– 𝓡egarde, j'écris mon prénom ! s'exclama Milho.
– C'est très bien, répondit Anelsem sans lui jeter un coup d'œil.
– M'sieur Kan dit que, quand je saurai écrire, je vais pouvoir envoyer une lettre à lui.
– C'est très bien.
Anelsem sortit de sa poche sa montre. Il lui avait fallut un semestre de salaire pour pouvoir se l'acheter, mais il n'en était pas peu fier. Peu de personnes possédaient une montre — beaucoup se contentaient des heures sonnées par les temples — mais Anelsem avait besoin de connaître l'heure exacte. D'où cette montre qu'il chérissait tant — surtout vu au prix faramineux auquel il l'avait obtenu.
Il soupira en maudissant Phenon de tous les noms. Cela faisait au moins quinze minutes qu'il aurait dû repasser par ici, et le débarrasser de son fils.
Anelsem n'avait rien contre Milho – c'était le genre de gamin attachant, pas trop colérique – mais il était très, très collant. Et il détestait cela. Mais bon, il n'était qu'un simple secrétaire, et Phenon était Garde ; il ne pouvait donc pas se débarrasser de Milho ainsi.
Ou il aurait bien trop de problèmes pour pouvoir les compter sur ses deux mains.
– Ah ! Milho, tu es là ! Combien de fois t'ai donc dit de ne pas déranger M. Anelsem ?
À la mention de son prénom, Anelsem releva la tête vers son interlocutrice, même s'il l'avait déjà reconnu à la voix.
– Maty ! s'écria Milho en délaissant crayon et papier pour se jeter dans les bras de sa mère.
Cherlyn Veleress défronça légèrement les sourcils, posa une main délicate sur la tête de Milho. Anelsem n'était pas certain d'avoir déjà vu la chef des Détailleuses sourire. Il se demandait bien ce qu'avait pu lui trouver Phenon, pour qu'ils se marient à dix-huit ans à peine, et aient un gamin aussi collant que Milho moins d'un an plus tard.
Et le pire, c'était qu'ils allaient en avoir un second ! Anelsem était loin d'être dupe ; le visage désormais tout rond et le dernier bouton ouvert de l'uniforme de Cherlyn Veleress ne le trompaient pas.
– J'espère que mon fils ne vous a pas trop dérangé, M. Anelsem, déclara-t-elle en relevant la tête vers lui.
– Mais non voyons, Milho est un garçon si adorable.
Il lui offrit un sourire hypocrite qui, il le savait, passait inaperçu.
– Avez-vous vu Phenon ? questionna-t-elle en écartant légèrement son fils d'elle.
– Il m'a dit qu'il accompagnait deux visiteurs vers la sortie, mais il s'est dirigé à l'opposé. Comme je ne savais pas ce qu'il voulait faire, je ne lui ai pas demandé où il se dirigeait.
Cherlyn, par contre, sembla en connaître la réponse, au froncement de ses sourcils. Elle s'accroupit devant Milho, avant de lui glisser quelques mots au creux de l'oreille.
– Je vous laisse mon fils encore pendant un petit quart d'heure, M. Anelsem. Je crois savoir où se trouve Phenon, et si je n'ai pas tord, ce n'est pas un endroit pour les enfants.
Anelsem retint un nouveau soupir, tandis que Cherlyn s'éloignait, et que Milho reprenait maladroitement son crayon pour écrire. Il se dit que la journée ne pouvait plus empirer.
Il avait tord.
Une vingtaine de minutes plus tard, plusieurs Garde accoururent, l'air paniqué, dans tous les sens. La plupart semblait suivre la direction empruntée par Cherlyn. Curieux qu'on fasse un tel boucan, Anelsem envisagea de les suivre, même s'il n'était qu'un simple secrétaire humain. Puis il se souvint de Milho.
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L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]
Fantasy« Ils sont quatre. Certains ne se connaissent pas. Et pourtant, les fils de leur vie sont indéniablement noués entre eux. Jillan souhaite l'égalité de tous. Meilleur Espion de sa confrérie, ancien Apprenti d'une sénatrice, il reste cependant...