Chapitre 1.1

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"La persévérance est une qualité déterminante du succès."

Samuel Ferdinand-Lop (Journaliste, écrivain, poète et humoriste français)


Je me présente, je m'appelle Bellatrix. Je dois ce prénom à ma mère et sa passion pour le livre de Harry Potter paru quelques mois avant ma propre naissance. Ce nom est latin et signifie guerrier... tout moi, ça ! Je suis d'ailleurs née dans une famille de libraires, de génération en génération depuis fort longtemps. Sauf que moi, si c'est bien le métier du livre qui me passionne, je préfèrerais travailler dans l'édition ou le journalisme. Bref, ma mère vend des écrits et moi je veux pouvoir fabriquer ces derniers.

Si je dois me décrire, hum difficile à dire... Je suis persévérante, j'aime le travail bien fait et pour cela, je ne compte jamais mes heures. C'est peut-être pour cela que dès mon plus jeune âge, je n'ai jamais eu beaucoup d'amis. Le seul que j'ai depuis mes deux ans et que je définis comme frère de cœur, c'est Ghislain. Mon meilleur ami a toujours été là pour moi. Que ce soit lorsque mon père nous a quitté, ma mère et moi, sans jamais se retourner alors que je n'avais que cinq ans ou bien quand j'ai commencé à devenir gothique au collège. Si mon look a quelque peu évolué (études obligent), j'ai gardé ma couleur fétiche, à savoir le noir, sur ma garde-robe et du jour au lendemain, j'ai adopté une coupe de cheveux ultra courte à la garçonne.

Parce que je suis consciente que physiquement avec mon bonnet A et ma silhouette sans forme, certains ont du mal à définir si je suis une femme ou un mec, alors j'use d'artifices comme le maquillage, le vernis à ongles ou des casquettes. En matière d'études, après avoir obtenu mon master de lettres, j'ai réussi le difficile concours d'entrée de l'IEP à Lyon. Et si ma mère n'a jamais compris pourquoi je voulais faire Sciences Po, elle m'a financièrement aidée pour les frais d'inscription, calculés sur les revenus fiscaux des parents.

Et si depuis nos années de fac, avec Ghislain nous avons toujours opté pour de la coloc à deux, cette fois-ci, je suis bien ennuyée car mon frère de coeur, lui, a fini ses études. Après son école d'ingénierie, il est rapidement parvenu à décrocher un poste de chef de chantier. Mais désormais, il ne souhaite plus habiter le centre-ville et s'est donc mis à la recherche d'une petite maisonnette dans l'Ouest lyonnais. Du coup, je ne sais pas comment je vais faire. Impossible que je demeure chez ma mère car je n'aime pas le mec qu'elle fréquente et qui est à peine plus vieux que moi. Quant à trouver un studio dans mes prix, c'est impossible.

Il est certain que je ne vais pas baisser les bras mais le marché de la colocation immobilière en constante augmentation ne me facilite pas la tâche. Pourtant, j'ai choisi de m'inscrire sur l'un des sites les plus en vogues pour la cohabitation. Tu crées ton profil et résumes en quelques phrases, ce que tu recherches. Puis tu consultes les annonces qui sont déjà en ligne et reçois les nouvelles dès leur parution. Mon principal souci se trouve que sur le prétexte que ces logements se trouvent en plein centre-ville, on te demande entre 600 et 800 € + les charges, pour une chambre et ses espaces de vie.

Ma rentrée a lieu dans moins de huit jours maintenant et je suis toujours coincée dans ma chambre de bonne, chez ma mère et son conjoint. Pendant les vacances scolaires, je me débrouille pour habituellement être le moins possible ici mais quand tout le monde a repris le chemin de l'école ou du boulot, je n'ai pas réellement le choix. Et puis Ghislain bosse ! Et sans lui, je me sens perdue.

Ce mec je l'adore, mais nous ne serons jamais davantage que des frères de cœur car il n'aime que les hommes. Et si moi, je n'ai jamais connu l'amour, lui, en revanche, n'a pas trouvé le grand. Celui qui n'arrive qu'une fois dans notre vie, à condition de ne pas passer devant sans le voir. Par contre, il a une immense famille, pour la plupart, d'origine italienne. Et si je les adore, à l'inverse, personne ne sait que Ghislain est homosexuel, sinon ce serait un drame pour cette famille très croyante et très coincée. Aussi, les laisser croire que je suis sa petite amie, ne lui pose aucun souci. Mieux, c'est une délivrance pour lui. Mais le jour où je ferais moi-même, la rencontre du siècle, il devra trouver un autre mensonge.

Ma mère et mon beau-père ont beau avoir acheté un bel appartement dans du neuf, rien à faire, les cloisons sont de véritables cartons et j'entends tout ce qui se passe aussi bien dans une autre pièce que chez les voisins. Il me tarde de redéménager et que mes études occupent tout mon temps libre. Je mets mon casque avec de la musique classique pour ne plus entendre les cris de ma mère qui se dispute encore avec cette merde qui reste à ses crochets. Car ce monsieur ne voit pas l'intérêt de travailler alors qu'il s'est trouvé un pigeon qui rapporte le pognon à la maison. En échange, il lui donne son plaisir quotidien et ça s'arrête là. Je suis certaine que chaque fois que Maman part en séminaire ou autre pour son boulot, il en profite pour s'offrir du plaisir ailleurs. Il faut dire que Moumoune n'est pas une simple libraire. Non, non, à ce jour, elle n'a pas moins de quatre boutiques, ce qui lui demande une grande gestion.

Je ferme les yeux tandis que la Symphonie n°5 de Beethoven commence à s'égrener dans mes oreilles. Mon cœur semble se recroqueviller sur lui-même... je me force à me concentrer sur chacune des notes, l'une après l'autre. Mais soudain, je sens cette main sur mon épaule... Je ne bouge pas... je ne veux pas voir et rien ressentir lorsqu'elle descend attraper mon sein. Je garde les yeux désespérément fermés même lorsque l'on m'oblige à me lever et à me dévêtir... bientôt je sens quelque chose entre mes jambes... Je ne dois pas crier... ne pas résister.... Cela ne durera pas....

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Lorsque ma musique cesse, je me risque à ouvrir les yeux... Cela fait pourtant un long moment que je suis à nouveau seule et que la pénombre est tombée dans ma chambre. Sans un mot, je me contente, de finir de me déshabiller puis après avoir revêtu mon peignoir, je m'empresse de me rendre dans la salle de bain qui se trouve en face de ma chambre. Tandis que je fais couler un bain, je m'observe dans le miroir. Aucune trace de larme ne se trouve sur mes joues et mon trait d'eye liner n'a pas bougé. En revanche, mon rouge à lèvre est à moitié effacé...

Je quitte mon peignoir et me caresse lentement. J'ai l'impression d'entendre encore la danse de la fée dragée de Tchaikovski lorsque ma main s'attarde sur mon sexe mouillé. J'enjambe alors la baignoire et me laisse glisser au fond de l'eau. Comme si le fait d'immerger mon visage pouvait faire disparaître cette détresse au fond de mon cerveau.

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant