L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]

Chapitre 19.IV

  𝓣éo était persuadée que, si quelqu'un venait pour la tuer, elle se laisserait faire. Après avoir hurlé pendant ce qui lui semblait avoir duré des heures, non seulement elle avait très mal à la gorge, mais en plus elle avait un goût de terre et d'herbe en bouche.

La prochaine fois, il faudrait qu'elle songe à ne pas laisser sa tête contre le sol.

Elle pivota cette dernière sur le côté, et réalisa à peine qu'il faisait très sombre. Il faisait très chaud et humide, une odeur d'orage flottait dans l'air. Elle aurait dû s'inquiéter, mais plus rien ne l'atteignait. Toutefois, elle ne pouvait rester là, au plein milieu de... en fait, elle ne savait même pas où elle était.

Se redressant avec peine, elle regarda autour d'elle. Un grondement au loin résonna, tandis qu'une fine pluie commençait à tomber. Elle leva la tête vers le ciel, essuya avec sa manche la terre devenue boue maculant ses joues. Elle avait quitté Opaltys, mais n'apercevant ni la Sanglante, ni la cité à cause de la brume qui se formait suite à l'évaporation de l'eau sur le sol chaud, elle était complètement perdue.

La pluie s'épaissit, trempant les cheveux et les vêtements de Téo. Ces derniers se collèrent à sa peau, désagréable sensation. Elle frissonna en resserrant sa cape autour d'elle. Elle voulait avancer, mais elle craignait de s'éloigner encore plus de la cité. Ainsi, une question s'imposa dans son esprit.

Combien de temps avait-elle galopé pour se retrouver au milieu de nul part ?

Sans doute pendant un bon petit bout de temps. Elle espéra tout de même que l'étalon avait retrouvé le chemin de l'Académie, où Royle allait la tuer. Le ciel gronda de plus belle, un éclair illumina l'horizon, effrayant Téo. Maintenant qu'elle n'était plus allongée par terre, elle commençait de nouveau à tout ressentir. Le froid, la douleur dans son corps à cause de sa chute, et elle s'insulta mentalement.

Par tous les dieux, elle avait vraiment souhaité mourir ? Priver les autres de sa fantastique personne ?

Elle était complètement égoïste. Pour se punir, elle se baffa. Avec un peu de chance, cela remettrait ses idées en place.

Comment pourrait-elle réparer ce qu'elle avait fait si elle partait en Infernyn ? Qui plus était, elle se doutait qu'un certain Garde sagittaire du nom de Veleress l'attendrait de pied ferme.

– Je ne connaissais même pas son prénom, réalisa-t-elle d'une voix rauque, l'eau dégoulinant sur ses joues, telle les larmes qu'elle n'avait pas versé.

Hum, à son humble avis, elle devait avoir bien hurlé pour avoir si mal. Elle retira quelques feuilles prises dans ses cheveux, s'empêcha de penser à certaines personnes avant qu'elle ait retrouvé Opaltys. Car si elle s'attardait sur cela, elle pouvait déjà se rallonger pour passer le reste de la journée à se lamenter.

Non, elle devait barricader son cœur, et garder son sang-froid comme le ferait la meilleure des Espions. Téo leva les yeux vers le ciel gris, comme si celui-ci allait l'aider.

– Ismène, si vous m'entendez, aidez-moi je vous en pris, souffla-t-elle.

Il fallait bien qu'elle bouge, alors elle se décida de marcher dos aux éclairs. Elle finirait bien par tomber sur quelqu'un qui saurait où elle se trouvait.

Alors elle se mit en route. C'était difficile, surtout avec les brûlures à ses cuisses après avoir tant galopé. Elle monta une colline, avec l'espoir d'apercevoir les toits de la cité, mais ce fut en vain, la brume cachant tout. Le soleil avait dû taper toute la journée pour arriver à pareil résultat.

La pluie mordante frappait ses joues, les rosissant, et alourdissait ses boucles. Téo observa la brume s'étalant devant elle, soupira. Jamais elle ne retrouverait Opaltys. Elle n'avait plus qu'à attendre la fin de l'averse, que la brume se lève, et alors peut-être qu'elle parviendrait à rentrer chez elle.