Chapitre 22.I : L'épreuve de la Décision

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Les épreuves du Supérieur permettent de tester un Espion pour déterminer s'il possède ou non les capacités de prendre une décision, de représentation, d'éduquer des élèves. Je me rappelle parfaitement mes épreuves, et si certaines m'ont paru compliqué, je suis tout de même satisfait de les avoir réussi.
Journal intime d'Olalo Hateyh, an 1403.

𝓠uand Jillan s'était réveillé, ce matin-là, il n'avait pas été angoissé. Non, il était mort de peur, bien qu'il ne le reconnaîtrait pour rien au monde. À sa grande honte, il fut incapable de manger correctement, ce que Zym avait remarqué, comme d'habitude.

  Heureusement que son ami était le seul à s'en être rendu compte, ou cela aurait fait jaser – les Espions étaient les pires commères de l'Astriale.

  Jillan en était arrivé au point qu'il se devait de coincer ses mains dans ses poches pour ne pas les tordre dans tous les sens. Toutefois, il fut bien obligé d'en sortir une pour frapper à la porte du bureau de Loup : il devait lui présenter sa première épreuve de Supérieur.

  Si jamais Jillan ratait celle-ci, il pouvait dire adieu à sa vie paisible à l'Académie. Que lui avait-il prit d'écouter Zym, par Lilith ?

  – Entrez.

  Jillan inspira profondément, puis expira. Il allait y arriver. N'était-il pas le meilleur Espion de cette confrérie, en toute modestie ?

  – Ah, Renard, te voilà enfin ! Je commençais à me dire que tu allais abandonner avant même d'avoir débuté la première épreuve, déclara Loup lorsque Jillan entra dans le bureau.

  Une des fenêtres était ouverte, certainement pour laisser entrer la douce brise matinale. Les heures les plus chaudes de la journée n'étaient pas encore arrivées. Les rideaux se balançaient avec langueur, au grès du vent. Jillan se demanda si cela était bien prudent. Un Apprenti pourrait très bien s'être caché juste sous la fenêtre, pour écouter ce qu'il se disait ici – car même si cela était interdit, les Apprentis aimaient bien sortir en douce de l'Académie pour profiter des jardins. Il se trouvait aussi qu'ils étaient particulièrement curieux, surtout lorsqu'ils savaient qu'un Espionnage, ou mieux, un Supérieur, allait bientôt avoir lieu.

  – Ce serait mal me connaître, répondit Jillan en reportant son regard sur Loup.

  Le Mentor plissa les yeux tout en ayant un rictus amusé. Puis il se leva, bien plus imposant que Jillan, et comme s'il avait entendu les pensées de ce dernier, il alla fermer la fenêtre. Jillan fut persuadé d'avoir perçu un grognement contrarié.

  – Bien, maintenant qu'on est seuls, je vais pouvoir te parler de cette première épreuve. Mais d'abord, sache que tu peux encore renoncer ; c'est ta dernière chance, car quoi qu'il arrivera par la suite, tu pourras pas arrêter ton Supérieur avant de le rater, ou de le réussir. Sissi ?

  – Merci, Loup, mais je maintiens mon souhait de passer mon Supérieur.

  Le Mentor hocha la tête, avant de se détourner de Jillan. Les mains dans le dos, avec ses deux doigts en moins bien visibles, il se dirigea vers son bureau. Jillan l'observa faire en silence, tandis qu'il ouvrait un tiroir, avant de prélever un parchemin ocre enroulé et attaché par un ruban doré.

  Jillan déglutit avec difficulté, le plus discrètement possible. Il espérait juste qu'on ne lui demande pas de lire à voix haute, ou de suivre dans la minute les instructions de ce parchemin. Il en serait incapable. Rater son Supérieur parce qu'il avait des problèmes de lecture serait particulièrement embarrassant.

  Loup fit tourner le parchemin ocre entre ses doigts. Jillan admira son agilité, malgré son handicap.

  – Tiens, voilà ta première épreuve. Souviens-toi que ce parchemin doit surtout pas tomber entre les mains d'un Espion ou d'un Apprenti. Brûle-le une fois que tu l'auras lu.

L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant