Deux ans. Deux ans. Deux ans.
J'ai essayé de ne pas y penser toute la journée d'hier mais intérieurement je comptais chaque heure, chaque minute qui me rapprochait de cette journée. Je redoutais que ça ne se passe pas au mieux. Malgré tout j'avais réussi à positiver, je m'étais auto-convaincu que ça allait être une journée comme les autres. Malheureusement ce n'est pas le cas. Comment pourrait-elle l'être alors que ce n'est pas une journée normale ?
Je frotte mes yeux et reste assise dans mon lit. Je les referme mais je les rouvre immédiatement en voyant l'effet que ça me procure. Pas ces souvenirs. Je refuse de passer ma journée à me remémorer cette soirée de l'enfer. Je me lève de mon lit afin d'ouvrir les volets et ma fenêtre. L'air frais qui me fouette le visage me fait du bien et me réveille. Je rejoins ma mère dans le salon.
- Comment ça va ?
Nous nous regardons en silence pendant quelques secondes avant que je lui souris. Nous savons très bien ce à quoi nous pensons. Le sujet plane dans la pièce.
- Ça va aller. J'imagine.
- Tu es sûre ? Est-ce que tu veux aller en cours ? Personne ne t'en voudra si tu restes ici aujourd'hui.
Je hoche doucement la tête mais je ne changerai pas ma position. Cela ne changera pas la situation.
- Je vais aller en cours. Je commence seulement à neuf heures alors ça ira. Je vais un peu lire. Et puis je ne veux pas rester ici toute la journée à ne rien faire à part remuer des mauvais souvenirs.
Ma mère me sourit, assez satisfaite de ma réponse.
- Et toi ? Tu penses que ça va aller ? je lui demande.
- Je suis sur la même position que toi. On va faire avec.
Nous sommes sur la même longueur d'onde. À la seule différence que de mon côté j'ai de plus en plus l'impression que ça ne va pas être mieux que l'année dernière.
Je me lève et repars dans ma chambre en annonçant à ma maman.
- Je vais aller me plonger dans mon livre, je n'ai pas très faim pour l'instant, je mangerai plus tard.
Elle ne dit pas un mot et se contente d'acquiescer. J'attrape alors ce livre et m'allonge dans mon lit avec. Sauf que je n'arrive pas à distinguer les mots, je ne lis pas. Je revis cette soirée comme il y a un an je la vivais. Décidément ça me poursuivra toute ma vie. Je ferme les yeux tandis que toutes ces affreuses images me submergent, envahissent mon esprit et viennent me hanter :
Je ferme la porte de ma chambre refoulant les larmes. Si je craque, il me tombera dessus et ça ne fera qu'empirer les choses.
- Thémis ! Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi t'as ta porte fermée ?
Sa voix grave et pâteuse qui résonne me terrifie et me paralyse. Pourtant ça a l'effet d'un douche froide sur moi. Les larmes qui avaient commencé à emplir mes yeux repartent immédiatement. Mon cœur est maintenant sur le point de s'échapper de ma poitrine, il est prêt à transpercer ma cage thoracique et s'arrêter. Remarque, au moins si il s'arrêtait tout ça prendrait fin en même temps. Mais cela voudrait dire abandonner ma mère et ça il en est hors de question.
- Thémis ! Réponds ou je défonce cette porte.
Je souffle et relève la tête. Je me décolle de ma porte. Si je stoppais ma vie cela voudrait dire abandonner de me battre, cela voudrait dire foutre en l'air tous les efforts que ma mère a mis à me protéger toutes ces années. Je prends une grande inspiration et ouvre la porte de mon placard de façon à ce qu'elle fasse du bruit.
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Cicatrices Lunaires
RomansaRomance ********* Etant très introvertie, Thémis, se réfugie dans sa passion pour la mythologie et ses livres. Elle ne parle qu'avec une toute petite poignée de gens : Sandra sa meilleure amie, sa mère, son professeur de Grec et Irène sa psychothéra...