Chapitre 10

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J'essaye de garder les yeux ouverts alors que les deux heures d'Italien sont en train de m'achever de cette matinée. J'ai plutôt mal dormi cette nuit, sans raison.

J'observe Alwin depuis ma place. Il est concentré sur le cours et joue avec un stylo. Il détourne finalement son regard du professeur pour regarder par la fenêtre. Il balaie la pièce du regard et pose ses yeux sur moi. Il me dévisage longuement, les yeux légèrement plissés.

Je lui fais un petit sourire rapide et mon visage reprend une expression neutre. Alwin m'adresse un petit mouvement de tête comme pour me saluer. Il commence à accepter ma présence, il y a quelques jours il a ramené le livre dont on parlait avec monsieur Leroux, Electre. Maintenant, je l'ai et j'ai commencé à le lire, mais peu. J'avais une interrogation de philosophie dont les révisions ont monopolisé la plupart de mon temps.

Je finis par me concentrer de nouveau sur le cours et arrête de l'observer. Je comprends pourquoi il ne veut pas que je l'approche si je le regarde comme ça. Si je continue il y a de forts risques pour qu'il me prenne pour une psychopathe et c'est l'une des dernières choses que je veux. Ce serait faire un pas en avant et deux en arrière.

Notre prof continue de nous lire la feuille de vocabulaire à apprendre pour le prochain cours et nous explique le contenu de l'interrogation. J'observe attentivement les mots. Tous ont un rapport avec l'art et le fascisme en Italie dans le passé. C'est assez intéressant mais assez fatiguant à étudier, il a trop de vocabulaire complexe.

Je lève mes yeux vers l'horloge au moment où la sonnerie retentit. J'avais hâte que cela se termine. Non pas que je n'aime pas l'Italien, c'est une matière que j'apprécie même beaucoup mais deux heures d'affilées c'est plutôt dur à suivre, peu de personnes étaient vraiment concentrées à la fin.

Je me lève et rejoins Sandra qui range encore ses affaires et discute avec la fille installée au bureau à côté du sien. Elle m'adresse un sourire discret par politesse que je lui rends. Nous finissons par sortir de la salle.

- Thémis, ça te dérange que l'on aille acheter quelque chose à la supérette à côté puis qu'on mange en dehors du lycée ?

Je me tourne vers mon amie et hausse les épaules, peu m'importe. Aujourd'hui il fait beau et les températures ne sont ni trop élevées ni trop basses alors sortir ne me dérange pas. Ça serait même plutôt agréable de prendre l'air frais.

- Pourquoi pas ? Ça serait même mieux car à cette heure-ci les tables à l'extérieur sont toutes prises.

Elle passe son bras autour de mes épaules et m'attire avec elle. Je souris et rigole légèrement, sa bonne humeur et sa tonicité me feront toujours sourire.

Nous descendons les escaliers et partons à l'extérieur en direction du petit magasin qui se trouve non loin de notre lycée.

- Tu vas manger quoi ?

Elle hausse les épaules et tord ses lèvres dans une mine de réflexion.

- Je vais voir. Je pensais à une salade car en ce moment ma belle-mère ne fait que des plats gras ou je ne sais quoi car elle trouve que je suis trop maigre. Je ne sais même pas d'où sort cette nouvelle lubie.

Je tire une grimace et détaille le corps de mon amie du regard. Je ne vois aucun problème. Elle n'est ni trop grosse ni trop maigre. Son corps est parfaitement équilibré. Et puis si c'était le cas je ne verrai pas le problème, elle peut très bien être comme elle le souhaite.

- Ne l'écoute pas. T'es parfaite.

Elle sourit et me remercie. Nous sortons finalement, Sandra avec son repas à la main. Nous marchons encore quelques minutes pour arriver dans un parc où nous trouvons une table de pique-nique. C'est vraiment pratique, notre lycée se trouve entouré de pleins de petits parcs et espaces verts. Lorsqu'il fait chaud te que nous avons du temps c'est plutôt agréable de se poser dans ces endroits, la tête à l'écart des cours.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant