L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]

Chapitre 16.I : La curiosité est un vilain défaut

D'après ce que j'ai compris, selon Loup, tous nos personnages inventés doivent être différents. Certains doivent attirer l'attention, d'autres non. Mais tous sont censés avoir un point commun : aucun d'entre-eux ne doit sembler suspect, car le fait de fouiller pourrait passer pour de la curiosité.
Journal intime de Téonary Naryn, an 1425.

  — 𝓜ets-toi plus de profil, sinon tu laisses trop d'endroits visibles, et ta garde ne te permet pas de te protéger entièrement, déclara Renard en faisant la démonstration de ses propos.

  Téo observa sa position, avant de l'imiter. Il secoua la tête, avant de venir vers elle, et de lui tourner les épaules. Elle se retint de grimacer, tout en en tentant de garder la position, bien que celle-ci était plus qu'inconfortable.

  – Est-ce normal que cela tire à ce point ? questionna-t-elle.

  Sur un regard de Renard, elle s'empressa de relever le bras, pointant son épée d'entraînement vers lui. Elle essayait de ne pas bouger, mais elle avait apprit il y avait longtemps que cela était impossible, alors elle tenta de limiter ses tremblements.

  – C'est parce que tu n'es pas habituée à tenir la position, expliqua-t-il. Je te conseille de la prendre chaque soir avant d'aller te coucher pendant cinq minutes – crois-moi, elle rentrera rapidement dans ta tête.

  Découragée, Téo baissa son bras et se remit de face en étirant ses muscles endoloris. Elle commençait à s'assouplir, et elle sentait que ses muscles se renforçaient, même si elle était bien loin de son objectif.

  – Cela à l'air si facile pour vous, comme si c'était naturel. Je comprends désormais pourquoi tout le monde se moque de moi, grommela-t-elle, j'ai vraiment l'air d'une gourde. Je n'aime pas cela. Je préfère avoir l'air splendide. C'est bien plus satisfaisant.

  Renard claqua de la langue – elle avait apprit qu'il exprimait son amusement ainsi –, ce qui lui fit relever la tête. Suspicieuse, elle se retint de lancer une remarque désagréable. Mais face à sa mine, il se justifia :

  – Tu es si impatiente, Téonary. Tu as beau être une prématurée, tu ne peux pas tout assimiler en moins d'une année. Sinon, à quoi servirait ces quatre années de formation ? Tu t'es déjà beaucoup améliorer.

  – Vraiment ? marmonna-t-elle en retour.

  Elle aurait très bien pu le dire à voix haute. À cette heure-ci, personne ne se trouvait dans la salle d'entraînement, la plupart des Apprentis profitant du temps après le dîner pour réviser. D'habitude, Renard lui donnait des cours supplémentaires au petit matin, sauf qu'il n'était rentré de sa dernière mission – qu'il avait effectué avec Lièvre et Aigle – que cet après-midi. Téo avait pensé ainsi qu'elle n'aurait pas d'entraînement avec lui, mais il avait insisté pour qu'ils travaillent le soir.

  Depuis le temps que Renard lui donnait des cours, Téo avait commencé à sympathiser avec lui. Elle l'avait déjà surpris une ou deux fois à retenir un sourire face à un de ses commentaires atypiques, et elle savait à quel point c'était rare. Dans le même temps, elle faisait souvent l'éloge d'Emyria, la seule amie qu'ils avaient en commun (car jamais Téo ne s'entendrait avec Lièvre, elle en était certaine). Elle ne savait pas si cela les rapprocherait, mais elle l'espérait, car elle appréciait vraiment Emyria et Renard.

  – Bien sûr qu'étoile, affirma-t-il. Au début, tu ne parvenais même pas à tenir une épée à bout de bras, tu n'arrivais pas à grimper à cette fameuse corde (Téo grogna face à ce déplaisant souvenir), et tu te fatiguais rapidement. Désormais, tu es capable de ne pas mourir en combat à main nue, tu maîtrises plutôt bien le couteau, et tes réflexes sont si bons qu'aucun Apprentis et certains Espions ne parviennent pas à te toucher. Tu vises assez bien, et tu touches ta cible les trois-quarts du temps, immobile. Enfin, je ne parle même pas de ton don, qui est apparemment très développé, sans oublier tes prouesses dans l'Art de la Dissimulation.