Chapitre 20.IV

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  𝓢ynolab resta dans son coin, jaugeant les adversaires de Telia, tandis que celle-ci paradait, dans sa riche robe beige brodée de fils d'or. Comme à son habitude, il faisait tourner distraitement le champagne qui se trouvait dans sa coupe. Puis il jeta un coup d'œil à la pendule, et constata qu'il ne lui restait plus que dix minutes à patienter.

  Après, soit il rentrerait chez Bena en toute tranquillité, soit il se devrait de protéger Telia, et de l'aider à gouverner la Cité du Commerce.

  Il plongea les mains dans ses poches. Il trouva dans celles-ci une petite boîte à bonbons – tiens, il avait oublié son existence, alors qu'il l'avait lui-même remplie avec ses créations – et il l'ouvrit. Il préleva une sucrerie, la laissa fondre sur sa langue – goût violette estivale, un de ses favoris.

  Telia allait et venait, discutait avec des connaissances – à cet instant, elle était avec Moriann Heralt, qui s'était lui aussi présenté, bien qu'il était loin de la tête d'affiche. Elle se faisait volontairement remarquer, ignorait les regards méprisants. Elle était la lumière, tandis que Synolab était son ombre. Et cela lui convenait amplement. On avait bien plus de libertés dissimulé que sous les yeux de tous.

  Synolab jeta un nouveau coup d'œil à la pendule, alors qu'il sentait l'atmosphère devenir lourde. Plus que cinq minutes. Et toujours pas de Jolya Lerum, la candidate en tête des sondages. D'après ce qu'il avait entendu dire à son sujet, il avouait être surpris que la candidate ne soit pas là. Mais enfin, ce n'était pas son problème.

  Tout du moins, c'était ce qu'il pensait, avant de voir pénétrer dans la pièce plusieurs soldats. Intrigué et perplexe, il haussa un sourcil, avant de se joindre au groupe qui s'était formé autour des six soldats. L'un d'entre-eux sorti une feuille, et la lut à voix haute :

  – Nous prions les candidats Heralt, Selze, Marlpe, Partideur, Flori, Mulmoose et Dantel de nous suivre.

  Synolab remarqua que le nom de Jolya n'avait pas été cité. Il observa les autres candidats rassurer leurs proches, avant de s'engager à la suite des soldats. Telia lui jeta un coup d'œil, une question muette flottant dans l'air. Il fit un léger mouvement de tête, posa sa coupe, avant de se glisser parmi les candidats, bien qu'il n'en était pas un.

  Personne ne le remarqua. Pourtant, avec sa grande taille, on le voyait de loin. Mais il avait apprit, depuis le temps, à se dissimuler à la vue de tous. Il plissa les yeux en direction des autres candidats, ne faisant nullement confiance à ces personnes, et ses doigts cherchèrent instinctivement une arme, avant qu'il ne se rappelle qu'il les avaient (exceptionnellement) laissé chez Bena.

  Enfin, il en avait tout de même caché une. Il n'était ni idiot, ni imprudent.

  On les fit entrer dans une pièce, et Synolab, étant le dernier du groupe, entendit le bruit caractéristique d'une porte que l'on verrouille, tandis qu'il se glissait auprès de Telia. Alors, ses yeux cherchèrent une issue, mais il n'en trouva pas.

  Quelque chose clochait. Il en était certain. Une odeur que Synolab connaissait bien flottait dans l'air ; c'était celle de la mort.

  – Mesdames et messieurs, je suis le capitaine Alidore, se présenta une femme, déjà présente dans la salle (d'ailleurs, elle était presque aussi grande que lui). Nous vous avons convoqué aujourd'hui, à quelques minutes des résultats, pour vous parler d'un malheur qui vous concerne. Ce matin, très tôt, une patrouille a retrouvé un corps. Ce corps a été identifié comme celui de la candidate Lerum.

  Plusieurs cris de surprise retentirent. Synolab, lui, était si connaisseur de la mort que celle de Jolya ne le fit pas réagir, alors que même Telia avait tressailli. Il y avait tant de monde qui mourrait, que ce pouvait très bien être un accident, ou un simple voleur de bourse.

L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant