Chapitre 29

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Je rejoins Alwin qui vient de s'asseoir sur un banc. J'ai juste eu le temps de le voir s'en aller aussi rapidement du lycée en cette fin de journée de cours. Tout de suite j'ai vu que quelque chose allait de travers. Son visage était tendu, il paraissait pressé de fuir le bâtiment.

— Comment ça va ?, dis-je en le rejoignant.

Il hausse les épaules. Ça ne m'a pas l'air d'aller. Alwin me paraît agacé, pas très joyeux. Il me fait de la peine à le voir comme ça, à s'abattre sur son sort. Je m'assois sur le banc avec lui. C'est le même où j'étais quand je n'allais pas bien, en face de ce petit point d'eau entouré de fleurs.

— Tu veux en parler ?

Il secoue la tête tandis que j'hoche la mienne comme signe que je vais me taire. Nous restons silencieux, l'un à côté de l'autre, observant les papillons et abeilles se poser sur les fleurs pour les butiner. Il y a également quelques petits poissons nageant dans l'eau.

— J'ai passé une mauvaise journée.

Je tourne ma tête vers lui et l'observe en silence.

— Y'a eu des trucs qui m'ont projeté dans le passé. Et ce n'était pas forcément super comme journée.

— Je suis désolée pour toi. Je peux faire quelque chose ?

Son regard croise enfin le mien et il m'adresse un regard doux avant de se lever. Il me tend une main que j'attrape pour me lever et me mettre à marcher avec lui.

— On va faire quoi ?

— Juste marcher.

J'opine et ne dis plus rien. Ce calme entre nous est apaisant, il n'y a que quelques bruits de vent, parfois une ou deux voitures qui passent mais rien de plus.

— Merci Themis, chuchote Alwin.

— De quoi ?

— Juste d'être là.

Je ne réponds pas mais pense très fortement que c'est normal d'être là pour lui.

— Pour une fois que tu ne te mets pas à parler sans t'arrêter ça change.

Son ton est taquin, à moitié sérieux mais pas assez pour m'empêcher de pouffer.

— C'est bizarre mais ce n'est pas vraiment comment je suis.

— Ah bon ?

— Oui, je ne sais pas comment expliquer mais d'habitude je ne suis pas comme ça. Je ne parle pas autant c'est même tout l'inverse j'essaye de ne pas parler pour rien. Sandra est la seule avec qui je parle vraiment de tout et n'importe quoi. Ma mère et ma psy aussi.

Je regarde Alwin rapidement d'un léger coup d'œil. Il observe le décor autour de nous.

— Hum. Vraiment ?

— Je te promets. C'est vraiment bizarre, parfois j'ai l'impression d'être deux personnes différentes. En plus je n'aime pas parler pour ne rien dire. Après ce n'est pas comme si j'avais non plus beaucoup de personnes à qui parler. Au lycée je n'adresse la parole à personne. Ce n'est pas contre eux, mais, toutes les personnes qui y sont me paraissent assez immatures, superficielles.

— En somme tu es bien la même personne. Les personnes avec qui tu parles beaucoup sont les personnes avec qui tu es proche. C'est quand t'es à l'aise tu ne penses pas ?

Ce qu'il vient de me dire est vrai. Je me rends compte que c'est exactement ça. Quand je fais confiance je ne me retiens pas de parler.

— Et ce n'est pas moi qui vais te dire d'aller voir les gosses pourris gâtés de notre lycée.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant