20. His Lord, worried, deuxième partie

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7 février 1889

Avec précaution, Sebastian ajusta la couverture jusqu'aux épaules du jeune garçon.

«Avant que vous ne vous laissiez aller dans les bras de Morphée, il y a un sujet que je souhaite aborder avec vous, jeune maître.

Ciel ouvrit les yeux, le pentacle gravé dans son iris brillait dans la pénombre de la chambre.

—Qu'y a-t-il ?

—Je crains que Mademoiselle Wayte ne demeure pas au manoir bien longtemps. Il semble même probable qu'elle ne soit plus ici dès demain matin.

—Pourquoi ? Elle n'apprécie pas mon manoir ?

—Au contraire.»

Le garçon interrogea son majordome du regard, mais aucune autre explication ne fut fournie.

«Il est l'heure de dormir. Demain, vous avez des obligations matinales. Le commerçant...

—Que se passe-t-il réellement ? Qui est cette Héloïse ?

Le regard de Sebastian se fit sérieux, teinté d'hésitation. Ciel n'avait encore jamais vu une telle expression sur son visage.

—J'essaie tout juste de comprendre moi-même. Je vous promets que je vous expliquerai davantage demain, dès que j'aurai obtenu plus d'informations.»

Le jeune comte afficha une expression sévère, signifiant clairement que cette réponse ne lui suffisait pas, mais il fut de nouveau ignoré.

«Il est l'heure pour moi de vous laisser. Passez une bonne nuit, my lord.»

Sebastian quitta la chambre. Ciel se redressa dans son lit.

Qu'est-ce qui poussait Sebastian à lui cacher la vérité ?

«Sebastian, tu as prêté serment de me servir jusqu'à la fin ! N'oublie pas ta promesse !», hurla-t-il.

Le majordome, qui parcourait le couloir avec une bougie, entendit la voix de son maître. Un sourire s'esquissa sur ses lèvres. « Soyez rassuré, jeune maître, jamais je ne vous abandonnerai. »

Il descendit les marches de l'escalier principal, se dirigeant vers les quartiers des domestiques. À mi-chemin, alors qu'il pénétrait dans le salon, il ajusta légèrement sa veste, vérifiant la présence de ses couverts en argent. Il ne lui restait plus qu'à rejoindre Héloïse et à exiger des explications.

***

Vêtue d'une robe de chambre blanche, la nouvelle résidante était allongée dans un petit lit. Les deux ménagères étaient désormais contraintes de partager la même chambre.

Les yeux bruns de May Linn, dissimulés derrière ses lunettes opaques, se posaient sur le corps d'Héloïse. Cette dernière semblait plaire à Sebastian, il n'y avait aucun doute à ce sujet. Les voir proches l'un de l'autre dans la cuisine n'était qu'une preuve parmi d'autres. Le majordome ne pouvait s'empêcher de la fixer.

Un coup de foudre ? Non, May Linn aurait juré que c'était quelque chose de plus ancien... Peut-être avaient-ils déjà eu une relation par le passé. Une ancienne liaison qui avait mal tourné, une histoire de cœurs brisés. À moins que ce ne soit un amour à sens unique, une attente sans de retour...

May Lin s'allongea sur le dos, les mains jointes et continua d'extrapoler sur la vie du majordome, se plaisant à imaginer le jeune homme dans des aventures de plus en plus romanesques. Elle finit par stopper sa rêverie, réalisant que les situations devenaient un peu trop improbables.

Son regard se tourna vers la fenêtre. À travers les carreaux, le ciel nocturne semblait voilé de nuages menaçants. Il allait sûrement pleuvoir. Elle se souvint soudain du linge qu'elle avait étendu dans l'après-midi. Misère, elle l'avait oublié dehors.

Elle bondit hors du lit, submergée par la panique. Que faire ? Que faire ? Elle devait absolument le récupérer avant qu'il ne soit trop tard. Elle attrapa un panier en osier placé dans un coin de la pièce. Ses yeux s'attardèrent ensuite sur sa robe de nuit blanche. Devait-elle sortir dans cet accoutrement ou devait-elle se changer ? Son esprit s'agita, incapable de prendre une décision.

Deux coups furent soudain frappés sur la porte de bois.

May Linn, interrompue dans sa réflexion, poussa un cri de surprise. Elle prit sa respiration et alla ouvrir. Héloïse, quant à elle, resta allongée, observant la scène avec une curiosité non dissimulée.

La poignée entre ses doigts, May Linn ouvrit la porte pour révéler le visage admirablement sculpté du majordome, baigné dans la lueur d'un chandelier.

Qu'est-ce qu'il faisait là, devant sa chambre ? Il était venu la réprimander pour le linge. Elle ne voyait que ça.

«Je suis désolé, je vais le chercher tout de suite !»

Sebastian s'abstenu de répondre, se contentant d'un regard sévère. Il chercha ensuite à voir l'intérieur de la pièce, il y trouva celle qu'il cherchait.

«Héloïse, excusez-moi de vous déranger à une heure si tardive mais j'aimerai vous parler un moment. Pourriez-vous me suivre ?»

May Linn se figea. Pourquoi demander un rendez-vous en seul à seul à une heure pareille ? La réponse lui vint immédiatement. Ça ne pouvait qu'être... Ses joues s'enflammèrent de nouveau, tandis que son rythme cardiaque atteignait des sommets.

Héloïse se leva de son lit et passa dans l'entrebâillements. Le majordome referma la porte. La servante, maintenant seule, lâcha son panier et se mit à piétiner sur place, l'esprit partagé entre excitation et jalousie.

L' Âme Maudite (Terminée) SebastianxOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant