42. Disparitions Suspectes, dernière partie

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3 avril 1889

Ils venaient d'arriver à l'orée de la forêt qui encerclait le cimetière. Jade, épuisée, appuya son dos contre un chêne robuste pour reprendre son souffle. Son visage était pâle, et elle se tenait l'arrière-bras droit, marqué par une douleur dont elle ignorait la cause.

Avec précaution, Sebastian s'agenouilla pour déposer Ciel au sol, ce dernier lui infligea une gifle cinglante, le bruit résonnant dans l'air calme du matin.

«Comment as-tu osé désobéir à mes ordres ? Undertaker s'est échappé à cause de toi ! s'écria Ciel, son expression furieuse contrastant avec le calme de la nature environnante.

-Toutes mes excuses, my lord, répondit Sebastian, s'inclinant légèrement, sa voix empreinte de professionnalisme.

La jeune femme adossée à l'arbre écoutait attentivement, cherchant à comprendre la situation.

-Tu crois vraiment que tes pitoyables excuses vont suffire ! Tu n'as pas le droit de me désobéir Sebastian, ça fait partie du contrat !

-Qu'attendez-vous de moi maintenant ? demanda Sebastian d'un ton résigné, sa posture demeurant stoïque malgré l'agitation de son maître.

-Retourne dans ce manoir, tue tous ces montres et ramène ce qui reste de Louise Lehzen ! Nous devons remettre son corps à sa place dans son cercueil.

-Et les autres cadavres, my lord ?

- Laisse-les, on préviendra les agents de police de leur position.

-Très bien.

Sebastian jeta un regard en biais à Jade.

- Et dépêches-toi ! ajouta Ciel avec agacement, sa voix empreinte d'urgence.

-Bien sûr, cela ne prendra qu'un instant, acquiesça Sebastian avant de s'évaporer dans l'air, laissant une légère odeur de soufre derrière lui.

Le jeune comte se tourna ensuite vers sa servante.

-Comment es-tu arrivée ici, Héloïse ? Est-ce qu'Undertaker t'a enlevée ?

-Je... Je ne sais pas, murmura-t-elle simplement, son regard se perdant dans l'horizon.»

Ciel reporta son attention sur le manoir qui, même à cette distance, luisait toujours dans le brouillard matinal. Ses pensées s'échappèrent de ses lèvres d'avantage pour lui-même que pour Jade.

«Il y a tant de choses qui m'échappent en ce moment. Cette situation... Pourquoi Undertaker t'a-t-il enlevée ? Et ce bal ? Il est impératif que je comprenne ce qui se passe.»

Jade contempla également le bâtiment. Bientôt, la silhouette du majordome se dessina à l'horizon, portant le cadavre de la baronne dans ses bras. Il était presque à leur hauteur lorsque la tête de la défunte se détacha de son cou. Elle roula au pied de Jade. Un frisson d'horreur la parcourut alors qu'elle esquiva le contact avec dégoût.

«C'est ignoble !» s'exclama-t-elle.

Le comte, d'un calme olympien, se pencha pour ramasser la tête.

«Allons la remettre à sa place.»

Empruntant un sentier, ils se dirigèrent vers le cimetière. Le jeune garçon tenait son trophée par les cheveux, le visage horriblement décomposé se balançant à chaque pas. Jade et Sebastian les suivaient, légèrement en retrait, le majordome portant toujours le reste du corps dans ses bras.

«C'est... ton nouveau maître ? osa-t-elle timidement.
- C'est exact, répondit le démon. S'il vous demande quoi que ce soit, vous vous appelez Héloïse et vous êtes sa servante depuis trois mois.

Le regard de la jeune femme remonta vers le visage séduisant de son ancien serviteur. Celui-ci gardait les yeux fixés devant lui, préoccupé par le risque que Ciel ne surprenne leur conversation. Sa chemise blanche était souillée d'une substance noire et visqueuse, tandis que le cadavre qu'il portait continuait d'exhaler une puanteur répugnante.

-Qu'est-ce que je fais ici, Caym ? Tu... Je suis censée être morte. Est-ce que je suis l'un de ces zombies ?

Elle scruta ses mains et ses bras pour jauger l'état de son propre corps.

-Non, vous n'êtes pas comme eux. Vous êtes bien vivante.»

Il accéléra le pas.

«Et, je ne m'appelle pas Caym, mon nom est Sebastian Michaelis.»

Sur cette note, il la dépassa, la laissant seule à l'arrière. Ils venaient d'arriver au cimetière. La tombe de la Baronne était maintenant visible.

*

Le croque-mort avait immobilisé sa charrette sur un sentier champêtre, niché entre deux vastes champs de blé. Dans ce décor rural, il s'abandonnait à l'écoute du chant enjoué des criquets et au pépiement mélodieux de quelques mésanges. Un sourire s'épanouissait sur ses lèvres, reflétant le succès en cours de son plan. Telle une pièce de théâtre soigneusement orchestrée, chaque acteur prenait place sur la scène de sa machination.

La silhouette de William s'avança le long du sentier, son coupe-branche métallique en main, une mallette de l'autre. La posture du croque-mort demeura immobile, patiente, attendant que l'homme se rapproche.

«Je vous transmets les remerciements du Bureau des Affaires Générales. Il m'envoie vous remettre la récompense que vous avez exigée ; le livre de Claudia Phantomhive.»

Il lui tendit la mallette. Le croque-mort l'ouvrit et en retira un livre d'une teinte violette profonde. Le bout de ses doigts effleura la couverture, en caressant presque les contours.

«Enfin, je te retrouve», murmura-t-il d'une voix plus suave qu'à l'accoutumé.

«Je tiens également à vous remercier plus personnellement. L'affaire Héloïse me demande vraiment beaucoup de travail. Je vais enfin pouvoir laisser de côté ce dossier un moment. Même si, selon moi, ce bal macabre n'a été qu'une dispersion de ressources. Et dire que je vous ai aidé à déterrer tous ces cadavres. Enfin, c'est chose faite. »

Le croque-mort esquissa un sourire subtil, ses yeux pétillant d'une lueur perverse

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Le croque-mort esquissa un sourire subtil, ses yeux pétillant d'une lueur perverse.

« Vous pensez que mon spectacle n'a servi à rien ? suggéra-t-il, son sourire s'élargissant légèrement.

-Mais j'imagine que cela vous a beaucoup amusé, soupira William, son visage exprimant un mélange de dégoût et de fascination. Je ne comprendrai jamais votre sens de l'humour. »

Lentement, il réajusta ses lunettes, effectuant un pas latéral.

«Les impératifs me pressent, je dois me remettre au travail. D'autres tâches requièrent mon attention.»

L' Âme Maudite (Terminée) SebastianxOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant