L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]

Chapitre 31.II

  𝓣éo se sentait bien. Elle était à l'aise, alors qu'elle savait que bon nombre d'Espions avaient été angoissés quand ils avaient été à sa place. Pourtant, elle flottait sur un petite nuage ; c'était son destin, elle était prête à l'accepter les bras grands ouverts.

  – Dis donc, tu me sembles bien calme pour une fois, remarqua Chouette.

  Étant sa Mentor personnelle, elle devait patienter avec elle dans le couloir, tandis que tous les autres Mentors, Espions présents et Apprentis se trouvaient dans la salle des tableaux, là où allait se dérouler la cérémonie. Téo y jeta un coup d'œil rapide, ayant hâte que cela commence.

  Il faisait nuit, au dehors, cependant on devinait les formes de la petite et grande lune à travers certains rideaux tirés. De grands candélabres posés à intervalles réguliers diffusaient une douce lueur orange, les globes lumineux étant réservés pour le réfectoire. Cependant, malgré leur présence, le haut de la pièce restait plongée dans le noir, et les ombres mangeaient les portraits. À l'odeur épicée que dégageaient la cire, Téo se demanda s'il ne s'agissait pas des bougies qu'elle avait malencontreusement aspergé d'un de ses mélanges, quelques années auparavant.

  – Quand il s'agit de grandes occasions, je sais me tenir, rétorqua-t-elle.

  Ce qui était totalement vrai : à l'union de Souris et Aigle, quatre ans plus tôt, à l'enterrement de Rat, l'an dernier, à toutes les cérémonies d'Espionnages ou encore à celle qui avait fait de Renard un Mentor, elle était restée silencieuse, écoutant tout ce qui se disait.

  Aussi étonnant que cela pouvait le paraître, elle pouvait être calme.

  Elle suivit le cours de ses pensées, et en arriva à une question : est-ce que Renard était aussi fière d'elle ? Après tout, sans lui, peut-être qu'elle ne serait pas devenue la meilleure des Apprentis, et qu'elle aurait raté sa mission. Est-ce qu'elle lui avait manqué ? Cela m'étonnerait, songea-t-elle. Après tout, il était Mentor, et devait avoir une foule de choses à régler ; il n'avait pas le temps de penser à une fille comme elle.

  Et d'ailleurs, pourquoi son esprit à elle tournait autour de Renard ?

  Elle secoua la tête, remettant ses pensées en place, avant de réaliser que Chouette l'observait. Elle comprit rapidement que celle-ci lui avait dit quelque chose, mais qu'elle n'avait pas entendu, tant elle était plongée dans ses pensées.

  – Pardon, qu'est-ce que tu disais ? demanda-t-elle.

  – Je disais que c'est le moment d'y aller. Maintenant, suis-moi.

  Téo avait déjà assisté plusieurs fois à cette cérémonie, et savait donc quoi faire. Pourtant, elle ne s'était jamais imaginée – à son grand étonnement – à la place d'un de ses camarades. Elle redressa le dos et le menton, sortit les mains de ses poches, avant de suivre Chouette.

  Elle sentait les regards sur elle et entendait les félicitations énergiques des Apprentis (Sarpentyn tentait de les calmer, en vain, ce qui la fit ricaner), tandis que chez les Espions, des papillons volaient autour de la tête souriante de Saleann, postée à côté de Wuly et son sourire timide.

  Au centre de la pièce, les quatre autres Mentors l'attendaient, et Chouette se joignit à eux, la laissant seule. Elle se savait le centre de l'attention, ne put s'empêcher de se redresser. Elle avait beau se sentir impressionnée – les cinq Mentors de la confrérie se trouvaient devant elle, âme noire ! – il était était hors de question qu'elle perde contenance.

  Elle capta le regard de Renard. Elle aimerait tellement pouvoir le remercier pour tout ce qu'il avait fait ! Elle l'avait peut-être aidé avec ses problèmes de lectures, ce n'était rien à côté de ce qu'il avait fait pour elle.