Chapitre 13.I : Monocle

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  Ah ! Monocle, cité de tous les savoirs. Certains diront que cette essence de culture font des Monoclais des êtres hautains, imbus de leur personne, mais je pense qu'il serait plus juste de dire qu'ils ne se divertissent pas assez.
Chapitre IV, L'Oligarchie des Douze et leurs cités de Fristine Gestane, an 524.

  𝓚an ne put s'empêcher d'ouvrir la bouche en grand. Une fois de plus, il était émerveillé devant les étagères emplies de livres qui se succédaient, et respira à plein nez la bonne odeur de vieux livres flottant
dans l'air. Il eut une petite pensée pour Téo : face à ces merveilles, elle aurait crié de plaisir, juste avant de se faire exclure.

  — Quels sont les livres que dame Vyllas voulait-elle que nous nous procurions ? questionna Isebell Noiselas en réajustant ses binocles sur son nez.

  – Je ne les ai pas noté, je faisais confiance à Kanwill. Kanwill ? fit Ynaseriam Criol.

  – Les secrets de la politique sous l'Oligarchie des Douze, Les derniers Hautes- Dames et Hauts-Seigneurs, et L'Oligarchie des Douze et leurs cités, cita-t-il de mémoire.

  Isebell renifla avec dédain, comme contrariée.

  – Ne nous reste plus qu'à les trouver, ce qui risque de se révéler particulièrement compliqué.

  Kan était bien d'accord avec elle. La Bibliothèque, avec un B majuscule, était un monument fabuleux à ne pas rater lorsque l'on visitait Monocle. Possédant plus de livres qu'on ne pouvait en lire durant une vie, elle était si grande qu'il fallait une heure pour la traverser d'un bout à l'autre. Toute l'Histoire de l'Astriale, mais aussi celles des autres pays du monde d'Upsylone, étaient conservées ici, parmi toutes ces richesses.

  Et Kan y avait accès n'importe quand.

  Voilà déjà deux mois qu'il logeait à l'Étude, la (très) grande demeure de Noal Vierge, et pourtant, il en découvrait encore tous les jours. Au début, il avait craint de ne pas être accepté par le mari de la sénatrice – son « père adoptif » – , surtout lorsqu'il avait aperçu l'air toujours sérieux de cet homme, mais il se trouvait que les apparences étaient trompeuses. En effet, Thyllineg Orgel se trouvait être une personne très attentive à ses prochains, et savait en permanence ce que pensait Kan.

  D'ailleurs, si ce dernier ne savait pas que ce père de substitution était vierge, il l'aurait prit pour un scorpion.

  Ainsi, il vivait la belle vie à Monocle, même si sa sœur lui manquait terriblement. Toutefois, il savait que Téo, qui tenait à toujours avoir le sourire aux lèvres, serait mécontente si elle apprenait qu'il se lamentait ainsi de sa présence. Il l'imaginait bien le gronder, les mains sur les hanches, tout en déclarant : « Voyons, Kan ! Je sais que je suis merveilleuse dans tous les sens du terme, mais cesse de ternir ton image ainsi ! Ne me fait pas regretter le fait que j'ai t'ai rendu encore plus beau grâce à ma compagnie. » Alors il profitait.

  De plus, Kan avait accès à des études dignes de n'importe quel futur dirigeant. Lui qui aimait tant étudier, il se trouvait désormais dans la meilleure école de tout le pays ! Malheureusement, qui disait école renommée, disait aussi compétition entre les élèves. Ainsi, il se retrouvait à travailler deux fois plus, pour prouver à ses camarades qu'il n'obtenait pas de bonnes notes à cause de son statut de fils de sénatrice.

  Cependant, ce statut limitait tout de même bien des choses. Kan était déjà timide à l'origine (aux Merveilles, il discutait parfois avec les autres uniquement grâce à Téo), si bien qu'il parvenait à peine à s'entendre avec ses camarades. Il y avait bien une fille, Delfina Ombrenn, qui lui adressait de temps en temps la parole, mais elle était totalement à l'ouest.

L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant