23. Le Salut Final, première partie

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25 juin 1887

Caym, perché dans un arbre, aperçut enfin le manoir. La bâtisse était enveloppée par une épaisse fumée noire.

« Mr Crow et Mme Blodweell sont encore à l'intérieur ! Il faut faire quelque chose ! »

Il reconnut Jodie qui paniquait dans le jardin et tentait d'expliquer la situation à des villageois.

Il voulut d'abord entrer dans le bâtiment mais ses yeux s'arrêtèrent sur le toit.
Il la vit.
Jade était là..., debout..., figée au milieu du chaos ardent.
Le mystère de cette scène ne trouva pas le temps de se former dans son esprit, il se précipita immédiatement vers elle, l'adrénaline pulsant dans ses veines. Le toit menaçait de s'effondrer.


Il fit face à la jeune femme. Elle avait un regard étrange. Ses jambes défaillirent soudain et elle bascula en avant. Il la rattrapa.

Étonnamment, sa proximité ne l'écœura pas cette fois. Au contraire, il se sentit à nouveau attiré par son âme, comme un gourmet regrettant d'avoir laissé un festin inachevé.

Avec précaution, il la descendit du toit et la déposa délicatement au pied d'un arbre de la propriété voisine, la maintenant à distance du brasier destructeur. Ses yeux étaient clos, elle avait perdu connaissance.

Leurs pentacles brillèrent. Il n'allait pas laisser ce pacte lui échapper. La faim qui le tiraillait était bien trop intense.

Délicatement, sa main se glissa sous sa nuque, et d'une voix posée, il murmura à son oreille.

« Dame Blodweell, vous devez vous lever maintenant. Il n'est plus l'heure de dormir. »

Il n'obtint aucune réponse. Le corps de la lady restait inanimé.

Le visage du majordome s'assombrit. Elle ne pouvait pas succomber maintenant, pas au moment où il était censé la dévorer !

Ses gestes devinrent plus brusques, agitant le corps de la jeune femme. Sa tête se balança sur ses épaules telle une marionnette désarticulée.

« Jade ! »

Il se surprit lui-même à l'appeler par son prénom. L'urgence avait effacé toute formalité, l'attachement s'était révélé malgré lui.

«Je suis navré, Mr Crow. Vous auriez sûrement mieux fait d'écouter mes conseils.»

William venait d'apparaître dans son dos, sa pince métallique à la main. Il exhiba alors une fiche accompagnée d'une photo devant le démon.

« Blodweell Jade, 23 ans, décédée le 25 juin 1887 à 1h34. » Jetant un bref coup d'œil à sa montre, il ajouta d'un ton neutre : « Autrement dit, d'ici quelques secondes... »

Le démon se redressa brusquement, faisant face au faucheur d'un air déterminé.

«Cette âme est déjà mienne. Le contrat stipule qu'elle m'appartient depuis minuit !

William ne sembla pas impressionné.

-Dans ce cas, pourquoi ne l'avez-vous pas déjà consommée ?»

Caym resta silencieux, décontenancé par la question. Le regard de William se dirigea alors vers le corps inerte de la comtesse.

Que devait-il faire ? Faucher son âme comme la fiche le stipulait ou « laisser faire le démon » ? Ses supérieurs s'étaient montrés très évasifs sur le sujet. Personne au bureau des faucheurs n'avait voulu prendre de responsabilités dans cette affaire. Sur ce point, Mr Felbrigg avait eu raison ; les faucheurs n'aimaient pas s'impliquer. Mais après tout, c'était normal, par définition la mort se devait d'être neutre. Le combat du bien et du mal n'était pas de leur affectation.
Il fronça les sourcils, agacé que cette décision délicate ait atterri sur ses épaules déjà surchargées.

L' Âme Maudite (Terminée) SebastianxOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant