Chapitre 10.3

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Une fois dans mon lit, le sms de Alice ne s'est pas fait attendre :

"Rien à déclarer ! Bonne nuit !"

Allons bon, je n'aurais pas cru qu'elle serait si brève dans ses explications. Comment peut-elle être si certaine que personne ne soit rentré dans sa chambre ? Aurait-elle installé une micro caméra ? Avait-elle piégé sa tanière de sorcière ?

Et Bellatrix... où est-elle à cette heure-ci ? Pourquoi n'a-t-elle pas cherché à me recontacter ? Si elle avait vraiment disparu de son plein gré, je suis certain qu'elle aurait essayé de me recontacter. Mais là, rien !

Etrangement, ce soir, je n'ai absolument pas sommeil ! Serait-ce justement parce que je n'ai pas eu ma dose de somnifère ou autre plante, que je suis si en forme, si énervé ? A moins que ce ne soit parce qu'à l'issu de cette soirée, j'aurais aimé qu'entre Ronald et moi cela ne s'achève pas de la sorte ? Durant tout le repas, il s'est montré si craquant... En temps ordinaire, je lui aurais proposé de boire un dernier verre en ma compagnie et s'il avait accepté, alors j'aurais su que malgré ma corpulence, je lui plaisais.

Or, en ces temps étranges, comment savoir si nos sentiments étaient véritablement réciproques ou si simplement, il voulait m'avoir dans sa poche pour la suite de tout ça. D'ailleurs, qu'en est-il réellement de ce plan diabolique, si j'en crois ce qu'Alice pense ?

Quel intérêt y a-t-il dans tout cela ? Et qui est vraiment mêlé à la disparition de Bellatrix ? Car peut-être que sans le vouloir, les deux affaires n'ont aucun rapport entre elles. D'un côté, Bérangère qui regrette sa tranquillité et aurait demandé à son petit cousin de nous effrayer pour nous faire décamper. Et de l'autre, le violeur de ma sœur de cœur, qui s'est senti en danger et a décidé de l'enlever...

Un truc me dérange tout de même dans tout ça : s'il avait dû la faire enlever, pourquoi ne pas l'avoir tuée tout de suite après son agression ? Si elle ne voulait plus de nous ici, pourquoi ne pas nous l'avoir simplement expliqué ? On aurait pu comprendre.

Un coup d'œil à mon réveil m'indique qu'il est 2h30. Et si le silence est roi, je ne peux m'empêcher d'avoir peur. Un esprit peut tout à fait veiller à ce que tout le monde s'endorme paisiblement pour y faire ses affaires de son côté. Du coup, je ne sais toujours pas, si Alice a pu faire ses recherches généalogiques dont elle m'avait parlé, et si oui, ce que cela aura donné. Que fait-elle ? Dort-elle comme un bébé ou continue-t-elle son enquête en solo ?

Ça suffit ! Dans le doute, je décide de me rendre directement dans sa chambre afin de voir ce qu'elle fait. Ni une, ni deux, je me rhabille au plus vite et monte doucement les escaliers. Arrivé devant sa porte, je toque discrètement et patiente un peu. Mais il n'y a rien. Merde !

Bientôt, des bruits de pas se font entendre. Merde... serait-ce mon fantôme ou un habitant de cette fichue demeure ? Aux aguets, je redescends quelques marches afin de pouvoir me pencher et observer, dans l'ombre, si je vois quelque chose.

Effectivement, il s'agit de Bérangère qui rentre de je ne sais où. Mais le plus étrange, c'est que non seulement elle marche d'un bon pas, malgré le fait qu'elle ne se soit éclairée qu'avec une lampe torche, mais surtout, elle n'est pas tassée et recroquevillée comme à son habitude. Mieux, on dirait qu'elle est redevenue jeune ! Bon cette fois-ci, je n'y comprends plus rien du tout. Mais pas de doute, je reconnais les fringues qu'elle portait lorsque nous sommes partis avec Ronald et elle vient de rentrer dans sa chambre. Par contre, rien dans sa démarche ne laissait penser qu'il s'agissait de la même personne.

Je retente ma chance en grattant à la porte d'Alice et cette fois-ci, elle m'ouvre bien. Je suis surpris de constater qu'elle est toujours habillée et n'a pas semblé avoir chômé. Rapidement, elle me laisse entrer et nous nous asseyons dans son mini coin salon, comme elle l'appelle.

- Qu'est-ce que tu fous là, toi ?

- Je ne parvenais pas à dormir et je cogitais. Puis j'ai eu envie de venir voir si toi aussi tu étais réveillée. Mais tu n'as pas ouvert la première fois et je viens de voir quelqu'un entrer dans la chambre de Bérangère, avec les tenues de cette dernière mais ce n'était pas elle !

- Effectivement, j'étais à ma fenêtre en train de l'espionner, c'est sans doute pour ça que je ne t'ai pas entendu. Je donnerais ma main à couper qu'il s'agissait de la quadragénaire, qui arrivait, habillée dans des tenues de la vieille. Mais comme avec l'obscurité, je n'ai pas pu voir son visage, je ne peux pas en être sûre.

- Tout ça est de plus en plus étrange ! Je n'y comprends plus rien du tout !

- Une chose de sûr, c'est qu'en notre absence, Bérangère n'est pas venue farfouiller dans ma chambre.

- Comment le sais-tu ?

- Tout bonnement parce que j'avais saupoudré de farine, tout le derrière de ma porte sur une distance d'environ trois mètres. Et hormis la marque de celle-ci, s'ouvrant ou se refermant et quelques empreintes de chat, je peux t'assurer que lorsque je suis rentrée, personne avant moi n'y étais venu. Par contre, cela m'a pris un peu de temps, ensuite, pour tout nettoyer.

- Ah oui je me doute.

- Ensuite, j'ai fait le dépouillement de ma séance de kybomancie.

- Oulala, tu peux développer là, parce que tu m'as perdu en route.

- C'est simple, mon ami. La Kybomancie, c'est voir l'avenir avec les dés à jouer que j'avais tout à l'heure.

- Tu m'en diras tant ! Donc ce n'était pas juste que de la provocation ? Tu avais vraiment quelque chose en tête.

- Bien sûr ! Si je joue autant à la sorcière en ce moment, c'est pour que mes ennemies me croient un peu folledingue. Une mythomane qui se croit douée de pouvoirs surnaturels et n'est bonne qu'à enfermer n'effraie pas vraiment car même si elle vient à découvrir quelque chose, il sera super facile de la faire interner.

- Mouai ton raisonnement se tient !

- A l'inverse, j'avais besoin de ne me trouver qu'à une distance d'un ou deux mètres d'eux afin d'interroger les esprits sur leur compte.

- Et alors ?

- J'avais raison, ces gens-là sont mouillés dans une affaire pas catholique du tout !

Elle me tend alors, un papier sur lequel elle a effectué la traduction des formules de dés qui sont sortis. A la question : "Peut-on leur faire confiance ?" Elle a écrit : "double 6 : Ne vous laissez pas déborder par les émotions et ne vous laissez pas influencer par autrui. Soyez à l'écoute de votre intuition et agissez en conséquence."

- Ouai, bon ben là, rien d'impressionnant !

- Va plus bas !

- Ah ouai quand même ! Si tu as vraiment un don, on devrait partir dés demain matin et ne plus y revenir.

- Et Bellatrix ?

- On va voir les flics !

- Vous n'irez voir personne !

Nous sursautons tous les deux lorsque nous entendons cette voix menaçante et lorsque je me retourne, c'est pour découvrir qu'à l'entrée de la chambre, se trouve une femme, probablement la quadragénaire. Elle se tient en effet devant nous avec un flingue à la main !

La musique maléfique...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant