Aujourd'huiAndréa
Je suis en salle d'opération. Je suis encore conscient. On ne m'a pas encore anesthésié. Les infirmiers et médecins se meuvent autour de moi pour l'intervention chirurgicale. Et je repense. Je repense à ce que le docteur McRae m'a dit hier.
Il m'a dit que parfois après l'opération, le donneur ressent le désir de rencontrer son receveur. Et je sens cet appel en moi. Pourtant hier encore j'étais certain de mon choix. Celui de ne pas rencontrer la petite. Mais au fond de moi j'aimerais poser un visage sur la représentation que je me fais d'elle dans mon esprit. Comment est-elle ? Brune ou blonde ? A-t-elle de jolies boucles de cheveux ? Est-elle toujours souriante malgré son mal ? Et le fait de savoir qu'elle se trouve en ce moment dans l'autre salle d'opération adjacente à la mienne renforce encore ce besoin de la rencontrer.
Nos interventions se passeront presque au même moment. Dès qu'ils auront prélever mon rein, ils lui grefferont juste après. Ils désirent ne plus perdre une seconde. J'en suis heureux. J'aimerais qu'à mon réveille qu'on me dise qu'elle va bien. Que la greffe a réussi et que son organisme a accepté ce bout de moi.
Je pense aussi à Annabelle. Elle m'attend en ce moment en salle d'attente. Je pense à la prière qu'elle m'a faite faire à mon réveil. Elle m'a demandé de prier avec elle. Bien qu'elle comme moi ne soyons pas vraiment croyants, elle m'a dit qu'il le fallait. Que si un Dieu existait, elle le priait de me protéger car l'acte que j'allais posé était un acte magnifique. Je fus ému par son attention et voulu lui dire que si ce Dieu existait, Il n'aimerait certainement pas qu'on l'implore au dernier moment. Mais la ferveur de ses paroles et ses yeux clos signe de sa concentration m'avaient dissuader de saper ses croyances. Alors je m'étais laissé aller à prier avec elle.
Je pense aussi à mon père. Cet homme bon qui est mon pilier. Mon roc. Cet homme sans qui je ne serai pas qui je suis. Je pense à lui et m'en veux de ne l'avoir pas informé de cet acte. Je sais que tout peux arriver. Je pourrais ne plus me relever de cette table. Je pourrais fermer les yeux pour toujours. Pourtant je n'ai pas pris la peine de lui dire combien je l'aime et combien il compte pour moi. Mais j'espère simplement que je reviendrai. Que j'aurais cette grâce de le voir encore.
Je crois que mon être tout entier commence à comprendre l'ampleur de ce que je fais. Je revois défilé dans ma tête tout le film de ma vie. Mon enfance, mon adolescence, Je repense à mon exil au Cameroun et je pense à elle.
Myris.
Je pense à combien je l'ai aimé. Je pense à combien on s'est aimé. Je pense à nos promesses. À son sourire, son rire et je suis surpris de me sentir sourire. Si je devais ne plus me lever, Je préfère partir avec cette image d'elle. Celle de notre joie, notre amour. Et aussi je préfère me dire la vérité à moi même. Si je me mens à moi même à qui dirai-je la vérité ?
- Je t'aime Myris. Je me murmure à moi même. Je t'aimerai toujours. Que ce soit ici où dans une autre vie. Mon âme t'appartiendra toujours. Qu'importe où tu es, qu'importe qui tu aimes désormais, qu'importe si tu m'as oublié. Ce que je souhaite et désir c'est ton bonheur mon amour même si pour cela tu dois le vivre loin de moi.
Je ferme les yeux et je suis en paix. Je suis prêt. Et à cet instant entre le chirurgien et une nouvelle équipe d'assistance. Il me salut et me demande comment je vais.
- Bien . Je réponds simplement en souriant.
- C'est bon à savoir. Nous allons vous faire une anesthésie générale. Alors detendez vous et pensez à une chose qui vous apaise.
Et je pense au sourire de la petite mendiante. C'est comme un rayon de soleil son sourire et je la ressens cette paix. Je suis apaisé et l'anesthésie que l'on m'a injectée commence à faire effet. Je sens mes paupières s'alourdir. Je m'endors en associant au sourire de la mendiante celle de l'amour de ma vie. Myris.
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Si J'avais Osé
RomanceHier, Andréa , un jeune grec avait 20ns et était tombé amoureux pour la première fois. L'amour, il n'y croyait plus, ayant grandi avec une mère qui ne lui a jamais témoigné que mépris et indifférence. Un soir, Un soir d'exil pas comme les autres...