- Non, Bérangère ! Je laisse tomber l'héritage pour le moment, mais Elyne tu es toujours ici chez toi. Rien ne change pour le moment.
A ces mots, je recommence à fulminer. Ce n'est pas vrai, mais que lui a-t-elle fait pour qu'il soit autant attaché à elle ?
Et mon calvaire est loin d'être achevé puisqu'il m'annonce, dans la foulée, que bien réfléchi, il maintient la visite de "ma famille" pour le dimanche. Ceci nous donnera ainsi, le privilège de recoller les morceaux ! Non mais je vais les lui faire avaler ses pièces de puzzle à ce vautour des sentiments !
Si j'avais bien décidé de ne pas apparaître ce jour-là, étrangement, lorsque j'eus pris mon petit déjeuner, que par gentillesse, mon mari m'avait monté au lit, je me suis sentie étrange.
Mieux que ça ! Quand Charles-Henry m'a demandé de me lever et de me préparer, j'ai eu envie de l'envoyer promener. Sauf que mon cerveau s'est fait docile et l'a écouté. Sur le coup, il m'a regardé, comme amusé puis m'a même aidée à mettre ma plus jolie tenue. J'étais subitement prisonnière de mon corps. Un peu plus tard, il m'a annoncé que nous descendions attendre au salon et telle son esclave, j'ai pris sa main qu'il m'avait tendue et l'ai suivi.
Sur place, Elyne était là. Mais pire que ça, elle semblait jubiler.
- Le café était très bon, on dirait ! Se permet-elle de niaiser.
- Effectivement, un pur plaisir. Lui répond son acolyte.
Si j'avais un doute, je n'en n'ai plus aucun. Elle vient de m'empoisonner avec son accord. J'en pleurerai de dépit car je ne veux pas mourir moi. Les enterrer, eux, oui mais pas moi ! J'ai beau essayer de résister, rien n'y fait. Et comme Charles-Henry doit savoir ce que je ressens, il l'interroge à nouveau.
- Ça doit durer combien de temps ?
- Quatre bonnes heures et puis progressivement cela devrait commencer à ne plus faire effet.
- Donc, chaud devant !
- C'est ça !
Ces monstres osent même parler devant moi, sans honte ni reproches.
- Ne t'en fais pas, ma chérie, ce produit est juste là pour te détendre un maximum afin de rendre la visite de ton cousin plus agréable pour tout le monde. Je t'ai promis que je ne signerais aucun testament et je vais m'y tenir. Ne t'en fais pas. D'ailleurs Elyne m'a affirmé ne pas nous en vouloir de ne pas établir ce fichu papier. En revanche, elle souhaiterait que je l'adopte... Non, non, pas toi ! Ne t'en fais pas ! Juste moi. Cela fera comme si je l'avais eu plus tôt, du temps ou par exemple nous étions séparés.
Oui tu l'aurais eu avec cette salope de Kristen qui a essayé de te ravir à moi. Elle t'obsède encore celle-là, qu'il te faut t'inventer une fille d'avec elle ? Tu as de la chance que toute ma colère ne puisse pas sortir et que je sois condamnée à rester muette mais tu ne perds rien pour attendre.
- A voir sa tête, je n'ai pas l'impression que cela lui plaise non plus !
- Tu as raison, c'est dommage.
Mais la sonnerie de l'entrée se fait entendre et bien malgré moi, je demeure dans ce fichu fauteuil où l'on m'a faite assoir comme une impotente. Je n'ai pas à attendre longtemps avant de le revoir face à moi. Décidément, je me sens bien seule, aujourd'hui.
Je ne peux que constater que depuis la dernière fois que je l'ai mis dehors, son physique a pris une certaine maturité et comble de l'ironie, plus que jamais, il me rappelle la seule photo que j'ai de mon grand-père maternel.
