19. Amarantes et Hellébores, deuxième partie

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Le vicomte Druitt glissa la fleur qu'il venait de cueillir derrière l'oreille de la demoiselle.

«Cet hellébore vous sied à merveille. Sa blancheur immaculée se fond en harmonie avec la douceur de votre teint. Il évoque avec subtilité votre pureté et...»

Jade fut de plus en plus perplexe face aux flatteries exagérées du jeune homme. Sa grâce un brin excessive se faisait lourde, presque théâtrale.

Jodie éclata de rire.

«Un hellébore près de l'oreille ?
Savez-vous qu'autrefois, on placés ces fleurs dans les tympans du bétail pour le soigner ? raconta-t-elle en riant.

Le vicomte lança un regard noir à la femme de ménage, un sourire agacé au coin des lèvres, puis il retira la fleur de l'oreille de la comtesse avec un geste bien plus sobre que précédemment.

- N'accordez aucune importance à ses paroles. Cette femme ignore la poésie de cette rose de Noël. Mon intention n'était en rien de vous comparer à un bétail malade, mon petit rouge-gorge.

D'une délicatesse calculée, il posa sa main sur l'épaule de Jade, son sourire charmeur inchangé malgré les circonstances.

-'Mon petit rouge-gorge' ? Pourquoi pas 'mon petit papillon' pendant que vous y êtes ? Ce n'est point 'votre' oisillon, c'est celui de Geoffrey ! s'exclama Mme Peltie, tirant fermement le bras de Jade pour l'éloigner du vicomte.

-Geoffrey ? Auriez-vous déjà donné votre cœur à un autre ? interrogea-t-il, feignant l'étonnement.

-Je vous le répète depuis notre arrivée, insista la tutrice d'un ton sec.

-Peu importe. La beauté se doit d'être admirée par tous, ajouta-t-il avec une assurance indéniable, tout en attrapant lui aussi le bras de la comtesse. »

Jade se retrouva ainsi prise en étau entre les deux protagonistes, sa liberté momentanément confisquée par leurs empoignades.

«Relâchez-moi !» s'écria t-elle.

Mme Peltie finit par échapper la main de Jade et la demoiselle se retrouva projetée contre le torse du vicomte. Elle tenta de se libérer de cette étreinte étouffante, mais il la maintenait avec une fermeté déconcertante.

«Caym ! Viens à mon secours, je t'en pris ! » lança-t-elle d'un ton à la fois exaspéré et désespéré.

***

«Vous auriez dû anticiper que vous ne seriez pas à la hauteur. Un vieux faucheur déclinant face à un démon au sommet de sa puissance.

Avec un mouvement précis, Caym se pencha au-dessus du corps inerte de Gary pour récupérer les couverts qu'il avait utilisés comme armes. La tenue marron du jardinier était perforée en maints endroits, témoignant de la violence du combat. Pourtant, la mort n'avait pas encore tout à fait enserré son emprise sur lui. Ses lèvres remuèrent, émettant une voix rauque.

-Au moins, j'ai agi au lieu de simplement observer. L'Organisation des Faucheurs est peuplée par des poltrons qui refusent de s'engager... C'est à cause de de ces gens-là que les... que les démons ont pris place dans cette... dans ce...»

Il chercha ses mots, mais les ténèbres de la mort les engloutirent. Il poussa un dernier soupire avant de quitter ce monde. Le démon put enfin récupérer ses couverts. Il perçut soudain les cris de détresse de sa maîtresse. Il laissa le cadavre sur place. Il reviendrait le dissimuler plus tard.

Deux individus surgirent alors des recoins boisés de la propriété, témoins silencieux de la macabre scène qui venait de se jouer.

« Wahou ! Quelle splendeur ! Je le veux !»

L' Âme Maudite (Terminée) SebastianxOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant