Chapitre 4.1

1 0 0
                                    

"Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait"

Marc Twain (Ecrivain américain)


(Bellatrix)

Pauvres bêtes ! Je n'aime pas que l'on fasse gratuitement du mal aux animaux. Je suis, ce matin toute retournée. Ghislain m'a agacé, de mettre autant de temps à se réveiller. Mais maintenant qu'il nous a rejoint, j'attends de voir ce qu'il en pense.

Hormis le fait qu'elles aient été abattues dans leur sommeil, il ne rajoute plus rien. Je le vois, plongé dans ses réflexions.

Mais lorsque la doyenne prend la parole pour nous annoncer qu'elle ne nous a pas tout dit, je commence à être inquiète. Je savais bien qu'une telle somme était dérisoire et donc qu'il y aurait un piège. Mais lequel est-il ? Nous sommes tout ouïe... ou presque puisque c'est ce moment que choisit Voldemort pour apparaître sur la terrasse et se jeter sur les dépouilles. Berk, c'est dégueulasse. Heureusement Alice l'a rapidement maitrisé et nous choisissons finalement de rentrer s'assoir au salon.

La discussion promet donc d'être longue.

Une fois tous assis. Madame Del Castelix, qui, au contraire est restée debout et fait les cent pas, comme pour trouver une solution à son problème, nous fait face.

- Il y a quelque chose que j'ai gardé secret lorsque je vous ai proposé ce contrat de cohabitation intergénérationnelle, car je ne savais tout bonnement pas comment l'évoquer avec vous. Mais compte-tenu de la situation, je n'ai plus le choix. Il faut que je vous dise tout.

Le silence qui s'ensuit se fait lourd.

- Cette maison, je l'ai achetée avec mon mari, tout juste après notre mariage, il y a de cela une bonne soixantaine d'années maintenant. Or, quand ce dernier est mort, étrangement, des choses étranges ont commencé à apparaître.

Devant cette nouvelle, nous demeurons tous la bouche grande ouverte de stupeur pendant un instant, avant qu'elle-même ne reprenne la parole.

- Je ne suis pas prête d'oublier la première chose anormale qui est apparue puisque je revenais de l'enterrement de mon défunt mari lorsque j'ai découvert sur ma fenêtre de cuisine, une grosse tâche de sang. Quelques mois plus tard, une drôle de lueur est apparue au pied de mon lit, alors que j'allais m'endormir. Depuis, il ne se passe pas une vingtaine de jours sans que quelque chose d'étrange ne se produise.

Ghislain se décide à lui poser une question :

- Tout s'est passé à l'extérieur ?

- Non, justement ! Tant que c'était dans le jardin ou que cela pouvait être fait de dehors, on pensait que c'était quelqu'un qui cherchait à se venger, voir à m'obliger à partir d'ici.

- Pourquoi partir ?

- Parce que j'ai reçu plusieurs offres de rachat alors que je n'ai jamais mis aucune annonce, mais un petit plaisantin, au contraire, semble l'avoir fait pour moi.

- Vous pensez qu'il s'agit d'une vengeance ?

- Au début, c'est ce que je croyais... Jusqu'à ce que cela apparaisse également à l'intérieur. Je m'explique : à la mort de mon mari, j'ai voulu changer de chambre et j'étais installée dans la tienne, Ghislain. Mais un matin, Dieu merci, j'ai le sommeil léger, une drôle d'odeur m'a réveillée et je me suis rendue compte, qu'un début d'incendie avait pris sous ma fenêtre. J'ai eu le réflexe de jeter ma carafe d'eau sur mon drap avant de la balancer sur le foyer. Mais peine perdue. Heureusement, à l'époque, c'est ta grand-mère, Alice, qui passant devant chez moi, a appelé les pompiers avec son portable. Moi je n'en n'ai jamais voulu et bizarrement ma ligne fixe ne fonctionnait plus.

Elle nous énumère tellement d'autres cas, que je crois qu'elle nous raconte des cracs pour nous faire déguerpir d'ici. Peut-être veut-elle retrouver sa tranquillité et se rend-elle compte que ce n'est pas un bon plan que d'accueillir des jeunes chez elle ?

Mais le fait, que juste après nous avoir tout dit, elle nous supplie de ne pas l'abandonner, me montre à quel point j'avais tort de penser cela. Je n'arrive décidément pas à la comprendre. L'espace d'un instant, elle est douce et souriante, le moment d'après, c'est une personne autoritaire et maintenant, elle cherche notre pitié.

C'est finalement Ghislain qui l'interroge à nouveau :

- En avez-vous parlé à la police ?

- Oui, mais comme vous vous en doutez, cela n'a rien donné.

- Voulez-vous que l'on enquête nous-même ?

- Déjà, désormais vous serez au courant et pourrez davantage surveiller vos arrières. Ensuite, j'ai un arrière petit cousin détective que j'ai engagée, il y a quelque mois pour m'aider.

- C'est lui qui est passé cette nuit ?

- Ah, vous l'avez vu ?

- En effet, comme je ne parvenais pas à dormir, je me suis mis à ma fenêtre et j'ai vu une silhouette se faufiler à votre portail.

- Il m'avait justement conseillé de vous mettre au courant car il avait peur, un jour de tomber sur l'un de vous et de ne pas savoir quoi dire pour justifier sa présence ici.

Finalement ce séjour ici me semble grandiose : en guise de tranquillité, il se passe des choses folles et on va enquêter de notre côté ? Je suis trop contente ! Mais bon, il ne faudra pas que j'oublie mes études avec tout ça.

A voir la tête que fait Alice, pas de doute, elle semble aussi emballée que moi. Il faut dire qu'elle doit déjà penser à quelle méthode, elle va pouvoir utiliser pour nous en mettre plein la vue. Par contre mon Ghislain semble avoir du mal à encaisser tout ça. C'est vrai qu'il est phasmaphobique* et cela ne va pas l'aider.

C'est finalement moi, qui reprend la parole.

- Bien évidemment, nous allons rester. Mais dans un premier temps, je vous demanderais de ne rien dévoiler à nos parents respectifs, sinon, nous ne garantissons pas qu'ils nous laisseront chez vous. Ensuite, je veux rencontrer votre détective et qu'il nous fasse un point précis de tout ce qui s'est passé.

- Le plus urgent va être de savoir si nous avons affaire à une âme errante ou au contraire un humain démoniaque, qui aurait intérêt à faire tout ça. Ajoute Alice.

- Vous avez une arme chez vous ?

- Tu n'y penses pas, à mon âge !

- Je serais vous, j'achèterais un taser parce que si je doute que cela fasse quelque chose sur un fantôme, en revanche, si vous avez affaire à un bandit, ça devrait le calmer.

- Mais pourquoi un bandit, voudrait-il me faire mourir de peur ?

- Hum, vous venez probablement de mettre le doigt sur quelque chose d'important ! Quand vous dîtes mourir de peur, c'est peut-être bien au sens propre ce qu'il espère.

- Que je meurs ?

- Sans indiscrétion, en cas de décès, qui hérite ?

* Peur des fantômes

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant