Selon diverses prédictions des béliers, l'Astriale – de la Lunae au Jowel – risquerait d'être recouverte de neige, et de subir de nombreuses tempêtes en ce Capriner 1424. Nous vous conseillons en conséquence de rester à l'abri chez vous, et d'éviter si possible de longs voyages.
Prévisions météorologiques des béliers de l'École Supérieure de Météorologie Astrilaise (ESMA) dans le journal Cercle Douze, 1er Capriner 1424.𝓢ynolab soupira, et ratura une ligne de chiffres. Ce n'était pas un travail bien compliqué, car il n'avait à corriger qu'une ou deux erreurs de temps en temps, mais ses yeux n'en pouvaient plus. Il frotta ces derniers, fronça les sourcils.
Il se redressa sur sa chaise, étira ses longues jambes. Sa main plongea dans le petit bol qu'il avait prit avec lui, s'emparant d'une friandise qu'il avait confectionné plus tôt pour la laisser fondre sur sa langue. Puis il bondit sur ses pieds avant de marcher un peu dans sa chambre. Dès qu'il fermait les paupières, des chiffres dansaient des pas qui lui étaient inconnus dans tous les sens.
Il fallait qu'il remplace ces images de chiffres, où il allait finir par se crever les yeux volontairement.
Son regard s'égara dans sa chambre. En effet, comme lui avait dit Bena il y avait (déjà !) un mois, elle n'avait touché à aucune des affaires qu'il avait laissé là. Avec un sourire en coin, il se dirigea vers sa commode, où une multitude d'objets n'ayant aucun rapport les uns avec les autres étaient exposés.
C'était son péché mignon, avec le kaffeh : Synolab ne pouvait s'empêcher de collectionner des objets en tout genre.
Et ce n'était même pas de sa faute.
Pour une fois.
Petit, il avait observé sa mère, Orienne Enwel, faire de même. Toutefois, elle était bien pire que lui : en plus de collectionner des objets incongrus comme un bout de tuile brisée ou encore le manche d'un balais (bon, il fallait reconnaître que ce dernier était bien utile pour frapper les voyous), elle gardait tout. Absolument tout. Elle ne jetait rien, jamais.
Si bien que lorsqu'elle avait été assassinée (il en faisait encore des cauchemars), Synolab avait récupéré pas mal de ces objets pour sa collection personnelle, qui ne cessait de grandir. Ici, à Amrynen, il avait déjà une bonne partie de ses objets, mais une autre se trouvait chez son père. Cette manie à tout garder restait mystérieuse pour celui-là, d'ailleurs.
Mais le pire était que le frère aîné de Synolab, Peryl, avait cette même manie avant de mourir (également assassiné. Par la même personne que leur mère. Synolab tenait à préciser qu'il les avait vengés). En conséquence, il avait également récupéré les objets de la collection — plus raisonnable — de son frère.
Synolab attrapa le médaillon accroché à la branche d'un chandelier dont il manquait un bras. Voilà un parfait exemple de ce qu'il avançait. Le chandelier avait appartenu à Peryl, le médaillon, à leur mère.
Il pressa le bouton sur le côté du bijou, qui s'ouvrit en deux. À l'intérieur, se trouvait un portrait de sa mère avec Peryl et lui, quand lui-même devait avoir tout au plus six ou sept ans.
Sa mère et son frère avaient exactement les mêmes iris vert foncé – contrairement à lui qui avait hérité des yeux noirs de son père. Pourtant, sur le petit portrait, il ne faisait aucun doute qu'ils étaient de la même famille avec leurs mèches châtaines (ou couleur de feuilles mortes, comme aimait le dire sa mère), et leur peau légèrement doré à cause du soleil de Solyn. Synolab sourit en songeant que, à cette époque où il paraissait si minuscule dans les bras de sa mère, personne n'aurait pensé qu'il aurait terminé par faire presque une tête de plus que Peryl, qui était déjà sacrément grand.
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L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]
Fantasy« Ils sont quatre. Certains ne se connaissent pas. Et pourtant, les fils de leur vie sont indéniablement noués entre eux. Jillan souhaite l'égalité de tous. Meilleur Espion de sa confrérie, ancien Apprenti d'une sénatrice, il reste cependant...