54. Un Majordome, Contrarié, première partie

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William s'insinua discrètement par une fenêtre et entra dans la chambre du majordome. Héloïse, assise sur le lit, était occupée à remonter d'un geste quasi automatique ses bas noirs.

« Bonsoir, Héloïse », annonça-t-il avec calme, marquant sa présence.

Elle ajusta rapidement ses jupons pour dissimuler ses jambes, puis se tourna vers lui. La robe qui glissait de ses épaules dévoilait sa peau d'une pâleur presque cadavérique. Son visage ne trahissait ni peur ni colère, mais plutôt une profonde lassitude.

« William ! Vous êtes venu me chercher pour me ramener, n'est-ce pas ? supposa-t-elle, anticipant son intention.

Le faucheur s'approcha du lit, conservant son calme olympien.

- En effet, le département Médico-légal souhaite que je vous reconduise à leur laboratoire.

Un soupir léger échappa à Héloïse, empreint d'une acceptation résignée.

- Puis-je au moins comprendre pourquoi vous vous acharnez autant à vouloir m'emprisonner ? Je suis aussi vulnérable qu'une pauvre humaine dans ce corps

William secoua la tête.

-Je ne peux rien vous dire, votre dossier est strictement confidentiel.

Elle accepta cette réponse avec une pointe de résignation.

- Bien. De toute façon, je crois que je préfère vous suivre que de rester ici. Je ne supporte plus la proximité de ce démon ! Et cette Jade est tellement pathétique...

William sembla réfléchir un court instant.

- Croyez-vous toujours que Sebastian l'aime ? demanda-t-il.

- Je l'ai cru au début, mais il n'a pas hésité à la faire souffrir pour s'assurer qu'elle ne s'éloigne pas de lui. Il ressent quelque chose d'inhabituel pour elle, très certainement, mais je ne crois pas qu'on puisse appeler ça de l'amour. Il cherche plutôt à la contrôler, comme s'il craignait qu'elle ne lui échappe, expliqua-t-elle avec une lucidité amère.

William resta pensif, explorant les méandres de cette réflexion. Les démons avaient jailli du désespoir de Lucifer après la trahison d'Eloa. Leur avait-il transmis inconsciemment sa peur de l'abandon ? Bien sûr, cela ne les justifiait en rien dans leurs actions égoïstes et cruelles, mais cela pouvait expliquer certains de leurs comportements.

- Vous avez raison. Ma question est ridicule. Évidemment que les démons ne peuvent pas comprendre ce que signifie réellement tenir à une personne, la respecter, et désirer son bonheur. Ce sont des créatures égoïstes et cruelles qui ne connaissent que la violence, la manipulation et la domination. Ils sont exécrables, admit William.

Héloïse baissa brièvement les yeux, semblant réfléchir à son tour.

-J'ai une proposition à vous faire, William, annonça-t-elle.

-Je vous écoute.

-Aidez-moi à tuer Sebastian, et je vous suivrai volontairement jusqu'aux laboratoires où vous devez m'emmener », proposa-t-elle.

-Je ne suis pas assez fou pour affronter un démon sans l'ordre formel de ma hiérarchie, répliqua-t-il, sans une once d'hésitation.

Héloïse baissa de nouveau les yeux, semblant déçue par cette réponse prévisible. Puis, brisant le silence tendu de la pièce, William poursuivit :

« Mais... j'ai peut-être quelque chose qui pourrait vous intéresser. »

Il glissa une main sous sa veste noire

***

Des décharges de foudre déchiraient le ciel nocturne, éclairant par instants les pièces du manoir. ​​La pluie ruisselait bruyamment sur les vitres du bâtiment, plongé dans une obscurité profonde.

Une forme noire, étrange, difforme et aux limites mal définies filait furtivement à travers les couloirs. Elle laissa sur son passage quelques plumes noires. Le démon, maintenant dépourvu de nom, se dirigeait vers son ancienne chambre.

Il poussa doucement la porte entrebâillée et pénétra dans la pièce. Presque immédiatement, il reprit son apparence majestueuse de majordome

La jeune servante était assise sur son lit, attendant dans l'obscurité. Il s'approcha d'elle avec grâce, s'agenouilla, et entreprit de rattacher délicatement les boutons de son col.

«Nous devons partir, my lady, annonça-t-il d'une voix maîtrisée.

-Pourquoi ? Que s'est-il passé ?

-Je ne suis plus le diable de majordome du comte Phamtohive.

Elle saisit brusquement le costume noir du majordome et fit glisser un poignard de métal finement dissimulé sous sa manche. Elle l'enfonça sans hésitation dans la poitrine du majordome avec une force inattendue. Le beau visage du jeune homme se crispa légèrement, mais il ne broncha pas. Au contraire, il soutint son regard avec intensité, tandis qu'elle dirigeait l'arme meurtrière vers sa gorge, élargissant l'entaille béante. Des morceaux de bandes cinématiques commencèrent à s'échapper de pars et d'autres de la plaie, tandis qu'une aura obscure et étouffante se formait autour d'eux.

Les pupilles autrefois rouges du démon s'agrandirent démesurément, sa bouche se distordit en une fente édentée, abandonnant toute ressemblance avec le beau serviteur que Jade et Ciel avaient connu. Héloïse faisait face à une bête ignoble, à peine descriptible tellement elle violait les lois de la Nature.

«Cette apparence vous sied si bien, Mr Crow !» murmura l'ange d'une voix emplie de haine, un sourire cruel étirant ses lèvres.

Le sang brûlant du démon se répandit abondamment sur la robe de la servante et sur le parquet de la chambre. D'un geste monstrueux, la créature saisit le cou de la jeune femme. Héloïse ferma les yeux, mais son sourire persista, elle savait que ces instants marquaient la fin de sa si longue existence. Une douleur incandescente envahit son être, et malgré ses efforts pour la contenir, un hurlement strident de douleur s'échappa de ses lèvres, résonnant en un sinistre écho à travers les couloirs lugubres du manoir.

L' Âme Maudite (Terminée) SebastianxOCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant