Chapitre 4.3

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Une fois dans sa chambre, je constate que cette pièce est beaucoup plus spacieuse que celle de Ghislain ou bien la mienne. En revanche, elle devait être également très nettement plus rustique, avant qu'elle ne se la personnalise totalement. Désormais, on dirait presque un petit studio. Je comprends mieux maintenant tous les allers retour que je l'ai entendu faire hier.

Et pour une fois, je suis très contente de voir Voldemort, quant il vient vers nous en miaulant. Je revois encore devant mes yeux le cadavre de ce pauvre chat tout noir ensanglanté dont on a coincé la tête dans le trou fait à cet usage, dans l'un des pavés. Et comme si cela ne suffisait pas, on lui avait enfoncé une petite barre de fer par l'anus, qui avait traversé toute son anatomie pour le faire ressortir par la gueule et sans doute permettre de le maintenir dans cette position horrible. Rien que d'y penser, j'en tremble à nouveau. L'espace d'un instant, j'ai cru que quelqu'un s'en était pris à Voldemort !

- Tu crois que là encore, on a voulu nous fournir un message ?

- C'est certain.

Tandis que notre félin se réinstalle au sommet de son grand arbre à chat, Alice sort une bouteille d'eau fraîche de son petit frigo et nous en sert un verre à chacune.

- Oui, oui, me dit-elle, avant que je n'aie le temps de faire une seule remarque. J'aime le confort et pouvoir rester dans ma tanière si je ne me sens pas bien. Donc j'emmène toujours mon petit réfrigérateur d'appoint ainsi que mon micro-ondes et mon Senseo.

Puis elle sort une nappe en tissus noir de son placard et en drape la petite table ronde de jardin, qui est, là encore, probablement à elle. Après avoir allumé quelques bougies ça et là dans la pièce, elle me propose de m'assoir tandis qu'après avoir lentement battu puis coupé de la main gauche le paquet, Alice tire quatre cartes et les déposes, faces cachées, sur la table.

Durant ces quelques minutes, on aurait pu entendre une mouche voler, tant le silence est roi. Enfin, elle les retourne l'une après l'autre. Personnellement, je n'y connais rien et je ne sais même pas si je dois y croire. Dans ce domaine, il y a tellement de charlatans et de gens incompétents que je n'ai aucune idée de ses dons, si elle en a vraiment.

Toutefois, si les cartes qu'elle utilise sont très jolies, la moue qu'elle fait, me fait comprendre que ce n'est pas du tout ce qu'elle voulait voir.

- Excuses moi, l'espace d'un instant, j'ai oublié que je n'étais pas seule. Je suis en train de consulter l'oracle du tarot persan pour voir si cela pourrait nous donner un indice.

- Et alors ?

- A vrai dire, je ne sais pas, c'est étrange.

- Pourquoi ?

- J'ai demandé ce qui se passe ici et d'entrée de jeu, je sors la sorcière. C'est une carte plutôt négative, qui met en garde contre, des intrigues, des pièges... voir des troubles psychiques.

Lorsque je l'entends énumérer tout ça, je me sens mal à l'aise. Que voit-elle vraiment ? Ce qui se passe dans cette maison, ou dans mon intérieur ?

- Ensuite, comme tu t'en doutes, celle-ci, c'est la mort. Elle annonce la tristesse, les larmes, la mélancolie, l'isolement, une séparation ou un décès.

- Ça fonctionne pour les animaux ? Ou peut-on craindre qu'il y ait quelque part dans le coin, des cadavres ?

- C'est étrange car celle qui est à côté est la reine Cimeterre. Elle, c'est plutôt la femme seule, délaissée... du coup, à côté de la mort, on peut imaginer qu'il s'agit d'une veuve, donc la proprio. Je vois des risques de jalousie et de conflits autour d'elle. Enfin, le trois de Cimeterre, donne le ton : je sens des échanges difficiles, des troubles moraux... Pour aujourd'hui, je ne peux pas en dire davantage. A vrai dire, cela ne fait que six mois que je fais de la cartomancie et je n'ai jamais eu autant de négativité en un seul tirage. J'ai le sentiment d'avoir mis la main dans un nid de scorpions venimeux.

- Tu as raison, de ce que tu as dit, ça sent les emmerdes à plein nez. Ce qui est tout à fait bizarre venant d'un jeu aussi gai et coloré.

Je reçois bientôt un appel de Ghislain, qui est déjà sur le chemin du retour. Il est furieux et parle très vite. Quand, au bout de quelques minutes, je raccroche, Alice me demande ce qu'il y a.

- Les flics ne l'ont pas pris au sérieux. Pour eux, c'est triste pour la bestiole, mais s'ils devaient perdre du temps à cause de tous les tarés qui se défoulent sur les bêtes... Il a bien insisté sur le fait qu'il y a un manque d'effectif... toujours pareil !

Je suis blasée car cela me conforte dans le fait qu'il y a toujours deux poids, deux mesures dans ce pays. A nous de jouer les détectives !!!

Mais quand nous redescendons sur le lieu du crime, c'est pour découvrir qu'il n'y a plus rien ! Mieux : le sang a été nettoyé à grands coups de seaux d'eau et probablement de javel.

A son retour, Ghislain apprend par notre hôte, que c'est elle qui a débarrassé tout l'ensemble. Comme quoi, elle n'est pas impressionnée facilement et celui qui est décidé à lui faire peur a, semble-t-il, du pain sur la planche !

J'ai soudain besoin de rester seule. Je monte alors dans ma chambre et me couche en boule sur le lit puis je mets mon casque sur les oreilles. 1er prélude de Bach égrène ses premières notes, tandis que je réfléchis à ce que je sais de toute cette mascarade sordide qui a lieu entre ces murs. Puis tandis que les morceaux s'enchaînent, je sens monter en moi une sueur froide. Je suis en train de ranger une boîte d'archives lorsqu'une main presse ma bouche tandis qu'un corps beaucoup plus grand que moi se presse contre mes fesses. Surprise, je sens une bosse dure tandis que la seconde main, s'est faufilé sous ma jupe... J'ai si peur. Que me veut-on ? Mais déjà mon slip est arraché, tandis que l'on me propulse à terre. Je n'ai pas le temps de me relever et fuir qu'il se jette sur moi et bientôt j'aurais hurlé de douleur si je n'avais pas eu cette boule de tissus enfoncé dans ma bouche. J'ai alors le courage d'ouvrir les yeux malgré les larmes qui m'aveuglent à moitié. Et là, surprise, je le reconnais avec stupeur. Mais déjà, il a fini sa petite affaire et se rhabille sans un mot et sans un regard pour moi. J'ai peur et me sens si sale. Et puis j'ai mal... si mal ! La tâche de sang est la preuve de ma virginité si durement perdue.

J'arrache violemment le casque et le balance à terre. Je ne veux plus me souvenir... Je veux un câlin... J'en ai besoin... Ghislain !!! Je lui envois un sms et à peine quelques minutes plus tard, il arrive, docile, prêt à me soulager de cette tension trop forte... Lui, j'aime ce qu'il me fait... oui viens, plus vite, plus fort... Je l'aime tellement !

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant