Chapitre 44

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Je sors les couverts et les verres que je pose sur la table à côté des assiettes. L'odeur du pesto a envahi l'appartement d'Alwin. Je me réfugie chez lui en ce moment. Ma mère n'est pas souvent à la maison car elle sort voir Georges. Quant à Sandra, je n'ai pas besoin d'expliquer pourquoi je ne suis pas avec elle. Elle ne va pas vouloir me parler pendant un sacré bout de temps. Je vais devoir lui expliquer tout, quand elle voudra bien m'écouter. Car pour l'instant ce n'est pas gagné. Mais je n'ai plus rien à perdre de son côté.

J'observe mon copain, il ne veut pas que je l'aide à faire à manger. Pour la seule raison qu'il pense que puisque je suis invitée je n'ai rien à faire.

— Je m'invite moi-même par moment.

— Oui mais tu restes invitée.

Il joue sur les mots. Je secoue la tête et reste assise sur ma chaise. Je n'arrive pas à faire autre chose que de détailler son corps. Il n'est pas musclé, il est même tout maigre. Il me convient parfaitement. Je n'ai pas besoin d'un de ces garçons avec un corps de sportif professionnel avec la tête d'un surfeur blond aux yeux bleus.

Contrairement à ce qu'on pourra me dire je sais qu'Alwin est quelqu'un de parfait pour moi. Et je ne parle pas que de son physique mais également de sa personnalité qui colle à la mienne. Personne ne sait comment ça se passe entre nous, par conséquent personne n'a ni le droit de juger, ni les capacités de le faire.

— Raconte moi.

Je fais référence à ce qu'il voulait me dire avant qu'on soit coupé par notre débat sur si je devais l'aider à cuisiner ou non. De ce que je sais, il a encore eu des problèmes avec quelqu'un au lycée.

— Il n'y a rien de spécial à dire. Il vient me provoquer tout seul, je ne vais pas me laisser faire alors que je n'ai rien demandé.

Cela devient de plus en plus fréquent. Ils ont compris qu'il répondait et c'est exactement ce qu'ils cherchent. Si Alwin les ignorait ça irait mieux. Mais je sais qu'il ne le fera pas. Alors à la place j'espère juste que ça ne dérapera pas trop.

— Tu t'es battu avec lui ?

— Non, il y a eu la sonnerie pour les cours et ce débile est parti.

Cette annonce me rassure. Je n'ai aucune envie qu'il se fasse virer, ou qu'il ait des problèmes avec la justice une fois de plus. Je ne veux pas aller le voir derrière les barreaux.

— Tu devrais les laisser tomber, ce ne sont que des...

— Gamins à qui il manque une case, termine-t-il ma phrase. Je sais.

Je n'allais pas dire ça de cette façon mais c'est l'idée.

— Enfin bref, passons.

J'approuve.

— Toujours pas besoin d'aide ?

Il répond négativement. L'odeur est exquise. J'ai hâte de manger.

— En fait tu vas m'aider, passe-moi les assiettes.

J'en attrape une dans un placard et lui passe. Il la remplit et je la repose sur la table. Les pâtes sont mélangées à des tomates, du pesto et du parmesan. Ça m'a l'air d'être délicieux. En vivant tout seul, Alwin a appris à cuisiner. Tout ce que j'ai pu manger chez lui était délicieux.

Je me mets sur la pointe des pieds pour prendre un autre plat. Je laisse s'échapper l'assiette de mes mains. Elle s'écrase sur le sol dans un fracas bruyant. Mes mains se mettent à trembler et terrifiée je relève les yeux vers Alwin. J'ai fait tomber l'assiette. Elle est cassée en plein de morceaux maintenant. Alwin me dévisage et regarde les débris de céramique sur le sol. Je recule doucement en levant mes mains en l'air.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant