Chapitre 23.I : L'incendie

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Une de mes plus grandes hontes ? Ne pas avoir été capable de protéger Chouette. Je sais que, étant donné qu'il s'agit de ma Mentor personnelle, c'est à elle de faire attention à moi, mais je crois que je ne me pardonnerai jamais le fait qu'elle soit passée à deux doigts de la mort par ma faute.
Journal intime de Téonary Naryn, an 1426.

𝓙illan bondit en arrière pour éviter le feu, alors que les flammes commençaient déjà à lécher le bois du sol, rampant comme des serpents venimeux vers lui. C'était beau, mais terriblement mortel.

  – Jill ! cria Emyria de l'autre côté du mur de feu. Jill ! Tu es vivant ?

  – Pour l'instant ! Emyria, va-t-en ! T'en fais pas pour moi, je vais me débrouiller ! Mais il faut absolument que ton document retourne à Opaltys, sissi ?

  Il n'entendit pas sa réponse, mais il fut persuadé qu'elle l'avait écouté. Si un Espion était au piège, il ne fallait pas compromettre sa mission pour le sauver. C'était interdit. D'abord la mission, après l'Espion. Emyria n'était pas assez cervelle d'oiseau pour mettre sa vie en péril.

  Jillan recula, se colla au mur porteur, près de la fausse bibliothèque. Il était pris au piège. La poutre enflammée l'empêchait de rejoindre une fenêtre. Il toussa, s'accroupit pour ne pas s'asphyxier. Bien que cela était inutile, à l'aide de son don, il recouvrit le sol d'une couche de glace, puis ses propres vêtements, pour ne pas se brûler.

  La glace des capricornes était peut-être résistantes à de hautes températures, elle ne faisait cependant pas le poids face à un incendie. Évidement, celle de Jillan fondit dans l'instant, mais il espérait que le bois, désormais mouillé, prendrait plus de temps à se consumer.

  Il toussa de plus belle, remonta le col humide de sa chemise de domestique devant son nez. Comment allait-il faire pour s'en sortir ? Mourir carbonisé n'était pas vraiment dans ses projets d'avenir, cependant, son destin semblait scellé ; le feu rampait sournoisement vers lui.

  La poutre tomba à l'étage d'en dessous, laissant un immense trou derrière elle. À aucun moment Jillan envisagea de sauter par-dessus, car tout était déjà en flamme. Le plancher en face ne supporterait pas son poids soudain arrivé, et se briserait pour le mener au cœur du brasier. Au dessus de lui, des lambeaux chutaient, enflammant tout. Des cris retentissaient, de gros bruits de casse résonnaient.

  Et Jillan était toujours là, contre le mur, à chercher un moyen pour s'en sortir.

  Il eut une pensée pour Emyria et Téonary. Il espérait sincèrement qu'elles n'étaient pas blessée qu'elles étaient saines et sauves. Au moment où cette pensée traversa son esprit, le sol sous lui s'affaissa, et il tomba à l'étage du dessous, également en flamme.

Le plancher craqua, mais résista, pour l'instant.

  Les yeux larmoyants, il observa rapidement son nouvel environnement. Malheureusement, dans cet état, il n'était pas si différent du précédent. S'il ne mourait pas brûlé, il le serait asphyxié. Il tenta quelques mouvements, cherchant une issue, en vain. Impossible de se rapprocher de la fenêtre, ou de retourner dans les couloirs. Le bois, sec avec la chaleur étouffante welienne, brûlait à une vitesse folle.

  Par Lilith, il ne s'attendait pas à une mort pareille.

  Il ria, nerveusement. Quelle ironie ! Lui qui avait de l'ambition, qui se voyait Espion pendant encore des années, sa vie allait lui être brutalement enlevée. Il se voyait mourir au combat, peut-être face à un Assassin, mais certainement pas en mission.

  À travers les flammes, tandis qu'il se recroquevillait, il vit passer une silhouette. Celle-ci lui dit vaguement quelque chose, mais à quoi bon réfléchir, étant donné que cette information ne lui servirait plus à rien, désormais ?

L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant