Chapitre 22

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Je suis plus reconnaissante que jamais. Alwin vient de me confier une partie de son histoire. Quoi qu'il dira après ça, je sais maintenant qu'il m'apprécie un minimum pour l'avoir fait, il me fait confiance. Et ça me réchauffe encore plus le cœur. Une petite démangeaison étrange vient me déranger dans le ventre, accompagnée d'une douce chaleur.

- Merci. Alwin.

- De quoi ?

- De m'avoir dit tout ça. T'as rien à te reprocher dans cette histoire. Je comprends tes réactions.

- Non tu ne comprends pas. Ça ne t'es pas arrivé tu ne peux pas comprendre.

Je baisse la tête. Il a raison, tout comme Sandra le dit cette expression peut vraiment dire différentes choses en fonction des personnes. Je me lève et m'approche de lui.

- Je sais. Mais d'une certaine façon, même abstraite, je te comprends. Tu devrais expliquer ce qu'il s'est passé ou faire comme si ça n'existait pas. Tout serait plus simple pour toi. Alwin.

- T'es la seule à accepter, l'audace que j'ai eu de tuer ma mère, la rabaisser quand elle n'allait pas bien.

Je regarde nos mais qui ne sont qu'à quelques centimètres l'une de l'autre. Je remue mes doigts de manière à ce qu'il s'accroche aux siens. Il se laisse faire et répond même à mon geste en mêlant nos doigts ensemble.

- On s'en fout des autres. Ils n'ont rien à faire dans ta vie. S'ils te rejettent sans te connaître ce sont des imbéciles et ça je sais qu'ils en sont.

- Tu ferais mieux de t'éloigner de moi, Pégase. Je suis loin d'être stable.

Non. Il ne peut pas recommencer. Je ne m'éloignerai jamais de lui. C'en est hors de question. Je ne peux pas l'abandonner. S'il ne m'a plus il n'y a personne d'autre. Et si je ne l'ai plus je me retrouverai seule, ou du moins il me manquera une partie de mes amis.

- Tu n'es pas dangereux. Je le sais, tu ne me feras pas de mal. Sinon tu l'aurais fait quand je t'ai empêché de te battre.

- Je peux faire du mal à n'importe quel moment si je suis énervé. Je n'ai pas fait de la taule pour rien.

Je plonge mon regard dans le sien. Des dizaines d'émotions s'y mélangent, sa pupille est une vraie énigme. La prison est une autre histoire, un autre détail à régler. Je suis pourtant maintenant sûre qu'après ce qu'il a vécu qu'il n'est pas une mauvaise personne. Jamais il ne ferait volontairement du mal à quelqu'un. Les larmes que j'ai vues en témoignent également.

- Je prends le risque, Griffon. Je ne suis pas du genre à laisser tomber mes proches. Et je te l'ai dit, je me suis déjà trop attachée. C'est égoïste mais ça me ferait trop de mal. Surtout qu'en plus je refuse de te laisser seul contre tous.

- On va faire un deal, Pégase. Tu vas retourner au lycée et moi aussi. Trouve une excuse pour être venue en laissant ton amie. Rien ne s'est passé au lycée, tu ne sais pas de quoi les gens parlent s' ils abordent le sujet.

J'ai envie de refuser, de crier sur tous les toits que je le connais. Mais en même temps je veux garder ça pour moi. Quant à ma réputation si Sandra découvrait que je traîne avec lui, elle me ferai la morale, me traiterait de folle. C'est mon unique problème. Les autres je ne m'en préoccupe pas, ils me considèrent déjà comme une fille bizarre.

- Ça marche. En échange, tu promets de ne plus me fuir et me rejeter ?

- Ça ne changerait rien si je disais non, tu seras toujours là.

Je pouffe en acquiesçant et serre un petit coup sa main qui protège la mienne tel un bouclier. Sans que je me contrôle, mes doigts libres de l'autre côté volent en l'air et s'approchent dangereusement de son visage, je les dirige vers ses cheveux. Dans un geste brusque de recul, il s'écarte de moi et lâche ma main. Il ne me paraît pas énervé, son regard vient me transpercer, ses yeux sont plissés sous ses sourcils froncés, il essaye de lire en moi. Il veut comprendre pourquoi j'ai fait ce geste. Mais même moi n'arrive pas à savoir.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant