Chapitre 35

55 8 0
                                    

Installée dans ce fauteuil, un coussin contre moi, comme d'habitude je regarde ma psychologue s'installer devant moi, sur sa chaise. Elle est prête à commencer.

— Alors, Thémis, comment ça s'est passé depuis la semaine dernière ?

Je souris légèrement. Je ne peux pas m'en empêcher. La première chose qui me vient à l'esprit est la sensation de ses doigts passant dans mes longs cheveux alors que j'étais allongée contre lui. Je repense à ses doigts sur mon dos, traçant les petites marques blanches qui recouvrent ma peau. Je ressens ses lèvres contre les miennes. Je peux me revoir dans ses bras, la sensation que cela m'a donné était extraordinaire. Je me sentais sur un petit nuage. Tout allait bien. Tout va toujours bien quand nous sommes tous les deux. Mais encore plus cette fois-ci.

Je me rappelle aussi de mon tatouage. Les lignes qu'il traçait, effleurant ma peau. Son souffle chaud contre ma peau.

— Rien de particulier.

— Tu voudrais me parler de ta mère et de ton professeur ?

— Pas particulièrement. Je n'ai aucun problème avec leur relation. Comme je vous l'ai dit je pense qu'on me ment sur la durée de leur amitié mais encore une fois cela ne me gêne pas.

Irène est au courant. Elle sait pour ma mère car je lui ai raconté. Elle sait toujours tout ce qui peut arriver dans ma vie. Sauf pour Alwin. Mais ce sujet là est un cas à part.

— Tu en as parlé avec elle ?

— Pas du tout.

— Tu n'en as pas envie ? Tu n'oses pas ?

— Je ne veux pas. Ça ne me regarde pas. Et puisque cela ne me dérange pas je n'ai aucune raison de m'immiscer dans leur relation. Ils en sont passés à un stade au-delà de l'amitié.

Je le vois. Elle rentre toujours plus tard, envoie souvent des messages, est de moins en moins là. Je n'ai aucun problème avec ça. Voir qu'elle est de plus en plus souriante me convient parfaitement.

— Ils te l'ont annoncé ?

— Non, mais ce n'est pas difficile à savoir au vu du comportement de ma mère. J'en suis sûre et certaine.

Elle me sourit et hoche la tête. Je m'entends très bien avec elle mais je n'arrive jamais à savoir ce qu'elle peut penser. Comme en ce moment... Son visage affiche une certaine expression inhabituelle mais je ne parviens pas à savoir ce qui peut provoquer ce petit sourire en coin, ce regard perçant.

— En parlant de comportement changeant, tu n'aurais pas quelque chose à me dire ?

Je l'observe en silence mais ne réponds pas. Je ressens de plus en plus le besoin de parler de lui mais je n'ose pas. Pourtant je voudrais bien qu'on m'oriente. Je n'ai aucune idée de la manière dont une relation amoureuse fonctionne. Pourtant je suis en plein dedans.

— Je vois très bien que ces derniers mois tu as évolué Thémis. Je ne sais pas s'il y a une raison à ce changement mais je pense que c'est le cas. Je ne suis que là pour t'aider à aller mieux, je ne juge pas. Tu peux m'en parler et ça ne fera rien d'autre que de m'aider pour t'aider.

— Je...

Je ferme les yeux et me revois dans les bras d'Alwin. Mon cœur s'accélère.

— Je me suis fait un ami.

— C'est super ça alors ! Tu acceptes de nouveau les gens autour de toi, c'est un énorme pas, Thémis.

— On est plus qu'amis. Bien plus qu'amis.

Ma psychologue reste bouche bée et m'observe, en silence. Elle s'attendait à tout sauf ça. J'en ai assez de me cacher, de ne pouvoir en parler à personne. De plus, Irène est soumise au secret professionnel.

Cicatrices LunairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant