57. Un Majordome, Contrarié, Dernière partie

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Ciel était toujours assis dans son lit, comme paralysé par les propos que lui avait tenus Sebastian. Il répétait en boucle un mantra dans le recoin obscur de son esprit : "Garde ton sang-froid, ne te laisse pas emporter par la panique. C'est simplement un serviteur, rien de plus."

Mais non, il le savait mieux que quiconque, Sebastian n'était pas un serviteur ordinaire. C'était son majordome démoniaque ! Son départ venait de bouleverser tous ses plans. Plus que ça, c'était au fait toute sa réalité qui venait de s'effondrer.

Undertaker s'approcha lentement. Sa démarche avait quelque chose d'éthéré, comme s'il flottait à la frontière entre le monde des vivants et celui des morts. Il saisit délicatement le menton du jeune comte.

«Allons, tout va bien ! Je suis là.

Ciel, consumé par la colère et la douleur, repoussa violemment cette intrusion, ses joues rougies par une fureur inextinguible.

-Je t'interdis de me toucher ! Tu restes un ennemie de Sa Majesté !

Le rire décalé d'Undertaker résonna doucement dans la pièce.

-Ah, cette loyauté aveugle envers la Reine... Votre défunt père était tout autant son esclave. Les Phantomhive, voués à la servitude perpétuelle... N'avez-vous jamais remis en question l'obéissance inconditionnelle que vous prêtez à une simple mortelle ? Vous valez tellement mieux que ça. Dites, moi, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi ce démon s'intéressait tant à votre âme ?»

Le silence de Ciel répondit plus clairement que des mots. Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres du croque-mort.

«Il y a tant de choses que vous ignorez, jeune comte. Tant de mystères enfouis dans les ténèbres. Laissez moi vous conter une autre histoire.»

*

Le démon avançait lentement à travers le hall d'entrée, un cloaque de sang et de ténèbres, souillant les carreaux de marbre poli qu'il avait, pendant des années, si méticuleusement préservé.

Les battants s'ouvrirent avant qu'il n'atteigne la grande porte. May Linn entra la première, suivie de très près par Bardroy. Puis vint Finny, portant avec une force surprenante le corps inerte d'une femme au teint cadavérique et aux cheveux d'un bleu spectral.

«Sebastian ! Nous te cherchions partout ! Cette chose rôdait près du manoir. Nous ne savons pas trop quoi en faire," s'exclama May Linn, qui du fait de sa mauvaise vue, ne remarqua pas toute suite l'état plus que déplorable de son interlocuteur.

- Hé, mais attend, est-ce que ça va ? C'est quoi tout ce sang ? s'alarma Bardroy.

-Sebastian ! Vous êtes blessé ? s'écria May Linn de plus belle.

Le majordome, tentant de garder sa prestance, s'efforça de se redresser, mais la douleur était trop intense.

- Faites ce que vous voulez de cette... femme. Ce n'est plus de mon ressort. Je ne suis plus le majordome de la famille Phantomhive, articula-t-il avec peine.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ? répliqua Bardroy, incrédule.

Sebastian fut submergé par une série de toux violentes, le forçant à s'agenouiller,

- Oh mon dieu ! La douleur doit lui faire perdre la tête, il ne sait plus ce qu'il dit, ajouta May Linn en se précipitant pour le soutenir.

Elle s'arrêta, cependant, à moins d'un mètre du majordome, interpellé par une voix qui venait du balcon.

-À votre place, je garderai mes distances. Un démon blessé et sans maître est plus dangereux que n'importe quel chien enragé.

La servante remonta ses lunettes sur son front et dévisagea le nouvel intrus. Un homme svelte aux lunettes rectangulaires, munit d'une étrange arme métallique. Elle sortit presque aussitôt les deux pistolets accrochés sous ses jupons et le mis en joue, laissant éclater sa colère.

L' Âme Maudite (Terminée) SebastianxOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant