39. Disparitions Suspectes, première partie

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24 mars 1889

«Sebastian !»

Le jeune conte eut à peine fait un pas que son majordome se tenait déjà face à lui, une expression impassible sur le visage.

«Que puis-je faire pour vous, my lord ?

-Qu'est-ce que signifie cette abomination ?

Le comte pointa un doigt accusateur vers la tapisserie, le dégoût se lisant sur ses traits. La pièce tout entière avait été submergée par un flot de rose fuchsia, les rideaux qui d'ordinaire ornaient les fenêtres avaient été remplacés par d'odieux motifs fleuris d'une vulgarité extrême, tandis que des cadres dorés affichaient des peintures de papillons disséminés sur les murs.

-Vous avez aujourd'hui une réunion avec les lords Riegel, my lord. L'objectif est de les persuader d'adopter vos friandises dans leurs boutiques. Leur empire commercial s'étend à travers toute l'Europe.

-Et quel rapport avec cette décoration grotesque ?

Sebastian tendit au jeune homme un journal, l'ouvrant à une page précise. L'article en question était parsemé de papillons, de fleurs et de petits oursons.

-J'ai pensé qu'il serait judicieux de montrer à vos invités à quel point votre marque s'harmonise avec la leur. Cependant, soyez rassuré, je comptais tout remettre en ordre dès leur départ.

-Je refuse catégoriquement d'associer l'image des Phantomhive à une entreprise aussi vulgaire ! Annule immédiatement ce rendez-vous !

-Si je puis me permettre, un partenariat avec cette famille allemande serait hautement profitable. On raconte qu'ils s'apprêtent à dévoiler une nouvelle confiserie d'une saveur totalement inédite, goûtée jusqu'à présent par un nombre restreint de spécialistes, mais déjà célébrée dans toute l'Allemagne.

-Vraiment ?» Ciel resta silencieux quelques instants, perdu dans ses pensées. «Si ce bonbon  est réellement à la hauteur des rumeurs, il nous le faut absolument. Rassemble toutes les informations possibles et recréez-le au plus vite. Je veux que notre nouvelle création soit sur le marché bien avant la leur ! Considére cela comme un ordre.

-Yes, my lord", répondit le majordome en s'inclinant.

- Et, avant cela, débarrassez-moi de cette décoration hideuse ! Elle me donne envie de vomir.

- Êtes-vous certain de ne pas vouloir inviter Mademoiselle Elizabeth cet après-midi ? Je suis persuadé qu'elle serait ravie de contempler tous ces papillons.

-N'y pense même pas !»

2 avril 1889

Ciel vérifia rapidement le cachet de cire sur l'enveloppe que lui tendait son majordome. Se redressant du fauteuil dans lequel il était confortablement installé, il rompit le prestigieux sceau de la Reine avec une précision méticuleuse.

« Mon cher enfant,

J'ai eu l'occasion de goûter l'une de tes nouvelles sucreries il y a deux jours : les petites tortues colorées en gélatine. J'avoue être conquise. Quelle idée brillante ! J'ai demandé à Charles de m'en faire livrer. J'en proposerai lors des réceptions à la cour. Tes créations sont toujours un régal.

J'ai une enquête à te confier. Tu l'as peut-être appris en lisant les journaux récemment, quelque chose d'étrange est en train de se passer à Kettering dans le Northamptonshire. Chaque nuit plusieurs corps disparaissent des cimetières. Les enquêteurs que j'ai envoyés sur place n'arrivent pas à identifier de coupable. Les morts continuent de disparaitre malgré la présence des agents de police. Cette situation m'inquiète beaucoup. Une amie très chère, la Baronne Louise Lehzen y est enterrée. Je ne voudrais pas que sa sépulture soit elle aussi profanée. Je compte sur toi et ton majordome pour résoudre cette affaire au plus vite.

L' Âme Maudite (Terminée) SebastianxOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant