𝓙illan termina de déjeuner rapidement, avala sa tasse de kaffeh qui lui brûla la langue. À ses côtés, Zym siffla.
— Eh ben dis donc, c'est que t'es pressé, aujourd'hui ! Qu'est-ce qui te prend ? questionna-t-il.
– Il me prend qu'il va falloir que j'aille chercher mes thenes, car tu as gagné ton pari ; je vais demander à passer mon Supérieur.
– Eh là ! Attends deux secondes, Jill ! s'exclama Zym en le retenant par sa manche tandis qu'il se retournait pour se dégager du banc. Je peux avoir plus d'explications ?
Jillan roula les yeux, avant de tirer légèrement pour libérer sa manche de l'emprise de son ami. Voyant que ce dernier n'avait décidément pas l'intention de le lâcher – et aussi parce que Jillan ne tenait pas à déchirer sa chemise – il s'expliqua.
– J'ai réfléchis à tout ce que tu m'as dit, sur comme quoi j'aurais les capacités de devenir Mentor. Et je me suis testé, également. Alors, maintenant que je me sens prêt, je vais aller voir Fennec, et lui dire que je veux passer mon Supérieur.
Il s'exprimait au plus bas, pour que seul Zym l'entende. Emyria était déjà au courant de sa décision ; il l'avait mis au courant la veille, lorsqu'elle était venue le chercher pour aller fêter leur mission, à Aigle, Zym et lui. Après, il se doutait bien que la rumeur n'allait pas tarder à se propager, mais tant qu'il pouvait rester tranquille, il ne disait pas non.
Zym chatouilla distraitement sa joue droite, celle pleine de grains de beauté, comme à chaque fois qu'il était intrigué.
– Pourquoi t'en parles pas à Arysia ? Primo, c'est elle le membre le plus élevé de la confrérie en ce moment, secundo, c'était ta Mentor personnelle.
– Parce qu'elle ne sera jamais d'accord. Si je deviens Mentor, je ne pourrai plus faire autant de missions qu'avant, ce qui va la déranger. Alors que Fennec, même s'il n'en a pas l'air, fait passer les intérêts de la confrérie avant les siens.
– Ah, c'est vrai. J'oublie parfois qu'elle est vachement manipulatrice – encore plus que les Mentors –, l'Arysia.
– Maintenant que j'ai répondu à ta question, tu veux bien me lâcher ?
Zym ne dit rien, mais lui offrit un sourire bancale en rendant sa liberté à Jillan, qui n'avait rien dit lorsque son ami avait, une fois de plus, insulté leur hiérarchie. Il était habitué, à force.
En se levant, Jillan sentit le regard d'Emyria peser sur lui. Bien qu'elle discutait avec Zibeline – son amie d'Apprentissage, Beryna Casta – elle était attentive à ses moindres faits et gestes. Il hocha la tête doucement, confirmant la question qu'il lisait dans ses yeux verts, avant de s'éloigner de la table des Espions.
Il jeta un regard derrière lui, vers celle des Mentors. N'étaient présents que Chouette et Loup, ce qui signifiait que Fennec était certainement à son bureau – tandis que Corbeau devait encore traîner dans son antre. En tournant la tête, il remarqua qu'il avait attiré l'attention de Téonary, à la table des Apprentis. Celle-ci, se voyant démasquée, rosit avant de reprendre sa discussion avec Saleann et Wuly.
Beaucoup trop curieuse pour son bien-être, songea Jillan. Toute la confrérie avait remarqué à quel point Téonary aimait un peu trop fourrer son nez partout. Pour un Espion, la curiosité n'était pas forcément un défaut, mais trop de curiosité risquait de l'amener à commettre de graves erreurs. Il devait penser à le lui dire.
Il quitta le réfectoire, laissa les bruits de ses camarades derrière lui. Les couloirs étaient silencieux, comme il les aimait, et baignés de lumière. Il s'arrêta quelques secondes en apercevant un mouvement dehors ; quelques étudiants de l'aile est s'amusaient, profitant de la fraîcheur de la matinée.
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L'Astriale - Les Ombres de l'Hiver T1 [TERMINÉ]
Fantasy« Ils sont quatre. Certains ne se connaissent pas. Et pourtant, les fils de leur vie sont indéniablement noués entre eux. Jillan souhaite l'égalité de tous. Meilleur Espion de sa confrérie, ancien Apprenti d'une sénatrice, il reste cependant...