Chapitre 36

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Tout est parfait ces derniers temps. Rien n'a jamais été aussi simple. Tout est naturel entre Alwin et moi, encore plus qu'avant. Pas une seule fois je ne me suis posé des questions. Notre relation est idéale à mes yeux. Il est attentionné avec moi, bienveillant. Et je fais tout mon possible pour être pareille. Nous prenons soin l'un de l'autre.

Alwin et moi passons beaucoup de temps ensemble. En ce moment même je suis chez lui, installée sur le canapé à ses côtés.

— Thémis.

Je tourne ma tête vers lui et le questionne du regard. Il m'a l'air préoccupé.

— Ça fait quelque temps que je me pose la question et que ça tourne en boucle dans mon esprit.

— Quoi donc ?

— J'ai envie de revoir ma sœur. Je n'ai aucune idée de ce qu'elle est devenue. Cela fait un peu plus d'un an que je suis parti, enfin qu'on m'a demandé de partir.

Je ne peux pas me mettre à sa place, je n'ai plus de père, ni de frère, ni de sœur. Pourtant je peux essayer de m'imaginer la peine qu'il ressent. Ce doit être dur pour lui. Surtout qu'il est seul. Je suis la seule personne qui est là, à ses côtés. Du moins de ce que je sais.

— Tu veux la contacter ?

— Oui, mais il y a un problème.

Je me tais et attends qu'il continue. Je crois qu'avant je ne l'avais jamais vu aussi perturbé, perdu, tourmenté. Je me doute que la situation dans laquelle il se trouve doit être une torture.

— Mon père ne voulait plus que je reste près de Martha. Il me considère comme un danger pour elle.

— Tu peux quand même essayer. Ça fait un an.

— J'ai tout gâché en l'espace de quelques mois. J'ai poussé ma mère au suicide. Et j'ai fracassé la tête de mon meilleur ami. Je l'ai dévisagé, je ne sais même pas si il va bien. Je ne sais pas si Martha a pu reprendre la natation, si elle réussit, si elle peut accomplir son rêve, si elle va bien, si...

Je lui attrape une main et l'interromps.

— Griffon, tout va bien. Tu peux le savoir tout ça, je t'aiderai à le savoir.

Il ferme les yeux et hoche la tête. Je sens que ses mains tremblent.

— Alwin, je suis là, je te promets qu'on fera tout pour que tu la vois.

— Gaëtan aussi , j'ai envie de le revoir.

Il a tout perdu en si peu de temps. Sa mère, son ami le plus proche, sa sœur, son père. Il est seul.

— C'est plus simple de lui reparler, non ?

— Je l'ai quand même tabassé. Et ça fait plus peur.

J'ai mal pour lui. Le voir dans cet état est difficile. Je m'inquiète.

— Il faut quand même que tu tentes de le faire.

— Et s'il me rejette ?

— On ne pourra pas faire grand chose. Mais ce qui est sûr c'est que tu seras fixé.

Je le regarde alors qu'il reste hésitant, dubitatif. Si seulement je pouvais faire quelque chose pour tout arranger pour lui je le ferai immédiatement. Je déteste le voir comme ça. Alwin est inquiet. Je sens très bien qu'il est mal.

Je me penche vers lui et le regarde avec délicatesse. Il rouvre doucement ses yeux alors que je passe mes mains sur sa nuque. Mes doigts jouent avec les mèches à la naissance de ses cheveux. Un petit soupir passe la barrière de ses lèvres. Il frissonne. Nos regards se croisent et ne se détachent plus. Nous nous perdons dans nos yeux.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant