68. le moment dont elle avait rêvé

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Hermione était assise depuis un bon petit moment déjà sur un tabouret du bar, les avant-bras posés sur le comptoir. Elle repassait en boucle dans sa tête tout ce qui venait de se passer, n'en croyait pas les images qui étaient représentées dans sa mémoire. Mais son corps encore endoloris par la torture qu'elle avait subie lui prouvait l'horrifiante réalité comme un pincement sur le bras lorsqu'on croit rêver. 

Jamais elle ne se saurait crue capable de faire ça. Retirer la vie. Elle se rendait compte, d'un point de vue objectif, que combattre le feu par le feu résumait à produire davantage de séquelles par incendie. Elle n'aurait pas du tuer Dolohov parce qu'il avait tué ses parents. Elle aurait du le vendre à Dumbledore ou quelque chose comme cela. Maintenant, elle avait du sang sur les mains, une amie qui venait de la trahir, et un camarade mangemort qui la pensait morte. Heureusement (ou pas), elle se doutait que Malefoy était allé voir Blaise. 

— Granger, fit une voix dans son dos, une voix qu'elle reconnu aussitôt. 

— Malefoy ! s'exclama t'elle en se tournant vers lui, inquiète. Il avait l'air complétement épuisé, et avait les mains pleines de sang. Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? Tu es allé voir Zabini ? Que s'est il passé ? Pourquoi...

— Partons d'ici, la coupa t'il en attrapant son avant-bras. 

Pendant tout le trajet dans le passage qui menait Pré-au-lard au château, Hermione ne fit que poser et poser les mêmes questions. Malefoy ne lui répondait pas, avançant le plus vite possible, la tenant toujours derrière lui, sa baguette à la main. Le fait qu'il la laisse comme une idiote pleine de doutes mettait Hermione dans un état de colère et de frustration semblable à un caprice d'enfant. 

— Tais-toi, par pitié, fit Drago lorsqu'ils arrivèrent à une des sorties qui semblait déboucher dans la salle commune des Serpentard. 

Hermione souffla du nez de frustration et marmonna à voix basses, ce qui amusa légèrement le blond. 

Ils sortirent rapidement des cachots et se dirigeaient inconsciemment vers la salle de classe inhabitée du deuxième étage, salle qu'ils avaient déjà convoitée auparavant pour se disputer. Hermione commençait à reposer ses questions, énervée, et Malefoy affichait son air le plus ennuyé du monde. 

— Tu compte me dire un jour pourquoi tes mains sont tachées de sang et que tu en as d'ailleurs mis partout sur ta chemise ? s'exclama Hermione quand il la lâcha et referma la porte à clé derrière eux. 

— Dis toi simplement que Zabini ne t'emmerderas plus jamais, répondit (enfin) le Serpentard. 

— Tu l'as tué ? 

— Quoi ? Non, bien sûr que non, je ne suis pas comme toi, moi. 

— C'est à dire ? s'énerva t'elle. 

— Je n'ai jamais tué personne, remarqua t'il. 

Hermione eu un petit rire suffisant, elle leva les yeux au ciel.

— Moi, je n'ai jamais reçu comme ordre de tuer quelqu'un, répliqua t'elle en croisant les bras contre sa poitrine. 

— Tu veux vraiment jouer à ça avec moi ? ricana froidement Malefoy.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, je ne fais que dire la pure vérité. Tu dois tuer Albus Dumbledore.

— Je ne dois pas le tuer, je veux le tuer.

— T'es un vrai malade.

— Tu es mal placée pour parler.

Ils se toisèrent du regard. Hermione avait la grande envie de le gifler de toute ses forces, Drago avait la grande envie de la pousser à bout, ne se sentant pas agressé par ses maigres insinuations sur sa tâche d'éliminer Dumbledore. 

— Dolohov était un mangemort, de plus, il a tué mes parents. Dumbledore est le plus grand sorcier de tous les temps, et il est le directeur de cette école. Voilà la grande différence entre nous, Malefoy. 

— Donc d'après toi, la grande différence entre nous, c'est que tu es du côté des gentils, et moi des méchants ? répéta t'il. 

Hermione ne répondit pas. 

— Et pourtant, on se retrouve pour peut-être la centième fois, tous les deux, déclara Malefoy en passant une main dans ses cheveux. 

— Je sais, répondit Hermione. 

Pendant plusieurs interminables secondes, ils se regardaient droit dans les yeux, la connexion qui les liaient était telle que s'en était presque douloureux de soutenir le regard. Pourtant, chacun jugeait secrètement que cette connexion valait la peine d'être vécue.

— On n'a pas encore terminé la discussion que nous avions eu il y a un mois de ça, dans le couloir de la Grande Salle, avant que Potter et Weasley se ramènent, fit Malefoy en essayant de la déstabiliser. 

Hermione sentit ses joues rougir et eu envie de cacher son visage dans ses mains. Elle mordilla sa lèvre pour camoufler du mieux qu'elle pouvait son malaise et ce constat fit sourire le garçon. 

— Je ne me souviens plus de quoi on parlait, mentit elle. 

— Vraiment ? 

— Vraiment. 

Il riait doucement. Hermione fronça les sourcils.

— Granger, tu es la pire menteuse que j'ai jamais rencontrée. 

La Gryffondor fit de gros yeux tandis qu'il se moquait d'elle ouvertement. Elle finit par étirer un petit sourire amusé. Mais elle avait peur, car elle savait qu'il n'en avait pas fini avec le sujet. Il allait vouloir forcer et forcer jusqu'à ce qu'elle crache le morceau. Elle le connaissait trop bien pour en avoir la certitude. 

— Enfin bref, tu m'as dis que tu étais tombée amoureuse. 

— Moi j'ai dis ça ? s'exclama t'elle faussement, prenant un air étonné. 

— Oui, tu m'as dis ça. 

— Je ne te crois pas. 

— C'est pas la peine de nier avec moi. Tu sais que je ne suis pas naïf, contrairement à toi. 

— Tu ne sais vraiment pas parler aux femmes, Malefoy. 

— Est-ce que j'ai vraiment besoin de savoir le faire avec toi ? répliqua t'il en s'approchant d'elle. Hermione sentit les petits papillons revenir dans son estomac et ses joues devenir brûlantes. 

— Je... Euh... Bah... balbutia t'elle alors qu'il arrivait devant elle. 

— Alors, Granger, de qui es tu "tombée amoureuse" ? murmura t'il, son visage à quelques centimètres du sien. Des frissons la parcouraient alors que son regard descendaient sur les lèvres du Serpentard.

— Qu'est-ce qui te dis que je ne t'ai pas menti, ce soir là ? murmura t'elle en retour. 

— Une intuition, répliqua t'il, lui aussi les yeux rivés sur les lèvres de la brune. 

Alors, enfermés dans cette salle de classe, au milieu de la salle, les battements fou de leur coeur rompant le silence, ils s'embrassaient pour la première fois. 



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