Chapitre 5

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- Tu veux que je pose quelque chose dans notre casier ?, je demande à Sandra.

- Oui, s'il te plaît ! Tu peux ranger ces cahiers ?

Elle me tend une petite de pile de trois cahiers que j'attrape. Elle me serre rapidement dans ses bras puis part en direction sa salle d'Arts. Je range le tout dans notre casier et quitte le lycée.

Il ne va pas faire jour encore longtemps, nous ne sommes que fin septembre et pourtant la nuit tombe tôt, j'observe la couleur bleue du ciel qui commence à se teinter d'une couleur plus terne.

Hélios arrive à la fin de sa course dans le ciel, il va rejoindre les Hespérides, bientôt Nyx se montrera. Elle est la déesse personnifiée de la nuit, elle est la Nuit, elle est également déesse tout comme Hélios est Soleil et dieu. Nyx est la fille du chaos, la sœur des ténèbres.

Les grecs avaient des idées très pessimistes pour certaines choses. Alors que certaines histoires sont belles et poétiques d'autres peuvent être très sombres et dramatiques.

Je baisse la tête et avance dans la rue. Je remarque la mince et grande silhouette vêtue de noir quelques mètres devant moi. Je reconnais immédiatement cette personne. Alwin.

J'hésite tout d'abord à aller le voir. Je l'ai déjà embêté aujourd'hui, même si ce n'était pas mon but. Je marche légèrement plus vite que lui, ce qui veut dire que je me rapproche petit à petit de lui, il est inévitable. Et j'ai vraiment envie d'aller le voir.

Chaque jour qui passe ma curiosité grandie de plus en plus, j'ai besoin de l'aider, de découvrir qui il est. C'est effrayant car ça ne me ressemble pas le moins du monde. Jamais je ne vais voir des gens par curiosité, jamais je ne veux aller voir quelqu'un que je ne connais pas. Ce n'est pas moi et en même temps c'est tellement moi, je ressens tant d'empathie envers les autres. Tous ces sentiments qui se percutent à l'intérieur de moi sont déstabilisants.

- Si tu pouvais arrêter de me suivre ça serait super.

Je sursaute en sortant de mes pensées, la voix grave d'Alwin vient de me bousculer. Je ne m'étais pas rendue compte que je marchais quasiment à côté de lui. Je tourne la tête vers lui en me pinçant les lèvres et rentrant ma tête entre mes épaules. C'est exactement ce que je ne voulais pas, le froisser, qu'il croit que je force bien trop.

- Tu es devenue muette. Est-ce que tu pourrais me laisser tranquille s'il te plaît ? Et ne pas me suivre jusque chez moi silencieuse à me fixer comme tu le fais. Même si je suis un grand psychopathe et que j'ai fait de la prison tu parais flippante. Tu ressembles presque autant à une dégénérée mentale que moi.

Je détourne le regard et lui sourit timidement.

- Je ne te suis pas, je rentre juste chez moi. Et je n'avais pas prévu de te croiser, ni de te parler. Je ne veux pas t'embêter.

- Je n'arrive pas à te cerner. Tu me parais si...

Il souffle et je sens son regard fixé sur moi. Je relève la tête et le regarde dans les yeux. J'en frissonne, ses pupilles sont si petites et ses iris... le marron qui les remplissent paraît presque noir. Je ne saurais dire si elles sont remplies de haine ou juste totalement vides. C'est terrifiant.

Pourtant je garde mon regard planté dans le sien. Il ouvre la bouche et continue de parler.

- Un jour tu me parais confiante et déterminée et un autre tu vas être totalement timide et très réservée.

Je hausse les épaules, peut-être lui ai-je donné l'impression d'être extravertie mais ce n'est pas du tout le cas. C'est juste que j'ai envie de lui parler et que je suis légèrement moins timide à ses côtés, poussée par mon envie de l'aider.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant