Chapitre 40: Soupçons

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Aujourd'hui

Andréa.



- Myris ?

J'entends cette voix dans mon dos et me retourne vivement.

Que fait-il ici ?

Myris se détache de moi et la chaleur de son corps contre le mien me quitte. Elle regarde dans la même direction que mes yeux ont suivi il y a un instant avant elle.  Je me suis retourné le premier quand j'ai entendu qu'on l'appelait. Et vivement je suis revenu vers elle.  Vers son visage. Je voulais lire sur sur celui-ci sa réaction, l'effet qu'il avait sur elle.  Et mon coeur s'est fissuré quand il a vu le sourire qu'elle a eu pour lui.  Un sourire qu'elle n'a pas eu pour moi quand on s'est vu tout à l'heure.  Mais ce qui me broie encore plus c'est quand j'entends ma fille crier de joie en le voyant lui aussi.

- Tonton Lé !

Elle l'appelle avec joie en se tortillant pour que je la fasse descendre.  Malgré moi,  malgré cette jalousie atroce qui me griffe le coeur,  Je la laisse quitter mes bras et courir vers cet homme qui m'a volé ma famille,  la femme de ma vie et ma fille. 

Je le regarde prendre mon enfant dans ses bras et j'ai envie d'aller la lui arracher et lui dire de ne plus jamais poser ses mains sur elle.  Mais je reste là.  Impuissant devant la scène qui se joue devant mes yeux.  Il fait des chatouilles à ma vie et elle a ce doux rire que je ne lui connaissais pas.  Et je me rends compte qu'il y a beaucoup de chose que j'ai manqué dans sa vie.  Tellement de choses que je me demande si je réussirai à rattraper le temps perdu.  Pendant que je vivais ma vie de mon côté,  mon enfant quelque part se trouvait un père de substitution.  Un père de substitution certes mais qui a occupé dans sa vie plus de place que moi.  À ces pensées, je me sens mourir de remords. 

Mes pensées sont interrompues quand je vois ma Myris s'éloigner de moi elle aussi et aller faire une bise à cet homme.  Je ferme les yeux pour faire disparaître cette image de ma tête mais je sais que ça ne sert à rien.  Mon subconscient l'a déjà enregistré et je sais qu'elle me torturera toute cette nuit et celles à venir.  Elle a posé ses lèvres sur sa joue.  Les a-t-elle déjà posé ailleurs ?  Sur ses lèvres par exemple ?  Je me pose cette question,  rongé par la jalousie.  Myris est à moi.  Myris est ma Myris et celle de personne d'autres.  Et rien qu'à l'idée de penser qu'elle a pu appartenir à un autre homme,  à cet homme en occurrence j'en suis malade.

- Que fait-il ici ?

Je reporte mes yeux sur cet imbécile qui demande des comptes à ma Myris.  Pour qui se prend-il ? 

- C'est plutôt à moi de vous demander ce que vous fichez ici ?  Je tonne de ma voix chargée de colère et de jalousie.

Myris nous regarde tour à tour stupéfaite.  De même que notre fille qui ne comprend rien au soudain changement d'atmosphère. 

Prenant Esi des bras de cet homme,  Myris la fait descendre et lui demande d'aller retrouver mamie et lui dire de lui donner quelque chose à manger.  La petite acquiesce et s'en va non sans nous jeter un ultime regard à la fois inquiet et interrogatif.

Au fois seuls,  cet homme et moi,  nous nous regardons comme des gladiateurs dans une arène près à livrer un duel à l'issue duquel Myris serait le trophée du gagnant. Et avant que mes pensées ne trouvent une autre comparaison pour décrire l'ambiance dans cette chambre,  Myris nous demande:

- Vous me faites quoi là ? Une crise de jalousie ?  Dans ma maison ? Et devant ma fille en plus ?

Je ne réponds rien.  Serrant la mâchoire de peur de laisser un mot de trop dépasser la barrière de mes lèvres.  Je fulmine de voir qu'elle ne prend pas mon parti. 

Si J'avais Osé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant