L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]

Chapitre 15.II

  𝓢ynolab siffla d'admiration devant la salle qui lui faisait face.

  — C'est peut-être joli, mais crois-moi, ces sièges sont bien moins confortables qu'ils en on l'air, grogna Bena.

  – Rien n'est assez assez confortable pour ton derrière, j'ai l'impression.

  – Boulet.

  Bena grogna une insulte en plus pour la forme, avant d'aller s'installer sur l'un desdits sièges inconfortables, ce qui amusa Synolab.

  Tous deux étaient particulièrement en avance – Bena avait tenu à partir une demi-heure plus tôt que ce que Synolab avait prévu – si bien qu'ils étaient seuls dans la grande salle du conseil d'Amrynen.

  Synolab n'était jamais venu ici. Il s'était déjà rendu à la mairie, évidemment, lorsqu'il avait dû déclarer qu'il vivait chez Bena, et qu'il travaillait entre-autre pour elle. Cependant, il n'avait vu que l'entrée de la mairie.

  Pas la salle du conseil.

  À première vue, celle-ci ne semblait pas riche, avec ce sol de grès – on extrayait énormément de grès, en Solyn. Toutefois, l'immense tapis du Danauch déroulé contrait cette impression. Partout où il portait son regard, Synolab voyait de la riche marchandise issue de pays de l'Upsylone entier.

  Outre le tapis du Danauch, on pouvait remarquer que les rideaux étaient fait de soie de la Myrtille – autre pays du Continent, réputé pour ses tisseurs d'exceptions –, que le bois de la grande table semblait issu des grands conifères des Îles de Glace, que les tableaux accrochés aux murs d'apparence basique représentaient des scènes de chasse de l'Imaa-Hoch, et que les statuettes disposées au centre de la table étaient du Sethrek. Sans oublier la quantité phénoménale d'autres objets hétéroclites exposée aux quatre coins de la pièce.

  – C'est impressionnant, fit remarquer Synolab.

  Il restait planté à l'entrée de la salle du conseil pour admirer les richesses accumulées. Le bout de ses doigts le démangeaient ; il n'était pas Voleur, mais il aurait adoré pouvoir rapporter un bout de tissu myrtilais pour le rajouter à sa collection personnelle.

  – Si tu le dis. Moi, je suis habituée à cette démonstration de pouvoir, depuis le temps que je siège. Mais je dois reconnaître que c'est très divertissant d'observer un boulet tel que toi être émerveillé ainsi, déclara Bena en bougeant sur sa chaise pour se mettre plus à l'aise.

  Synolab fronça les sourcils ; il détestait quand Bena le déchiffrait ainsi, certainement par qu'elle était la seule, avec Lily, à en être capable. Pour tout le monde, il n'était que statut de cire (sauf qu'à la différence d'une statue de cire, il ne fondait pas au soleil), à part quand il montrait volontairement ses émotions.

Et ces émotions se résumaient à l'ironie, le sarcasme, la cruauté, le mépris, le sadisme, la méchanceté. Maigre palette, il le reconnaissait.

  Il haussa les épaules, désinvolte.

  – Au moins, il y a encore des choses qui m'émerveillent. Tu devrais voyager un peu plus ; à rester à Amrynen, tu vas terminer par t'ancrer dans ton siège inconfortable comme un coquillage qui s'accroche à son rocher, déclara-t-il en prenant place aux côtés de Bena.

  – Tu m'énerves déjà. Jamais je n'aurais dû soutenir ta candidature au siège de la défense. Au moins, Cardenas n'avait aucune répartie.

  Avec un sourire, Synolab étendit ses longues jambes sous la table, après s'être installé près de Bena. Comme le lui avait dit Morlann Heralt, lors de la petite fête donnée par Maleo Grynsgram, Cardenas, qui tenait jusque là le siège de la défense du conseil d'Amrynen, avait été démis de ses fonctions.