L' Âme Maudite (Terminée) SebastianxOC

1. Une Visite Nocturne, prologue

6 Février 1889

Une atmosphère électrique saturait l'air, annonçant l'arrivée imminente d'un orage. Bientôt, les éclats de pluie s'abattirent sur les toits du manoir, parfois ponctués par le grondement lointain du tonnerre. Dans cette symphonie tumultueuse, Sebastian pénétra dans sa chambre, une chandelle crépitante éclairant ses pas. D'un geste habile, il enflamma une bougie posée sur son bureau. Les heures s'étaient écoulées depuis qu'il avait veillé sur le jeune maître, mais pour lui, la nuit était loin d'être terminée. Les pièces du manoir soigneusement éteintes et rangées, il était désormais temps de plonger dans la mer de paperasse administrative. S'asseyant à son bureau, il déplia quelques feuilles de comptabilité et commença à les parcourir.

Le temps s'écoulait en douceur, quand trois coups distincts retentirent à la porte d'entrée. Sebastian releva la tête. Qui diable pouvait venir troubler cette nuit orageuse ? Se levant de sa chaise, l'ombre du doute traversa son regard alors qu'il avançait prudemment vers la porte. L'ouvrant avec l'élégance d'un majordome expérimenté, il se retrouva face à une femme enveloppée dans un manteau sombre. La capuche tomba, dévoilant des mèches noires dégoulinantes.

« Excusez-moi pour le dérangement. Je me suis laissé surprendre par l'orage. Pourrais-je trouver refuge dans votre demeure pour la nuit ?

Il répliqua, avec une courtoisie empreinte de réserve :

- Avec tout le respect que je vous dois, vous semblez vous méprendre. Nous ne sommes pas une auberge pour les voyageurs égarés. Le village n'est pas très loin.

La femme insista d'une voix humble :

- Je suis disposée à rendre service, à m'occuper du ménage ou de la cuisine en échange. Je vous en prie.

Une inclination légère de la tête et une mèche décoiffée cachaient en partie son visage à la vue du majordome. Sebastian lui fit signe d'entrer.

- Cette décision ne dépend pas de ma volonté mais de celle de mon maître. Je vous laisse patienter à l'abri.

Elle pénétra dans le hall, révélant davantage son visage, bien qu'une frange trop longue persistât à en dissimuler une partie. Une sensation familière prit le démon de court, comme un écho d'un passé lointain.

- Quel est votre nom ? demanda-t-il.

- Wayte Héloïse.

- Fort bien. Je vais l'informer de votre présence, Mademoiselle Wayte. »

Sebastian lui tourna le dos et s'engagea dans l'escalier qui menait à la chambre de Ciel. Cette silhouette, cette crinière d'obsidienne, ces lèvres... Des souvenirs enfouis resurgirent, rappelant une âme égarée qu'il avait engloutie il y a deux ans maintenant. Un repas empoisonné qui avait laissé une marque désagréable dans son esprit.