Je blêmis quand il m'appelle Cousine. Puis sans plus de manière, Bérangère prépare l'apéritif. Je vois qu'elle a sorti le grand jeu puisque ce sont carrément des petits canapés du traiteur qui sont servis sur mes beaux plats. Evidemment, à moi on ne me propose ni boisson, ni à manger. Probablement que si j'avale quelque chose, cela calmera plus rapidement l'effet de leur poison. Je vais tous les tuer quand je serais revenue en possession de mon corps !
- Je suis ravi de faire ta connaissance Thiefen.
- Vous êtes bien le seul. Mais croyez-moi, c'est réciproque. Et contrairement à ce que peut croire Bérangère, ce ne sont pas vos sous qui m'intéressent mais simplement la fibre familiale. Je n'ai pas eu de chance dans cette vie car moi qui aurait tant aimé avoir une immense famille avec des parents aimants, des frères et des sœurs, des oncles et des tantes....
Accouche, connard, on a compris. Tu es le bon Samaritain et moi la vieille salope !
- ... j'aurais organisé de grandes cousinades. Mais en définitive, je n'ai plus que cette cousine qui me déteste !
- Je constate quelque chose, au demeurant, c'est que ce n'est peut-être pas vain que votre famille soit à l'agonie et que tous deux, une fois morts, elle s'éteindra. Là-haut, il n'a pas aimé comment vos ancêtres se sont comportés et a donc fait en sorte que tout cela cesse !
Non mais entendez-là parler. On dirait le gourou d'une secte basée sur l'amour de sa dynastie. Pour quelqu'un qui n'a pas hésité à trucider ses géniteurs, c'est assez culotté.
Les heures passent et finalement, je me rends compte que si ce garçon n'avait pas été la progéniture de cette branche maudite, j'aurais pu bien m'entendre avec lui. C'est probablement pour cela, que la dernière fois, nous nous étions déjà accordé comme chien et chat tant que je ne savais pas qui il était. Quant à son parcours professionnel, rien à dire. Il est brillant. J'aurais eu un fils comme lui, j'aurais été fière. Mon Dieu mais que m'arrive-t-il ? Sous l'effet de cette potion maudite, j'en arriverais à bien l'aimer. Quelle horreur ! Elyne va me payer ça sous peu ! Je le jure devant Satan en personne ! Si je mens, je la rejoindrais en enfer !
Soudain, sans que je m'en rende compte, ils ont abordé un nouveau sujet et en discutent tous ouvertement, comme si je n'existais pas. Mais j'estime avoir le droit à la parole, quand même !
- Tu es sûre de toi ?
- Oui, oui, ne t'en fais pas. Je reviendrais. Mais il faut que ta femme se rende compte que je ne suis pas là par désir de récupérer votre fortune. Ici, je me sens bien parce que même si tout n'est pas parfait, j'ai trouvé une famille d'adoption. Mes parents ne m'ont jamais regardé comme toi tu l'as fait. Toi, je te considère au pire, comme mon papy, au mieux, comme mon père d'adoption. On a plein de points communs, on s'entend sur plein de choses. Je vais vivre un temps avec Thiefen, je vais surtout peaufiner mes techniques puis dans un an, je reviendrais et on verra ce que l'on fait. Mais rassure-toi. Avant que je ne parte, j'ai bien l'intention de te montrer comment fonctionne le modernisme afin de pouvoir se voir tous les jours à distance.
Soudain, alors que je n'y pensais plus, je me rends compte que je peux remuer les mains puis les jambes également. C'est donc fière de moi, que je me lève d'un bond, les faisant tous sursauter.
- Je te conseille donc de vite aller faire ta valise car après ce que tu m'as fait, 365 jours ne seront pas assez pour faire retomber ma colère. Je ne veux plus te voir ici.
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La musique maléfique...
Mystery / ThrillerBellatrix est une brillante étudiante qui a toujours baigné dans le monde des livres. Pour parvenir à ses objectifs professionnels, elle surenchérit encore et toujours. Une vie sentimentale ? Aucune ! Une vie de famille épanouie ? Que nenni ! Des lo...