Chapitre 20

62 9 4
                                    

Cela fait quelques semaines que Alwin est venu me soutenir sur ce banc quand ça n'allait pas. Cette semaine est la dernière avant les vacances. J'ai hâte de faire cette pause sans cours. Bien évidemment, je ne suis pas impatiente comme tous les autres élèves de ce lycée uniquement à cause de Noël et les fêtes au Nouvel An - où je ne suis jamais allée et où je ne voudrai jamais aller.

Pendant ces dernières semaines, j'ai passé pas mal de temps avec Alwin. Nous nous sommes très régulièrement croisés dans notre petit jardin. Chaque fois qu'on tombait l'un sur l'autre nous nous mettions à discuter. A force nous nous sommes bien rapprochés. Personne n'est au courant et c'est parfait ainsi. J'ai passé autant de temps que d'habitude avec ma meilleure amie et ma mère. Comme ceci aucune des deux ne peut se douter que je me rapproche de ce garçon qu'elles considéreraient comme une menace, quelqu'un de mauvais. Je jette un œil à Sandra qui referme la porte du casier.

- Vous voyez le nouveau, l'ancien taulard ?

En entendant des personnes parler d'Alwin, j'ouvre mes oreilles et essaye d'écouter discrètement leur discussion. Je déteste la manière dont ils parlent de lui. Ces gens n'ont aucun respect, leur ton révèle un dégoût qui n'a pas lieu d'être. Ils ne le connaissent pas, comment peuvent-ils le catégoriser aussi rapidement ?

- Il est en train de se prendre la tête avec un gars, je crois qu'ils vont bientôt se mettre sur la gueule !

Ce sont des imbéciles, leurs rires m'horripilent. Pourquoi cette situation les divertit-elle ? Comment peuvent-ils trouver cela amusant, drôle ? Je me tourne vers mon amie et je la regarde.

- Je viens de me rappeler que je devais aller faire quelque chose. Je reviens plus tard.

Elle n'a pas le temps de me répondre que je suis déjà partie. Il ne faut pas qu'il se batte, encore moins à cause de gamins qui ont du mal à savoir ce qu'il faut faire et ne pas faire. Je dois l'en empêcher. Je sais que malgré la distance qu'il essaye de garder avec moi, je suis celle qui le comprend mieux que quiconque dans notre bahut. Je marche aussi vite que possible dans les couloirs en direction d'un petit groupe de personnes et d'une discussion mouvementée. J'entends des cris, incitant à la baston. Je pousse tout le monde pour me faufiler et atteindre Alwin.

Je le vois enfin. Il est face à un autre garçon, les deux se tiennent par le col. Les regards qu'ils s'échangent n'indique rien de bon. J'enfouis profondément ma peur et les souvenirs face à leur violence et fais un pas vers eux. Je sens très bien les regards de tous ceux autour qui me dévisagent. Peu importe, je ne peux pas laisser la situation déraper.

- Alwin, murmure-je.

Il tourne la tête vers moi et desserre légèrement sa prise sur la personne. Malheureusement le garçon en face de lui s'adresse à Alwin.

- Tu ne sais même pas de quoi je parle. Est-ce qu'au moins tu connais ça ? Ils n'en ont rien à foutre de toi tes parents, je ne me trompe pas hein ?

La mâchoire de mon ami - comment je le considère de mon côté - tremble. Il sert les dents tandis qu'il fixe de nouveau la personne qui l'énerve. Je fais un pas de plus et pose ma main sur son avant bras. Je l'interpelle, la voix basse, sans le brusquer.

- Ça n'en vaut pas la peine. Il n'en vaut pas la peine. Ça ne va rien arranger, crois-moi.

Sous mes doigts je sens ses muscles se relâcher. Après un rapide coup d'œil vers moi, il relâche le gars. Brusquement, me faisant sursauter il attrape les bras de l'imbécile et se dégage de son emprise. Ma main glisse jusqu'à la sienne et je l'éloigne de tout ça. Nous quittons le lycée. Maintenant ce n'est plus moi qui l'entraîne derrière moi mais lui qui me tire dans la rue.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant