment te l'annoncer.

— J'ai mal réagi car c'était la dernière chose à laquelle je m'attendais ! s'exclame-t-elle. J'ai mal réagi car tu m'as caché plus de six mois de ta vie ! Tu m'as exclue de six mois de ta vie alors que je suis censée être ton amie, la personne qui te soutient tout le temps ! Je suis censé être là pour toi. Normalement les relations amoureuses t'en parle avec ton amie, tu la tiens au courant, tu lui dis ce qu'il se passe. Mais non ! Tu m'as juste laissée de côté !

J'entends la douleur dans sa voix qui se tord par moments. Soudain je comprends. Elle a eu cette réaction car je l'ai blessée. Je l'ai écartée de ma vie. Quand elle me parlait de son copain, je restais silencieuse à propos de mon histoire. Je pense qu'elle est plus en colère de ne pas avoir été mise au courant qu'elle est en colère car je sors avec Alwin.

— Tu allais quand même avoir une mauvaise réaction. Je le sais. Ma mère n'a également pas bien réagi quand elle l'a découvert.

— Thémis... Ce gars sort de nulle part, personne ne le connaît, il ne connaît personne et en plus il a fait de la prison.

— Moi je le connais.

— Et si il n'était pas cette personne qu'il prétend être ?

— Il l'est. J'en suis sûre. Je ne peux pas te le prouver. Je le sens c'est tout.

Nos yeux se croisent. Ce n'est pas un simple échange de regard. Elle essaye de savoir si j'en suis vraiment sûre. Je maintiens le contact. Je sais que je n'ai pas tort.

Pour la première fois, je suis prête à m'imposer. Personne ne me convaincra qu'Alwin est quelqu'un de mauvais. Je le connais comme personne d'autre dans tout notre lycée.

— Qu'est-ce qu'il t'as raconté alors ?

— Tout. Il m'a raconté comment il s'est retrouvé dans cette situation.

— Et comment il s'est retrouvé dans cette situation ?

— Ça ne regarde personne. Il m'a confié des choses. Je ne peux pas les répéter.

— On est censées être amies. On se connait depuis qu'on est petites. Tu devrais pouvoir me parler de tout ça sans me cacher des choses.

Je ferme les yeux. Les larmes sont parties pour laisser place à une sorte de colère. Je crois que ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti quelque chose comme ça.

— Ça ne nous concerne pas nous deux, Sandra. Alwin m'a confié son histoire, ses secrets. Je ne peux pas te les répéter comme ça. Si quelqu'un doit savoir tout ça, ce n'est pas à moi de le faire mais à lui.

Sandra ne me comprend pas. Elle ne comprend pas la situation et ça ne me plait pas. Je veux juste qu'elle se mette à ma place. Je suis perdue. D'habitude c'est elle qui prend le temps de me comprendre.

— J'ai besoin que tu me comprennes. Je suis bien comme ça, avec lui et personne ne veut l'entendre. Ma mère et moi nous évitons, toi, tu fais comme si je n'existe pas.

— On s'inquiète pour toi Thémis.

— Vous n'êtes pas à ma place. Ca fait des années que je vis dans ma propre ombre, incapable d'être normale et pour une fois que je me fais un ami, que je suis heureuse avec quelqu'un, que je suis amoureuse il n'y a personne qui ne veut l'entendre.

— C'est blessant aussi de savoir que tu ne me fais pas assez confiance pour me confier tout ça !

Je détourne le regard. Je le sais ça. Mais ça ne va pas que dans un sens.

— Je te fais confiance.

— Alors pourquoi ?

— Je te l'ai déjà dit, regarde comment t'as réagi !

Sandra soupire puis se rapproche de moi.

— Je m'inquiète pour toi. Je ne le connais pas justement. J'ai juste peur qu'il te blesse. Il n'a pas une bonne réputation.

Je l'observe. Ses yeux brillent. Alors c'est ça ? Elle s'inquiète vraiment à ce point ?

— Il a failli se battre avec des gens. Et pas qu'une fois. Il est allé en prison, sûrement pour des problèmes de violence. Mais tu le sais ça non ?

Je détourne le regard. C'est vrai. Mais si elle le connaissait comme moi je le connaissais, son avis ne serait pas pareil.

— Je le sais. J'ai quand même envie de faire confiance à mon instinct. Et même si on s'est disputés, je sais que c'est quelqu'un de bien.

Sandra m'observe puis finalement chuchote du bout des lèvres.

— T'es vraiment heureuse avec lui ?

Je hoche la tête doucement.

— Et ta coupure sur ta joue ? Ça a un rapport avec votre dispute ?

— C'est rien, c'était un accident.

Elle regarde autour d'elle puis repose son regard sur moi.

— Je suis vraiment heureuse avec lui, je rajoute.

— Je te fais confiance, déclare-t-elle. Et alors si t'es bien c'est le principal. Sache juste que s'il te fait du mal je le tuerai de mes propres mains.

On échange un petit sourire puis elle m'enlace. Je la serre contre moi, je blottis mon visage dans son cou.

— Il va falloir que tu me racontes comment vous vous êtes rencontrés et ce qu'il s'est passé.

— Promis.

Soudainement je me sens mieux, je suis soulagée. En réglant les choses avec Sandra, je me libère d'un poids.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant