Ainsi, je tenais sincèrement à vous remercier pour tous les livres que vous nous avez généreusement envoyé, et qui vont remplacer ceux perdus lors de l'incendie de cet été. Grâce à vous, nos étudiants de l'Académie des Opales pourrons continuer à se cultiver et à se divertir.
Lettre de Leola Bélier adressée à l'Érudit Menep, an 1362.𝓣éo plissa les yeux en entrant dans la bibliothèque, surprise qu'il y fasse si sombre. Toutes les autres pièces, ainsi que les couloirs, étaient éclairés par des chandeliers, le soir. Ici, elle n'apercevait qu'une faible lueur, dans les tréfonds de la salle. Toute lumière semblait avoir disparue.
De ce qu'elle apercevait, les étagères étaient à hauteur d'adulte, et rengorgeaient de livres. Ce n'était certainement pas la plus belle bibliothèque qu'elle avait eu occasion de voir, mais Téo était persuadée qu'elle y trouverait son bonheur. Néanmoins, elle penserait à prendre une chandelle la prochaine fois qu'elle viendrait ici, parce que se déplacer dans une quasi obscurité avec sa maladresse légendaire, ce n'était pas vraiment une excellente idée.
Bien qu'elle ne se trouvait pas dans un temple, elle considérait cet endroit comme un lieu sacré, où le silence était roi. Tout doucement, elle glissa dans les rayons, tel un esprit, ses yeux brillant de bonheur. Passant les doigts sur le dos des ouvrages, elle aurait bien aimé parvenir à en lire les titres.
Elle se rapprochait lentement de la source de lumière. À aucun moment, elle ne s'était demandée d'où elle provenait. Ce fut peut-être pour cette raison qu'elle s'immobilisa soudain, le cœur battant à tout rompre, lorsqu'elle entendit le bruit caractéristique d'une page que l'on tourne, suivit de peu d'un grognement.
Téo n'était pas peureuse, mais elle croyait en des monstres semblables aux Tenebris — ces créatures de mort, au service du Faucheur. Son esprit s'empressait déjà de lui montrer une série de monstres de bibliothèque plus affreux les uns que les autres. Elle mâchouilla l'intérieur de sa joue, tout en se réprimandant ; elle n'était plus un bébé, et ce ne devait certainement pas être un monstre.
Elle déglutit, avant de se remettre à glisser le plus discrètement possible sur le sol de pierre. Elle finit par reconnaître la lueur produite par une bougie. Cachée derrière une des bibliothèques, elle se pencha, crut voir une silhouette, déformée par le contre-jour.
Tout à son observation, elle perdit l'équilibre, avant de se rattraper de justesse à l'étagère. À son horreur, la silhouette bondit d'où elle était, alertée par le boucan produit.
— Qui va là ?
La voix résonna avec force dans le silence absolue, comme tout droit sortie de l'Infernyn. Un Tenebris ! songea Téo avec terreur. Elle se détourna, fonça droit vers la sortie. Avec un peu de chance, elle parviendrait à s'enfuir avant que le Tenebris la force à aller en Infernyn.
Elle l'avait espéré. Cet espoir vola en éclats à l'instant même où le Tenebris surgit d'une rangée attenant pour se planter devant elle.
Elle hurla d'effroi, tenta de faire demi-tour. À sa plus grande frayeur, le Tenebris l'attrapa, avant de la soulever du sol pour l'empêcher de fuir. Sa peur décuplant sa force et son don aidant, elle se débattit. Malheureusement, aucun de ses coups désordonnés ne toucha le Tenebris, qui la bâillonna de sa main pour la faire cesser de hurler. La douleur brûla dans son bras alors que le monstre le comprimait, lui faisant monter les larmes aux yeux contre son grès.
— Âme noire, mais vas-tu arrêter ! Je ne vais pas te faire de mal, espèce de cervelle d'oiseau ! bougonna le monstre.
Trop effrayée, Téo mordit à pleine dent dans la main du Tenebris (qui lâcha un cri de surprise), avant d'envoyer avec maladresse son coude en arrière. Elle fit mouche, car elle sentit un os se briser. Un beuglement lui répondit, tandis que le Tenebris la lâchait.
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L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]
Fantasy« Ils sont quatre. Certains ne se connaissent pas. Et pourtant, les fils de leur vie sont indéniablement noués entre eux. Jillan souhaite l'égalité de tous. Meilleur Espion de sa confrérie, ancien Apprenti d'une sénatrice, il reste cependant...