𝓣éo n'en pouvait plus ; elle était épuisée ! Déjà deux heures qu'elle essayait de comprendre comment on tenait correctement une épée. Heureusement que Wuly était quelqu'un de serviable...
Malheureusement, malgré ce grand pas, elle était encore trop lente et incapable de prévoir les mouvements de son adversaire. Elle qui se pensait rapide (enfin, par rapport aux Merveilleux), elle s'était rendue compte qu'elle ne faisait pas le poids face au plus mauvais des Apprentis. Louisiam — l'Apprenti en question, un bélier ayant pas mal d'acné – l'avait « tué » une bonne vingtaine de fois.
Elle avait senti le regard de Fennec sur elle durant la plupart du temps. Elle avait même surprit son exaspération se peindre sur son visage face à son incapacité à se battre. Elle avait alors comprit qu'elle était actuellement la plus mauvaise de tous les Apprentis que les Espions avaient jamais eu.
Et cela la désolait plus qu'autre chose, elle qui voulait toujours être la meilleure.
Elle se sentit (encore) rosir en apercevant les regards de ses camarades pendant qu'elle rangeait son arme de bois. Elle s'en voulut, de réagir ainsi, mais elle avait honte de constater qu'elle était vraiment une bourgeuse incapable.
— Tu verras, tu t'amélioras, déclara une voix derrière elle.
Téo se retourna, et se trouva face à Emyria. La jeune fille l'observait de ses beaux yeux verts, avec un petit sourire encourageant. Quelques mèches chocolat s'étaient échappées de son chignon, ses joues avait pris une couleur rouge après l'effort de l'entraînement, dissimulant une partie de sa fascinante tache de vin. Elle ne dégageait aucune animosité. Téo lui aurait facilement donné seize ans, et non quatorze.
— Vraiment ? marmotta Téo.
Emyria acquiesça, et ria doucement, avec gentillesse.
— C'était ton premier entraînement. À quoi est-ce que tu t'attendais ? À pouvoir tous nous battre en un coup ? Tu viens des Merveilles ; on vous a apprit à bien vous tenir. Ici, on vient tous d'orphelinats moins prestigieux : on utilisait nos poings avant même de savoir parler. On trempait déjà dans le bain, petits, contrairement à toi. Pas étonnant que tu ne t'en sortes pas, pour l'instant. À mon avis, tu vas devoir travailler deux fois plus pour pouvoir t'améliorer. Tu sais ce que me dit souvent Fennec — c'est aussi mon Mentor personnel, si tu ne le savais pas — hum ?
— Non point.
— Que les lacunes peuvent être simulées, mais pas les savoirs. Pour l'instant, tes lacunes sont réelles. Chez les Espions, celles-ci doivent être fausses. Tu vois ce que je veux dire ?
— Oui.
— Étoile ! s'exclama Emyria en joignant les mains, perd pas espoir, surtout.
— Merci beaucoup.
Téo lui sourit, reconnaissante. Les quelques paroles d'Emyria venaient de la rassurer. Elle pouvait encore être le meilleure. Elle devait se battre pour cela. Et elle allait le faire.
Emyria la salua, avant de s'éloigner pour rejoindre Beryna, Domeron et Louisiam — tous des Apprentis âgés —, qui l'avaient dévisagé au loin. Téo, quant à elle, rêvait de pouvoir dormir. Elle s'apprêtait à suivre les Apprentis hors de la salle, lorsqu'on la héla.
— Eh, toi ! Viens ici, tu dois exécuter ta punition !
Téo s'arrêta en plein élan, et pivota sans retenir un soupir vers Lièvre, qui croisait les bras, ses grains de beauté tressautant sur sa joue tant il était contrarié. Elle avait oublié la punition qu'elle avait écopé il y avait quelques heures. Quelle idée avait-elle eu d'arriver en retard ! La prochaine fois, elle tenterait de se présenter au moins dix minutes avant le début de l'entraînement.
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L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]
Fantasy« Ils sont quatre. Certains ne se connaissent pas. Et pourtant, les fils de leur vie sont indéniablement noués entre eux. Jillan souhaite l'égalité de tous. Meilleur Espion de sa confrérie, ancien Apprenti d'une sénatrice, il reste cependant...