L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]

Chapitre 26.II

  𝓚an observa les alentours, choqué.

Il faisait partie, avec d'autres de ses camarades de classe, de l'expédition visant à relever tous les dégâts subis lors de la dernière attaque de ces renégats sur le petit village de Val-de-Pierre, village se trouvant au plus près des Mordantes, à la frontière avec le Gordong. Après une journée de voyage, il ne s'était pas attendu à cela.

On disait que ces criminels avaient cessés de commettre de massacre, se contentant de s'attaquer aux nobles, et de les tuer, désormais. Pourtant, il avait la preuve du contraire sous ses yeux.

Les ruines fumaient encore, et une odeur de mort persistait dans l'air. Kan eut la nausée. D'ailleurs, il n'était pas le seul à avoir pâli. Ynaseriam avait un teint carrément vert, tandis qu'Isebell pleurait, les deux mains sur sa bouche. Il ne comprenait pas au début pourquoi on leur montrait de telles horreurs, avant qu'on lui explique que c'était malheureusement les expériences bien réelles qui forgeaient l'esprit. D'ailleurs, c'était pour cette raison qu'Isebell et Ynaseriam étaient les seuls n'étant pas vierges à être venus.

Étant enfants respectivement d'un sénateur et de la dirigeante, leurs parents avaient insisté pour qu'ils fassent partie de cette expédition, alors qu'ils ne possédaient pas le don de Kan. Tous leurs camarades étant d'une autre espèce étaient restés à Monocle.

Kan savait qu'il y avait eu des morts, et les quelques survivants avaient été rapatriés à Monocle. Une fois là-haut, Noal s'était empressée d'écrire à Fanie, mais il soupçonnait celle-ci de ne pas savoir quoi faire. En même temps, personne ne savait qui étaient ces ennemis, nés au sein du pays. Et, en plus, l'Astriale était en paix depuis si longtemps que plus aucune personne du cercle supérieur était encore vivante pour se rappeler l'art de la guerre.

Un des camarades de Kan sauta de son cheval pour aller rendre son repas plus loin. Kan aussi sentait la bile monter, mais le spectacle qui se déroulait devant lui l'empêcher de faire la même chose. Il devait rester calme.

Les étals du marché étaient renversés par terre, et ce qu'ils avaient porté décoraient le sol. Les bouts de poteries ressemblaient aux feuilles mortes tombant en automne, tandis que la nourriture perdue avait fait le bonheur des quelques charognards qui s'étaient risqués dans les parages. Il était perturbant de n'entendre que le bruit des sabots, alors que le village semblait mort.

Kan tourna la tête vivement lorsque la charpente d'une maison s'écroula, dégageant un nuage de poussière qui les fit tous tousser. Il sentit ses yeux le piquer, et il se les essuya, tandis qu'une pensée traversait son esprit.

Il ne savait pas le Faucheur si violent. Ou, si ce n'était pas lui qui avait surveillé le massacre, prêt à récolter les âmes des innocents, ce devait être quelques Tenebris ou encore d'autres dieux mineurs de Mort. Kan regretta de ne pas avoir appris leur nom. Il se demandait bien qui avait laissé faire ce massacre.

Il ne pouvait s'empêcher de s'interroger : pourquoi ces renégats étaient si violents ? Personne ne savait leur nom, et pourtant, cela faisait déjà un bout de temps qu'ils causaient mille malheurs dans le pays, depuis l'attaque des plaines du Solyn. Ils avaient pourtant cessés les gros massacres en 1426. Pourquoi les reprendre aujourd'hui ? Que s'était-il passé ?

Kan se souvint d'une conversation qu'il avait surpris entre Noal et le nouveau maire (qui n'était pas l'Original) : Fanie Bélier avait visiblement envoyé un courrier à Chrysale de la Nuit, la reine de l'Elwiss, lui demandant si elle aussi subissait ce genre de tracas. Pour l'instant, la souveraine n'avait pas répondu.

Kan sursauta lorsqu'il aperçut du sang sur le reste d'une porte. Son esprit de vierge le harcela de pensées : à qui appartenait ce sang ? Est-ce que cette personne était encore vivante, ou bien son âme se trouvait désormais en Infernyn ? Est-ce que le propriétaire de ce sang s'était défendu, avait fait des victimes, ou encore sauvé d'autres habitants ?